Jean-Jacques Rousseau définit le Contrat social comme l'organisation des rapports des individus par leur propre volonté dans le souci du bien vivre ensemble. Cette notion de « par leur propre volonté » de Rousseau définit en fait le principe de l'autonomie de la volonté. Le « souci de bien vivre ensemble » est, quant à lui, la finalité du principe : créer des droits et obligations pour organiser, discipliner l'individu dans la société. Ce principe novateur au Siècle des Lumières a mis près de cent ans à pouvoir enfin s'appliquer. En effet, la Révolution de 1789 a consacré le principe de l'autonomie de la volonté comme la source de toute contrainte entre les hommes en vue d'imposer à la société constituée une auto-administration. Cette vision de libre administration marque une rupture avec l'Etat monarchique d'avant 1789 et devient donc LE principe légitime par excellence. Le droit des contrats peut, quant à lui, être compris sous deux angles différents : tout d'abord, stricto sensu, il est le contenu du Code civil (ses articles, ses principes). Mais il peut être aussi étudié sous une forme plus doctrinale en tant que mouvance influencée par des doctrines plus conceptuelles.
Aujourd'hui, la légitimité de l'autonomie de la volonté est remise en cause. En effet, de principe, elle est passée au statut de doctrine. De plus, la mutation de la nature des hommes vers le matérialisme et individualisme au XXe siècle a institué une méfiance à l'égard des individus dans leurs rapports. En effet, chacune des parties contractantes tendrait « à tirer davantage la couverture de son côté ».C'est donc dans un souci de protection contre les difficultés procédurales ainsi que dans celui de bannir les déboires de certains profiteurs de la situation ou de la faiblesse de l'autre, que les sociétés occidentales ont envisagé de se lancer dans une vaste vague de législation opérée par des hommes par l'intermédiaire de représentants : la légalisation de la société en démocratie représentative. Il convient donc aujourd'hui de douter de l'efficacité et de la place de l'autonomie de la volonté dans les rapports humains. Par de là furent pensées des théories dans lesquelles se décryptent nettement une foi davantage fondée sur l'obéissance à la loi que sur la confiance laissée aux hommes pour s'auto régir.
Nous mènerons donc cette étude à travers un regard porté sur l'évolution et sur la place de ces différentes doctrines. Cette étude nous amène ainsi à rechercher quel est le véritable fondement du droit des contrats à travers une étude aussi bien historique que sociale ou économique et d'en dégager sa place dans l'évolution actuelle du droit des contrats. Il sera cependant nécessaire d'apprécier l'envergure croissante ou pas des autres influences doctrinales qui tendraient à altérer, voire à détruire le principe d'autonomie de la volonté dans notre droit contemporain. Ainsi, nous nous interrogerons sur la recherche et la légitimité de la doctrine fondatrice du droit des contrats, à travers les ans et contre toutes autres doctrines à tendance réductrice pour cette première.
[...] L'autonomie de la volonté s'est manifestée principalement dans le Code civil sous des angles tirés directement du principe du consensualisme. En effet, le contrat du premier Code civil reposait principalement sur un échange de consentement entre les contractants, sans qu'il soit nécessairement imposé des conditions de formation du contrat. C'est ainsi qu'apparaît la liberté contractuelle. Cette dernière regroupe en elle-même plusieurs axes consensuels qui ont donné cette identité particulière au contrat. Premièrement, chaque contractant possède une liberté de contracter ou de ne pas contracter. [...]
[...] Cette notion est la prémisse de tout contrat. Deuxièmement, chaque contractant est en mesure de choisir son cocontractant. Enfin troisièmement les contractants ont le libre arbitre pour fixer, déterminer, trouver un accord sur le contenu du contrat à naître. Ces trois piliers définissent ainsi la notion du contrat sous sa forme à la fois la plus simple et la plus élémentaire qu'il soit. L'absence d'autres clauses ou conditions amène à relever la force de l'autonomie de la volonté en ce qu'elle est propre à chaque individu, et donc ne peut être réglementée ou codifiée, comme en l'espèce. [...]
[...] L'autonomie de la volonté est donc le fondement des rapports individuels. Elle répond à des besoins économiques et sociaux à partir de la Révolution. Cependant, la confiance en l'homme égal et libre devant ses semblables s'est quelque peu altérée au cours des années. Par conséquent, le droit des contrats a progressivement évolué, incluant en son sein un cadre dessiné par la loi et s'imposant à chaque individu. La présence de plus en plus remarquée de la loi en matière de contrat a ainsi posé la question de la place et par extension de la légitimité de l'autonomie de la volonté dans le droit des contrats qui, elle, ne cesse de s'effacer. [...]
[...] Ce schéma rationnel d'une autonomie de la volonté encadrée est significatif de l'évolution du droit des contrats. Tout d'abord, ce principe de la liberté de la volonté perd de sa légitimité face aux abus observés dans la totale autonomie de la personne. Le cadrage de la loi vient ici au secours d'un principe d'égalité bafoué par certains profiteurs de la situation ou de la faiblesse de l'autre partie contractante : la critique de l'inégalité des contractants. Dans un souci de justice, la loi intervient donc pour replacer chaque partie contractante sur un pied d'égalité, aussi bien dans leurs droits que dans leurs devoirs envers eux- mêmes. [...]
[...] Ils se sont donc appuyés sur ces principes et en ont dégagé celui de l'autonomie de la volonté (en respect au principe de liberté, et tout particulièrement la liberté d'administrer son patrimoine, sa propriété). De là est né le principe de l'autonomie de la volonté, concept purement individualiste, fondé sur le consentement réciproque des parties contractantes, comme source de production d'obligations. Cette vision, influencée par celle de Jean- Jacques Rousseau dans le Contrat social, a amené les hommes à vivre en société en se définissant des règles (les droits et les obligations) issues de leur propre initiative, à suivre dans les domaines qui le demandaient. [...]
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