Contrat de travail, Code du Travail, résiliation d'un contrat, rupture de contrat, pouvoir de direction, relation de travail, consentement, modification unilatérale du contrat
En l'espèce, il est question ici d'un contentieux liant un employeur et son salarié suite à une modification du contrat de travail. Un salarié, ayant le statut cadre et embauché en juillet 1994, voit son contrat transféré et devient chargé de clientèle pour « les professions du chiffre » via un avenant du 19 juillet 2001. Par une décision intervenue courant juillet-août 2006, deux clients d'une société de la société en question résilient unilatéralement le contrat les liant à cette dernière et il est précisé expressément que cette rupture, pour ne pas être trop brutale, interviendra à compter du mois de janvier 2008. Alors, le salarié, considérant que ses fonctions s'étaient appauvries du fait de cette résiliation et de ses effets prochains, prend acte de la rupture de son contrat de travail le 10 novembre 2007.
[...] Du fait des réductions affectant le chiffre d'affaires, les juges ont considéré que l'emploi a été altéré dans sa nature, et la détérioration est trop conséquente pour justifier une modification prise de façon unilatérale. L'imputabilité de la prise d'acte à l'encontre de l'employeur Plus encore, l'autre intérêt de l'arrêt réside dans l'impossibilité de la part de l'employeur d'imputer cette transformation imposée du contrat de travail à un tiers et dans le cas d'espèce de l'imputer aux différents clients ayant résilié leur contrat d'assurance. [...]
[...] Cour de cassation, chambre sociale janvier 2014, n°12-19.479 - Une perte de chiffre d'affaires due à la perte d'un client peut-elle constituer un manquement de l'employeur faisant produire tous ses effets à une prise d'acte de la part du salarié ? Loin de l'image figée que peut représenter le contrat de travail en ce qu'il tend à prévoir contractuellement les différentes obligations incombant aux parties, ce dernier présente un véritable caractère successif. Ainsi, il est nécessaire, pour ne pas dire primordial pour l'entreprise de prévoir une adaptation à son environnement. [...]
[...] Ici, on se doute bien que la qualification ne diffère guère tant le domaine est le même, mais c'est sur cette optique de perte de responsabilité que l'on pourrait se référer pour la justifier. De sorte que cet appauvrissement voire la suppression des différentes fonctions d'encadrement que pouvait avoir le salarié a permis d'établir dans le cas d'espèce cette réelle perte de responsabilité et d'autonomie. Du fait de l'absence de consentement du salarié, la prise d'acte est alors reconnue comme légitime. [...]
[...] Et surtout, qui dit réorganisation ne dit pas forcément changement, alors ils auraient pu être imposés au salarié des changements dans le mode de fonctionnement de son travail ; un refus de sa part aurait pu justifier un licenciement, ce qui n'a pas été le cas dans l'affaire traitée. Le nécessaire et préalable consentement du salarié à toute éventuelle modification Il convient préalablement de distinguer ce qu'est une modification du contrat de travail et ce qui peut le justifier. À ce titre, plusieurs arrêts ont retenu la diminution des responsabilités du salarié comme constituant une modification du contrat de travail. [...]
[...] Plus encore, et c'est là tout l'intérêt de l'arrêt, il soutient que seul un manquement imputable à l'employeur peut justifier une prise d'acte. Or, tel ne serait pas le cas puisque la rupture des contrats litigieux ayant entraîné cette modification est la conséquence d'une décision totalement extérieure à son bien vouloir. Il convient alors à se demander si une perte de chiffre d'affaires due à la perte d'un client peut constituer un manquement de l'employeur faisant produire tous ses effets à une prise d'acte de la part du salarié. [...]
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