La sécurité sociale tend à satisfaire un besoin de sécurité matérielle des individus contre un certain nombre de risques. Ce besoin s'explique par le fait que depuis toujours les Hommes sont confrontés à des risques dus à l'existence (maladie, maternité, vieillesse), à la vie en collectivité (dommages causés par d'autres individus), à la nature, à l'économie et au travail. Des techniques ont vu le jour en France comme dans chaque pays pour tenter de pallier à ces risques qui avaient nécessairement pour conséquence une baisse des revenus ou une augmentation des charges. Ces techniques, telles que l'assistance, la prévoyance et la responsabilité sont apparues insuffisantes à couvrir l'intégralité des risques et de manière satisfaisante.
Mais il faut attendre la Seconde Guerre mondiale pour que le besoin de sécurité sociale se fasse réellement ressentir et notamment sous l'influence et l'impulsion d'autres États européens tels que l'Allemagne et l'Angleterre. En effet, dans ces États se développait une protection sociale basée sur des conceptions différentes pour ne pas dire opposées de ce que doit être la sécurité sociale. Il est indéniable que ces deux visions ont inspiré les fondateurs de la sécurité sociale en France.
Avec le recul qu'il est possible d'avoir plus de soixante ans après la création de la sécurité sociale, il apparaît que la plus grande faiblesse du plan français élaboré dès 1945 est de n'avoir pas su s'imposer comme LE plan unique de sécurité sociale. Dès lors, il était inévitable de s'engager dans une logique de scissiparité des régimes et d'individualisation des prestations. Le régime est à l'heure actuelle trop complexe pour être appréhendé par les assurés comme un système particulièrement protecteur. Malgré la grande diversité des prestations, certains restent en dehors du champ de protection. Certaines prestations apparaissent aussi comme insuffisantes à couvrir correctement les risques qui doivent être affrontés. Pour comprendre les enjeux auxquels est confrontée la sécurité sociale aujourd'hui, il faut remonter à sa création et s'interroger sur les ambitions et les faiblesses du plan français élaboré en 1945.
[...] Ce système est apparu comme révolutionnaire, l'Allemagne étant un des premiers pays européens à mettre en place une protection sociale. Ceci étant, la protection n'est pas généralisée, elle encourage donc le recours à des systèmes parallèles voire complémentaires en cas d'insuffisance. L'Angleterre a à son tour mis en avant un modèle quelque peu différent de celui de Bismarck. En 1942, Beveridge publie un rapport dans lequel il préconise une protection sociale qui aurait pour but d'assurer à tous un minimum gratuit. [...]
[...] Les prestations fournies ont pu être réparties sur moins de temps, et donc être plus élevées. Aujourd'hui, avec le même nombre d'années d'activité, un retraité va vivre beaucoup plus longtemps. Il est donc indispensable de réformer le système des retraites en réadaptant les cotisations et les prestations au nombre d'années de travail et de retraite. Pourtant, chaque tentative d'allongement de la durée du travail est vivement critiquée. Enfin, comme il a déjà été vu, il est aujourd'hui demandé beaucoup plus à la sécurité sociale. [...]
[...] C'est face à ses deux modèles que la France tente de construire le sien. Les objectifs des fondateurs sont triples : aider les familles, améliorer la santé publique et organiser l'emploi. En effet, la France est restée pendant très longtemps un pays agricole, donc rural, dans lequel la solidarité familiale s'exerçait de manière considérable et efficace. Cependant, la Seconde Guerre mondiale a réduit presque à néant les possibilités de solidarité individuelle ou familiale tant la population est appauvrie, même dans les campagnes. [...]
[...] Il a donc fallu mettre en place d'autres caisses, autonomes, afin de couvrir toute la population active. D'autre part, et contrairement au modèle bismarckien, les fondateurs de la sécurité sociale française ont souhaité que tous les Français soient couverts. Sont apparues des prestations non contributives pour ceux qui ne pouvaient pas contribuer, des cotisations plafonnées afin de réduire les inégalités. Le système de la sécurité sociale distingue donc des prestations contributives, non contributives dues à un simple état de fait (allocations) ou dues à un manque de ressources (CMU) et des prestations balai dont le seul but est d'assurer à ceux qui ne peuvent contribuer à aucune caisse un filet minimum de protection. [...]
[...] Cette conception de la sécurité a pour conséquence de permettre une meilleure indemnisation des bénéficiaires, dans le sens où chacun perçoit proportionnellement à ses revenus, et donc, puisque les cotisations sont assises sur le revenu, proportionnellement à sa contribution. Le plan français est donc davantage axé sur la technique de l'assurance que sur celui de solidarité, bien que les deux notions ne soient pas incompatibles. Cependant, l'avantage de la solidarité est qu'elle réduit les différences sociales. Si tous les hommes ne sont pas forcément égaux dans leurs ressources, le plan français organise leur inégalité dans les prestations. [...]
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