La place du dirigeant au sein de la société est une place essentielle. La société étant une personne morale, selon la loi elle doit être représentée par une personne physique : le dirigeant qui agit dans le cadre de ses fonctions en son nom et pour son compte. En effet, les dirigeants sont nommés par l'ensemble des associés et ont pour principales fonctions de gérer la société, mais aussi de la représenter.
Précisons que l'on désigne par le terme « fonction » leur rôle, leur activité consistant à accomplir leurs missions et à mettre en œuvre la politique de la société en la représentant. Ainsi, ils sont investis de pouvoirs étendus qui implique parfois la mise en œuvre de leur responsabilité notamment en cas de faute de gestion, c'est-à-dire tout acte ou omission d'un dirigeant qui serait contraire à l'intérêt social ou qui serait la cause d'une atteinte au droit d'autrui, d'un dommage. La responsabilité d'un dirigeant d'une société peut donc être mise en cause en cas de faute, et cela par les associés et par les tiers. On fait ici référence à la faute commise dans le cadre des fonctions, qui se distingue de la faute séparable des fonctions c'est-à-dire qu'elle reste personnellement liée à la personne du dirigeant, mais elle se détache de sa gestion, elle ne lui est pas liée.
[...] Une délimitation plus claire du champ d'application de cette définition semble nécessaire, pour éviter une trop grande interprétation de la notion de faute détachable Une jurisprudence controversée évoluant timidement dans un sens favorable aux tiers La notion de faute détachable fut discutée dans l'arrêt Pierre Cardin du 10 février 2009. Dans cet arrêt la Cour de cassation est en l'espèce confrontée à la problématique de la faute séparable des fonctions du dirigeant. Il s'agit d'une société qui résilie avant leur échéance trois contrats de licence. Celle-ci se trouve alors condamnée à verser une indemnité à son cocontractant. La société étant insolvable, elle n'a pu assurer le paiement. [...]
[...] La partie contractante a alors recherché la responsabilité personnelle des dirigeants de la société. Cependant la Cour d'appel a retenu qu'elle ne pouvait être retenue, car la décision a été prise par le conseil d'administration et voté par l'assemblée générale. Elle précise que même s'il existait une faute imputable aux dirigeants, il ne pouvait s'agir d'une faute détachable de leurs fonctions puisqu'ils avaient agi dans le cadre de leurs fonctions. En revanche, la Cour de cassation n'a pas suivi le raisonnement de la Cour d'appel. [...]
[...] Toutefois en matière contractuelle, la jurisprudence n'est pas toujours aussi exigeante, la seule intention de commettre une faute est alors suffisante. En l'espèce, les juges de la Cour de cassation apprécient in concreto et sanctionnent ce comportement fautif qui est assimilable à un dol. Or en matière de dol, il n'est pas nécessaire que l'auteur ait eu la volonté de causer un préjudice, mais seulement celle de tromper l'autre partie. Le second critère de la faute détachable fait référence à sa particulière gravité. [...]
[...] Pour eux, la Cour a formulé une définition générale et restrictive dans la mesure où les critères posés par la jurisprudence sont des critères limitatifs. Pour d'autres, elle n'a fait que donner l'une des sous-catégories de la faute détachable. Cette vision implique qu'il existerait d'autres critères permettant de qualifier la faute de détachable. La question se pose alors de savoir dans l'hypothèse où la définition ne serait pas exclusive de toutes autres, quels seraient les autres critères susceptibles d'engager la responsabilité des dirigeants. [...]
[...] Cette décision est source de clarté, car jusqu'alors, il était difficile de savoir si le dirigeant agissant dans le cadre de ses fonctions pouvait néanmoins commettre une faute qualifiée de détachable en raison de son comportement. L'application de la faute détachable semblait alors difficile à mettre en œuvre. La conséquence est également favorable pour les tiers : ils pourront poursuivre le dirigeant sur le fondement de la faute détachable, alors que celui-ci a agi dans la limitation de ses attributions. Par le biais de cette solution, la Cour de cassation semble renforcer la responsabilité du dirigeant et de le confronter de plus en plus à sa aux conséquences de sa propre gestion . [...]
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