Lors de son discours du Bourget, pendant la campagne présidentielle de 2012, le candidat François Hollande énonçait vouloir la « réconciliation des âges, la solidarité entre les générations et qu'aucun enfant de la nation ne soit laissé de côté ».
Conscient de la problématique des « âges », c'est-à-dire des particularismes générationnels, il montrait ainsi que l'adaptation de la protection sociale, que Pierre Laroque définissait comme « la garantie donnée à chacun qu'il disposera en toutes circonstances d'un revenu suffisant pour assurer à lui-même et à sa famille une existence décente, ou à tout le moins un minimum vital », est un enjeu immédiat.
En effet, dans un contexte démographique difficile conjuguant un taux de natalité fluctuant (11.9 naissances pour 1000 habitants en février 2013, taux historiquement bas selon l'INSEE), avec un vieillissement inéluctable de la population, la protection sociale peine être pleinement efficace. Ce constat se trouve renforcé par la nouvelle répartition des richesses mondiales et la crise économique pesant financièrement tant sur les opérateurs économiques et étatiques que sur les particuliers (la Suède n'ayant pas hésité à augmenter la fiscalité sur les pensions de retraite en 2012).
[...] Par ailleurs, cette logique se retrouve en matière d'emploi, puisque le statut d'étudiant prive de facto un demandeur d'emploi de son droit à indemnités. Dès lors, le statut d'étudiant salarié est entouré d'une précarité telle qu'il ne peut que surprendre. D'autant plus qu'aucune distinction n'est opérée entre les étudiants qu'ils soient en premier cycle ou doctorants. En outre, la Cour des comptes dénonce dans son rapport précité une dualité du marché de l'emploi en ce que les moyens mis à la disposition des demandeurs d'emploi sont insuffisamment ciblée et ne bénéficie que rarement aux publics précaires, notamment aux jeunes en matière de formation professionnelle. [...]
[...] En outre, le lien entre travail et protection sociale est très fort, au point que MONTESQUIEU considérait déjà dans l'Esprit des lois qu' un homme n'est pas pauvre parce qu'il n'a rien, mais parce qu'il ne travaille pas C'est donc très logiquement que les politiques ciblées font la part belle au secteur de l'emploi. Ainsi, plusieurs dispositifs sont venus au secours des seniors. Il s'agit de la politique de préretraites soutenues par l'Etat, initiées dans les années 1970 avec les préretraites licenciement, mais aussi les conventions de retraite CATS (cessation d'activité des salariés âgés) de 2000 et de façon plus marginale la cessation anticipée d'activité pour les salariés exposés à l'amiante. [...]
[...] En ce sens, les réformes de 2003 et 2010 ont augmenté l'âge de départ à retraite pour le ramener dans la moyenne des pays occidentaux (65 ans en France en 2010 alors qu'Allemagne passera progressivement à 67 d'ici à 2029). Ces politiques, si elles témoignent d'un durcissement du système de protection sociale, n'en sont pas moins légitimes puisque la faillite du système aurait été bien plus dommageable en termes d'équité intergénérationnelle. L'équité entre les générations ne semble donc pas pouvoir être remise en cause en tant que notion fondatrice de la protection sociale. [...]
[...] Dès lors, il est impératif de repenser le financement de la protection sociale de même que sa logique redistributive A. Une inadéquation manifeste du financement par cotisation de la protection sociale dans une évolution universaliste empreinte de solidarité Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales et de la Santé, déclarait en août 2012 que nous ne pourrons éviter de faire évoluer le financement de notre protection sociale, qui repose principalement sur le travail En effet, le mode de financement de la protection sociale en France est, contrairement à d'autres pays plus marqués par la logique beveridgienne comme le Royaume-Uni, fondé sur un le principe assurantiel. [...]
[...] Le délitement de l'égalité causerait donc la ruine de la solidarité. Or, l'absence de solidarité ferait peser des risques importants sur les individus alors que la situation de précarité est fortement liée à l'âge. Rappelons qu'en matière de santé des couts occasionnés par un individu ont lieu sur les deux dernières années de sa vie et qu'en matière d'emploi, les jeunes connaissent un taux de chômage important de alors que les séniors sont les premières victimes du chômage de longue durée (404 jours en moyenne pour les plus de 50 ans contre une moyenne, tous âges confondus, de 249 jours). [...]
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