La dramaturgie médiatique de la détresse professionnelle donne à cette affection une dimension sociale éminente puisqu'il semble que la souffrance mentale au travail soit devenue synonyme de problème récurrent dans les relations professionnelles contemporaines.
Le travail n'est autre que l'activité déployée par les hommes et les femmes pour faire face à ce qui n'est pas déjà donné par l'organisation prescrite du travail . Le salarié travaille pour une organisation qui le rétribue financièrement mais il fait souvent l'office de victime sacrificielle car l'aléa économique et la concurrence mondiale éclipsent généralement le capital humain. Le marché du travail peut être dépeint comme un champ de bataille où combattent les entreprises dans l'espoir que le camp adverse s'essoufflera le premier. Le nerf de la guerre n'est autre que la quête de compétitivité et de performance. Les salariés revêtent alors le costume de fantassins qui exécutent les ordres et subissent la pression de leurs supérieurs. La gestion et le contrôle des « troupes » doivent faire l'objet d'une analyse attentive en ce qu'elle est déterminante dans l'adoption d'une stratégie défensive. La gestion se définit comme un ensemble de techniques destinées à rechercher « l'organisation de la meilleure utilisation des ressources financières, matérielles et humaines » pour assurer la pérennité de l'entreprise. En outre, il s'agit de l'ensemble des pratiques managériales mises en place par la direction d'une entreprise ou d'une organisation pour atteindre les objectifs qu'elle s'est fixée. A titre d'illustration, ces pratiques managériales ont un effet sur les conditions de travail, sur la nature des rapports hiérarchiques, sur le système d'évaluation et de contrôle des résultats ainsi que sur les politiques de gestion du personnel.
L'organisation du travail place la productivité et le rendement au cœur de ses préoccupations ce qui se répercute sur la collectivité salariale. En effet, on peut déceler un lien de causalité entre l'idéologie gestionnaire contemporaine et la souffrance au travail comme le démontre la psychodynamique du travail. Cette dernière étudie la souffrance psychique résultant de la confrontation de l'homme à l'organisation du travail qui ordonnance, surveille et contrôle les activités. Le mal-être ou le « mal-vivre ensemble » est un état émotionnel en lien avec le contexte organisationnel et relationnel. Une inquiétude des salariés sur leur avenir, des modes dégradés de relations de travail, une perte de repères des salariés sur la place qu'ils occupent dans l'organisation, une difficulté à faire face à des situations d'instabilité sont autant de causes qui ternissent le bien-être de la masse salariale.
[...] Ces dernières années, les relations humaines se déroulent sous le signe de la tension et de l'agressivité. Il est à déplorer que la société contemporaine, affectée par une insécurité et une instabilité grandissantes des emplois, apparaisse comme un terrain de jeu propice à la violence. La captation de l'individu, réduit à un statut d'objet manipulable, débouche sur toutes les formes de maltraitance possible[39]. La violence peut revêtir différents visages mais ce qui caractérise principalement le monde du travail est sans nul doute les agressions verbales. [...]
[...] L'irruption des comportements déloyaux : vers la déstructuration du vivre-ensemble ? La décrépitude de l'esprit collectif comme conséquence inhérente aux aspirations gestionnaires II/ Les aspects délétères de la pression : une instrumentalisation stigmatisante nocive à l'état psychique de la sphère salariale La figure prédatrice du management contemporain à travers le spectre du harcèlement moral et la prolifération de la violence La prolifération de la violence au cœur des relations humaines et professionnelles Le harcèlement moral comme manifestation perverse de la domination La placardisation : vers une néantisation sociale des salariés marginaux ? [...]
[...] En 2003, une étude relève que deux Français sur trois travailleraient sans plaisir[89]. Ce constat sociologique dévoile un réel malaise de la société. Le rapport au travail est capital car c'est un moteur puissant de construction de la santé mentale et d'épanouissement. L'organisation du travail a modifié le rapport des personnes au travail et il semble que l'amour du travail ne soit plus ce qui fait travailler les salariés car comme le souligne Jean-Pierre Levaray la notion d'amour du travail est devenu obsolète Selon une expression caricaturale connue celui qui n'aime pas son travail, il n'aime pas sa vie. [...]
[...] En effet, le client est un consommateur de biens et de service mais il est également un salarié en ce qu'il exerce une activité professionnelle. Le statut salarié du client devrait canaliser ses envies car il connaît, lui aussi, la difficulté de travailler dans l'urgence mais il semble que ce ne soit pas le cas. L'urgence est, en partie, due au développement des réseaux de communication qui permettent de joindre le salarié à tout moment comme internet (e-mail) ou le téléphone portable. [...]
[...] Les entreprises, en cherchant à s'adapter à la concurrence par la recherche de gains de productivité avec le fonctionnement en flux tendus, reportent sur les salariés tout le poids de l'incertitude marchande qui se manifeste par les changements de rythme dans la production. L'inconvénient indéniable de cette gestion basée sur les chiffres et la réactivité à court terme tend à privilégier la fluidité de l'emploi. La flexibilisation nocive mettant à l'épreuve l'adaptabilité : vers la polyvalence et nomadisme professionnel ? La course effrénée à la performance participe à la précarité des emplois. [...]
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