Cette question est intéressante du point de vue de la justice contractuelle et de la sécurité contractuelle. Une réponse positive à la révision pour imprévision favorisera la justice contractuelle alors qu'une réponse négative ira dans le sens d'un souci de sécurité contractuelle. De plus, ce problème est capital d'un point de vue économique, en effet ce sont essentiellement les circonstances économiques qui vont bouleverser l'exécution du contrat.
Si le principe de force obligatoire des contrats s'impose au juge, un requérant peut-il obtenir la révision du contrat lorsqu'un changement de circonstances bouleverse l'équilibre des prestations voulu initialement par les parties cocontractantes ?
[...] La révision pour imprévision L'article 1134 du Code civil dispose que : Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel, ou pour les causes que la loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi Cet article est un écho aux principes déduits de la théorie de l'autonomie de la volonté et plus particulièrement à celui de la force obligatoire du contrat à l'égard des parties et du juge. [...]
[...] Le pouvoir du juge est ici élargi. De plus, cette solution a été étendue à propos des honoraires de mandataires (Cass. Civ mai 1998) et certains prestataires de services. Dans une autre décision, la Cour de cassation a suggéré que l'obligation de loyauté et d'exécution de bonne foi entraînait un devoir de renégocier une convention déséquilibrée par une modification imprévue des circonstances économiques (Civ. 1ère mars 2004). Ainsi, si le refus de modifier un contrat est un droit et n'est en principe pas fautif, l'abus de ce droit, lui, peut être sanctionné. [...]
[...] Enfin, dans un arrêt de la chambre commerciale du 3 novembre 1992, Huard, le principe du refus de la révision pour imprévision a été quelque peu ébréché. En l'espèce, un contrat à exécution successive avait été conclu entre une société pétrolière et un fournisseur d'essence. En cours d'exécution du contrat, une modification des circonstances économiques accompagnée d'une diminution du coût mondial du pétrole est intervenue. Cette modification peut donc être considérée comme une imprévision. Le fournisseur ne pouvant s'aligner sur les prix de ses concurrents, demande la révision du contrat. [...]
[...] Le Conseil d'Etat oblige donc la ville à réviser le contrat pour imprévision. Cette solution a ensuite été confirmée par le Conseil d'Etat. On note donc une inégalité de traitement des cocontractants selon que le contrat relève de la juridiction judiciaire ou administrative. En effet, le contractant de droit privé, dont l'obligation devient onéreuse, en supporte seul le poids. Alors que, par le jeu de l'indemnité pour charges extracontractuelles le concessionnaire de service public en est, pour une grande part, libéré. [...]
[...] Enfin, la référence à l'équité (article 1135 du Code civil) ou encore à la bonne foi (article 1134 du Code civil) pourraient fonder la révision pour imprévision. La révision pour imprévision apparait donc pour une partie de la doctrine comme moralement souhaitable. La jurisprudence civile française peut de plus se révéler fâcheuse et même anachronique étant donné que les contrats de longue durée se multiplient et que les circonstances économiques sont de plus en plus instables. C'est la raison pour laquelle cette solution supporte de nombreuses exceptions. II. [...]
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