Les manifestions étudiantes qui émaillèrent la France en début d'année dernière sont un exemple de plus du malaise qui sévit actuellement sur le marché de l'emploi de l'hexagone. Ces revendications faisaient suite à l'annonce du Premier ministre Dominique de Villepin d'introduire son projet de CPE (pour Contrat Première Embauche) destiné à lutter contre le chômage qui touche les jeunes de moins de 26 ans. La lecture de ce texte suscita une vive opposition des étudiants, suivis par les syndicats et les partis de gauche, qui dénoncèrent cette nouvelle mesure destinée à faciliter les procédures de licenciement et à renforcer la précarité de l'emploi des jeunes. Même parmi le patronat et les libéraux, le CPE ne fût pas toujours bien reçu. Le débat est sensible car il concerne une classe de la population très réactive – les jeunes – sur un sujet qui oppose les partis de gauche et de droite. Aux accusations socialistes, Villepin répondit par la nécessité de fluidité que requiert le marché de l'emploi français et qu'il acte de ce fait dans le sens des autres gouvernements européens, conformément aux consignes de l'Union Européenne.
L'Europe a connu ces dernières années des périodes de croissance économique et son économie montre des signes positifs pour les prochaines années. Malheureusement, ce dynamisme économique n'a qu'un impact limité sur l'emploi et les chiffres du chômage en Europe sont supérieurs à ceux des autres économies majeures que sont le Japon et les Etats-Unis, qui connaissent pourtant des croissances moindres. La raison invoquée par les économistes, parmi lesquels l'américain Martin Felstein, est que l'Europe souffre d'une part du manque de mobilité de ses travailleurs lié aux traditions culturelles tenaces, ainsi qu'à la rigidité de ses politiques de l'emploi. Cette critique semble remettre en cause le modèle social européen et appelle à la réforme des économies sclérosées par le poids de leurs législations. Le gouvernement Villepin a bien compris le message lancé par l'Europe dans le cadre de la « stratégie de Lisbonne » : il faut adapter les marchés européens aux nouvelles réalités du monde afin d'en faire l'économie la plus compétitive d'ici à 2010. La réalisation de cet objectif passe par des réformes sur le marché de l'emploi.
Devant l'évidence d'une telle nécessité, comment expliquer que le CPE ait déclenché de tels mouvements de contestation ? Le CPE répond-il aux attentes de flexibilité de la nouvelle économie mondialisée ? Fera-t-il réellement baisser le chômage des jeunes ? Pour répondre à cette question, il faut passer outre les intentions des négociateurs du CPE et s'interroger sur la réelle opportunité offerte par ces réformes. C'est dans ce travail que se sont lancés Cahuc et Carcillo dans leur article intitulé « Que peut-on attendre des Contrats Nouvelle et Première Embauche ? ». Il s'agit d'une simulation de l'instauration des contrats CPE/CNE sur le marché français de l'emploi, qui constituera la trame de notre travail. La première partie de celui-ci fournira les outils nécessaires à une meilleure compréhension du fonctionnement du marché du travail. La seconde partie traitera de la protection de l'emploi en se penchant sur le cas français. On analysera les types de contrats mis en place et leur impact sur les variables pertinentes. Enfin, nous tenterons de reprendre les solutions avancées par d'autres auteurs afin d'améliorer la législation en matière de protection de l'emploi.
[...] CAHUC P., A. ZYLBERBERG A. (2004), Le chômage, fatalité ou nécessité ? Paris : Flammarion. Articles scientifiques BLANCHARD O. et LANDRIER A. (2002), The perverse effect of partial labor market reform: fixed duration contracts in France Economic Journal, vol 112, PP. F214-244 BLANCHARD O., et TIROLE J., (2004), Optimal Design of Unemployment Insurance and Employment Protection: A First Document de travail MIT, 04-15. BLANCHARD, O., Emploi : la solution passe par le CUP (contrat unique progressif) Telos, Agence intellectuelle, Janvier 2006. [...]
[...] LAROQUE, G., SALANIE, B., (2000), Une décomposition du non-emploi en France Economie et Statistiques, n°331. MANGNIER, A., Le Contrat Nouvelle Embauche Premières informations et première synthèse, juin 2006, n°25-4. PARMENTIER A. (2006), Faiblesses et voies de réforme de la protection de l'emploi en France Regards économiques, n°47. Articles de presse BRUN T., Contrat première embauche : les objectifs cachés du plan Villepin Politis, n°887, Février 2006. CAHUC P., Pour une meilleure protection de l'emploi Le Monde CAHUC P., ZYLBERBERG A., Protéger l'emploi autrement Le Monde, Octobre 2003. [...]
[...] L'assurance chômage et la protection de l'emploi paraissent, en effet, insuffisantes pour accompagner une économie en constante mutation qui demande une adaptation sans cesse renouvelée de la qualité de la main d'œuvre. Différents auteurs proposent des voies de développement de nouvelles politiques pour l'emploi. Le Contrat Unique à droits Progressifs (CUP) Le principe général régissant le CUP consiste à renverser la logique actuelle en protégeant moins les emplois et d'avantage les personnes. Le CUP est un CDI qui se substitue à l'ensemble des contrats en vigueur afin d'éviter les discontinuités présentes issues du passage d'un CDD à un CDI. [...]
[...] Mais ces réformes de grande envergure vont requérir que les hommes politiques prennent leurs responsabilités et aillent à l'encontre des privilèges accordés par les gouvernements précédents. La politique de l'emploi s'annonce plus que jamais comme un des enjeux majeurs de la prochaine élection présidentielle. Bibliographie Documents officiels OCDE (2004), Perspectives pour l'emploi OCDE (2005), Perspectives de l'emploi, Quelle est la position de la France ? Monographies BOYER R., (2006), La flexisécurité danoise, quels enseignements pour la France ? Presse de l'école normale supérieure, Paris : Editions Rue d'Ulm. [...]
[...] Premièrement, il incite les entreprises à mieux tenir compte de la valeur sociale des emplois. Deuxièmement, il assure à de nombreux salariés une meilleure sécurité d'emploi. Enfin, il permet aux chefs d'entreprise de fonder leur gestion sur des règles transparentes qui ne sont plus soumises à l'arbitraire des appréciations des juges. Il favorise, à ce titre, l'efficacité des mouvements d'emplois et la croissance. Il serait également prévu que les firmes qui ne le souhaitent pas puissent ne plus être obligées d'organiser le reclassement des personnes licenciées. [...]
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