Dans ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand justifie ainsi son projet autobiographique :
« Mettons à profit le peu d'instants qui me restent ; […] le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchanté, écrit son journal à la vue de cette terre qui s'éloigne et qui va bientôt disparaître ». En quoi, selon vous, l'écriture autobiographique permet-elle de recréer le passé ?
L'écriture autobiographique implique à un auteur de retracer sa vie, avec bien entendu des ellipses et des oublis. Cela lui demande un travail personnel sur lui-même et d'avoir le souvenir d'anecdotes précises, en tout cas le moins flou possible, afin de revivre un vrai passé. Alors pouvons-nous dire, en parlant de l'écriture autobiographique, qu'elle permet de recréer ce qui a été vécu ? Est-elle une recréation du passé ? Car si les mots, les images ancrés en nous, les anecdotes marquantes peuvent nous aider à revivre notre passé tel quel, il ne faut pas pour autant laisser dériver notre navire et regarder la mauvaise terre, au loin. Il est facile d'idéaliser un sentiment, un fait passé, de le déformer ou d'étoffer son texte, ce qui serait se mentir à soi-même. Et puis le souvenir n'est pas à créer.
[...] Le passé risque aussi d'être idéalisé comme un moment de bonheur qui n'a pas été si heureux qu'on ne le dit. Ainsi, Jean- Jacques Rousseau essaie de se justifier de ses attitudes en tant qu'adolescent et qu'adulte lorsqu'il fait le récit de sa jeunesse chez un graveur abusif. Il semble aussi qu'il ait idéalisé sa jeune enfance à des difficultés qu'il avait à s'exprimer. Pour finir, comme le dit le libellé : l'autobiographie permet de recréer son passé, ce qui n'est pas le créer. Ce qui n'a pas été vécu personnellement n'a pas lieu d'être raconté. [...]
[...] Une fois l'œuvre écrite, cela nous enlève le fardeau du souvenir et de la précision. Ecrire son autobiographie est un moyen de pouvoir oublier et de s'éloigner de cette terre qui peut désormais disparaître. Ce qui est écrit a été réfléchi et doit normalement être le reflet de la vérité. Une fois l'œuvre achevée, se relire est une manière de recréer notre passé autant de fois que nous le souhaitons, ce qui demande moins d'effort que sa recherche. Bibliographie : N. [...]
[...] Alors pouvons- nous dire, en parlant de l'écriture autobiographique, qu'elle permet de recréer ce qui a été vécu ? Est-elle une recréation du passé ? Car si les mots, les images ancrées en nous, les anecdotes marquantes peuvent nous aider à revivre notre passé tel quel, il ne faut pas pour autant laisser dériver notre navire et regarder la mauvaise terre, au loin. Il est facile d'idéaliser un sentiment, un fait passé, de le déformer ou d'étoffer son texte, ce qui serait se mentir à soi-même. [...]
[...] Cependant, l'autobiographie nécessite d'avouer la vérité. Ce n'est pas toujours évident, et cela, pour différentes raisons. II. Premièrement, si l'espace de temps entre le passé à raconter et le présent de l'écriture est trop important, le passé ne peut plus être bien défini, car notre mémoire n'est pas infaillible. L'auteur peut alors décider d'étoffer son texte, d'ajouter de faux souvenirs tels le chant d'un oiseau, le bruit d'une porte ou le décor d'un lieu. Ces détails qui n'ont pas eu lieu faussent l'autobiographie, recréent un faux passé, ce qui remet en cause la sincérité de l'auteur et de son œuvre tout entière. [...]
[...] Et puis à l'inverse, on peut se rappeler d'une anecdote qui n'a eu lieu qu'une seule fois. Mais cette seule fois nous a marqués à jamais et est restée gravée en nous, car depuis, rien n'a été pareil. Cette histoire a pu changer notre manière d'agir, notre comportement, la vision des choses, notre caractère, servir de leçon en quelque sorte Ou elle peut être un moment privilégié qui n'a eu lieu qu'une fois et qui n'aura plus jamais lieu. Jean-Jacques Rousseau nous confesse un moment de bonheur qu'il n'oubliera jamais et qui lui procure toujours du bonheur. [...]
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