Par une loi du 31 décembre 1992 le législateur a encadré les pouvoirs patronaux, avec notamment l'article L.1121-1 visant l'ensemble des acteurs de l'entreprise selon lequel « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tache à accomplir ni proportionnées au but recherché. »
Cet article pose une certaine limite aux pouvoirs de l'employeur, celui-ci doit respecter les droits fondamentaux des salariés et plus spécialement leur vie privée. La vie privée est une notion impliquant celle du « respect à la vie privée ». Elle suppose des droits accordés aux individus, qui sont exprimés en droit communautaire, par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales en son article 8 sur le « droit au respect de sa vie privée et familiale », et en droit interne par le Code civil en son article 9 qui prévoit que « Chacun a droit au respect de sa vie privée ». Le concept de vie privée a parfois été utilisé dans des hypothèses où le salarié n'agissait pas dans le domaine de son intimité, mais au contraire publiquement. Pour mettre un terme à cette utilisation trop extensive de la notion de vie privée, la Cour de cassation va recourir à partir de 1987 au concept de vie personnelle. Celui-ci permet de protéger complètement l'autonomie du salarié : il comprend non seulement la vie privée mais aussi la vie publique.
Tout le problème est de trouver un juste équilibre entre l'intérêt de l'entreprise et la vie privée du salarié. En effet bien que la vie personnelle du salarié s'exerce principalement en dehors du lieu et temps de travail, elle existe aussi inévitablement dans la sphère professionnelle. Il s'agit alors de savoir dans quelles mesures la vie personnelle du salarié peut être prise en compte dans l'exercice des prérogatives de l'employeur. Au-delà de la question du champ d'application du pouvoir patronal, il s'agit de se demander si le salarié doit « laisser sa vie personnelle aux portes de l'entreprise » ou s'il peut la faire entrer dans sa vie professionnelle en toute liberté . Existe-t-il une place pour la vie personnelle des salariés au travail ? Par ailleurs l'employeur peut-il s'immiscer dans la vie privée du salarié ? Quelles sont les limites aux pouvoirs de l'employeur ? Comment concilier intérêt de l'entreprise et intérêt du salarié et comment résoudre les inévitables empiétements de l'une sur l'autre ?
[...] Le juge judiciaire n'a pas à se substituer à l'employeur sur les choix de gestion. Il n'appartient pas non plus à l'inspecteur du travail saisi de licenciement d'un délégué de se substituer au chef d'entreprise pour apprécier les choix de gestion, délocalisation ou autre. Le chef d'entreprise dispose également d'un pouvoir de direction. Le contrat de travail est un contrat qui permet à l'employeur de donner des ordres, d'en contrôler l'exécution et d'en sanctionner les manquements. Il entre dans les pouvoirs normaux du chef d'entreprise de fixer des objectifs, de fixer des primes et d'affecter un salarié à un autre poste de rendre mobile géographiquement d'autres collaborateurs ou de promouvoir quelqu'un. [...]
[...] Les pouvoirs de l'employeur face à la vie privée du salarié Selon Jean Rivero, la protection des libertés du salarié, spécialement dans sa vie professionnelle, est un impératif En effet en signant son contrat, le salarié accepte d'être, pendant le temps de travail, subordonné à l'employeur. Lorsque la relation de travail est établie, son déroulement fait intervenir des décisions et des pouvoirs du chef d'entreprise. Notre ordre juridique habilité l'employeur à prendre des décisions affectant le salarié, ce dernier doit s'y soumettre sauf s'il conteste un motif de légalité. [...]
[...] Par conséquent dans leur vie personnelle, des salariés peuvent se trouver tenus par des obligations issues de leur contrat de travail. La sanction qui s'applique est par nature disciplinaire, c'est donc le pouvoir disciplinaire qui viendra le plus souvent porter une atteinte à la vie privée du salarié lorsque son comportement est susceptible de causer un trouble dans la vie de l'entreprise. De plus, l'employeur, dans l'élaboration de règlement intérieur, peut faire figurer les obligations qui contribuent au bon fonctionnement de l'entreprise au titre de son pouvoir réglementaire. [...]
[...] Aujourd'hui, l'existence d'une vie privée en dehors du temps de travail est indiscutable. Depuis le célèbre arrêt NIKON rendu le 2 octobre 2001 par la Chambre sociale de la Cour de cassation, la Haute juridiction a eu l'occasion non seulement de confirmer le droit du salarié au respect de l'intimité de sa vie privée même au temps et au lieu de travail, mais également de le délimiter en précisant son exacte étendue, l'étendue des pouvoirs de l'employeur. Le principe applicable à ces outils informatiques a été dégagé par l'arrêt Nikon suscité. [...]
[...] Il convient par conséquent d'analyser tout d'abord les pouvoirs de l'employeur offrant une possibilité d'immixtion dans la vie personnelle du salarié pour ensuite s'intéresser aux limites des pouvoirs de l'employeur par le nécessaire respect de la vie privée du salarié (II). Les pouvoirs de l'employeur offrant une possibilité d'immixtion dans la vie personnelle du salarié On verra tout d'abord que le contrat de travail par essence donne une légitimité à l'employeur pour exercer ses pouvoirs. Il en résulte que les obligations découlant de celui-ci doivent être respectées par le salarié même parfois dans un domaine relevant de sa vie privée Puis, on tentera d'expliquer les limites par le pouvoir de direction de l'employeur à l'utilisation de l'ordinateur sur le lieu de travail, à des fins personnelles par le salarié La vie privée du salarié et les obligations professionnelles découlant de son contrat de travail Tout d'abord, lorsque le chef d'entreprise fait usage de ses pouvoirs relatifs à sa fonction, il puise sa légitimité du contrat de travail. [...]
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