Cour de cassation, Chambre mixte, 26 mai 2006 - La violation d'un pacte de préférence et son effet sur une vente

Extraits

[...] Cela résout de plus le problème de ce que la doctrine qualifie de preuve diabolique, consistant en prouver une intention, en l'espèce prouver pour le bénéficiaire qu'il avait l'intention de se prévaloir du pacte de préférence n'est plus nécessaire, la réponse à la question du tiers affirmant une telle intention est une preuve aisée et incontestable. Sources : réforme-obligation Dalloz.com (pacte de préférence) ; sanction de la violation d'un pacte de préférence Dalloz-actualité.fr. Exercice cas pratique : M. X en qualité de promettant s'engage, en cas de vente de (définir le bien avec précision), à proposer prioritairement à M. la conclusion de ladite convention. [...]

[...] Une volonté conciliatrice limitative du recours à la substitution. En effet par l'introduction d'actions interrogatoires, l'ordonnance portant réforme du droit des contrats met à la disposition des contractants, un outil de prévention de conflit, pouvant le cas échéant interdire le recours à l'exécution forcée du pacte de préférence. Ainsi en son article 1123 en ses alinéas 3 et le droit positif offre au tiers la possibilité de questionner le bénéficiaire d'un pacte de préférence aux fins d'en connaître les intentions. [...]

[...] Une substitution nouvelle et critiquée du bénéficiaire du pacte de préférence au tiers ayant contracté en violation de ses droits. Le revirement jurisprudentiel initié par l'arrêt présentement commenté fait l'objet d'une critique doctrinale fondée, notamment quant au réalisme juridique d'une telle solution L'incarnation d'un revirement jurisprudentiel majeur. L'arrêt commenté s'inscrit à contre sens d'une jurisprudence réticente à l'admission de la substitution au sein du pacte de préférence il initie ainsi un revirement jurisprudentiel proposant une solution audacieuse et nouvelle Une substitution classiquement refusée. [...]

[...] La substitution opère remplacement du bénéficiaire du pacte de préférence au tiers, et ce au sein du contrat unissant ce dernier au promettant. Le bénéficiaire se retrouve par conséquent partie à une convention dont il n'a pas négocié les conditions. En effet, il semble légitime de penser que le choix de ne pas contracter avec le bénéficiaire du pacte de préférence soit motivé par des arguments d'ordre économique consistant notamment en la certitude d'un prix de vente supérieur en cas de vente au tiers. [...]

[...] Les parties conviennent du caractère personnel de la pollicitation éventuellement formulée par le promettant, ce caractère faisant obstacle à toute cession du présent pacte de préférence. En cas de non-respect du pacte de préférence et de conclusion d'une convention emportant vente du (bien), le promettant sera tenu de verser à M. Y une somme de au titre des dommages et intérêts. Il est acquis pour les parties que le versement de cette indemnité ne fait aucunement obstacle à une demande en justice tendant à la substitution du bénéficiaire au tiers ayant eu connaissance de l'existence du pacte et de l'intention du bénéficiaire de s'en prévaloir. [...]