Depuis quelques années, les statuts des sociétés ne sont plus l'unique source des relations sociétaires. En effet le phénomène de contractualisation a apporté un certain renouveau au droit des sociétés français. Le législateur ayant réglementé les statuts de manière rigide, les praticiens ont cherché des moyens pour que l'organisation et le fonctionnement de la vie des sociétés soient plus souples. Ce souci de flexibilité a engendré un mouvement contractuel au sein duquel on trouve notamment les pactes d'actionnaires, objet de notre exposé.
Les pactes d'actionnaires sont l'une des solutions retenues par les praticiens pour organiser au sein d'une société les relations entre tout ou partie des associés. Les pactes d'actionnaires peuvent être aussi appelés conventions extrastatutaires. Étant donné que les statuts des sociétés doivent être déposés aux greffes des tribunaux de commerce, le recours à un pacte sous-entend une volonté de discrétion de la part de ses signataires. Cela est à nuancer, lorsque le pacte est conclu par les actionnaires d'une société cotée. En effet, toute clause d'une convention prévoyant des conditions préférentielles de cession ou d'acquisition d'actions admises sur un marché réglementé doit être transmise à l'Autorité des marchés financiers qui en assure la publicité, et ce, en vertu de l'article L. 233-11 du Code de commerce.
À travers l'analyse de l'utilisation faite des pactes d'actionnaires, il est apparu que l' « affectio societatis » et l' « intuitus personae » étaient des moteurs essentiels du recours à ces contrats en droit des sociétés. Ces deux éléments motivent fréquemment les aménagements et conventions extrastatutaires car leurs signataires manifestent ainsi leur appartenance à un groupe et leur volonté de choisir leurs partenaires, et ils ont à l'égard de la société une volonté de maitriser son fonctionnement.
Les pactes d'actionnaires sont nés de la volonté de protéger le noyau dur des actionnaires majoritaires contre le risque d'attaques extérieures. Aujourd'hui les pactes ont bien souvent une finalité plus étendue que la simple volonté de se protéger contre une modification de la composition du capital.
Ces pactes sont le plus souvent conclus entre associés et plus spécialement encore entre actionnaires, car c'est dans les sociétés anonymes que la rigidité de la réglementation invite surtout à se tourner vers la liberté qu'offre cette technique contractuelle. On les rencontre également dans les sociétés en commandite par actions et dans les SAS, mais moins fréquemment dans les sociétés à responsabilité limitée (SARL) où ils se limitent alors à certains types de clauses.
Les pactes d'actionnaires ont des objectifs divers, comme la stabilisation du capital ou la transmission d'une entreprise, d'où leur importance capitale dans la vie des sociétés par actions. La première fonction des pactes d'actionnaires est d'assurer la stabilité du contrôle en limitant la transmission des titres à une sphère d'actionnaires déterminée. Le pacte vise alors à préserver les actionnaires contre les agressions.
Ces accords permettent ainsi, tantôt de renforcer, avec une plus grande liberté que les statuts ne le permettraient, la protection des intérêts convergents de certains actionnaires ; tantôt de réaliser un certain équilibre entre les intérêts cette fois divergents d'actionnaires aux situations très différentes : partenaires financiers, tels que des sociétés de capital-risque, soucieux de se voir garantir une faculté de sortie à l'expiration d'une période de temps déterminée ; actionnaires majoritaires souhaitant se prémunir contre l'entrée dans le capital d'un concurrent ou d'un partenaire indésirable, et voir conforter leur contrôle sur la gestion de la société. Quant aux actionnaires minoritaires, l'objectif serait plutôt de voir s'accroître leur droit d'information ou leurs prérogatives financières.
[...] C'est la première fois que des juges estiment que l'autorisation d'une convention réglementée par le conseil d'administration peut être donnée dans un pacte d'actionnaires dès lors que celui-ci est signé par tous les administrateurs. La solution est pour le moins surprenante. La procédure des conventions réglementées est en effet soumise à un formalisme précis fixé par les articles L 225-38 et L 225-40 du Code de commerce et l'on voit mal comment on pourrait se dispenser d'une véritable délibération du conseil d'administration. [...]
[...] civ. art pour la violation d'une obligation de faire) et la résolution judiciaire du pacte (cf. C. civ. art. 1184). Ici, pour que la condamnation soit prononcée, il faut que la preuve du préjudice causé par la violation du pacte soit rapportée. [...]
[...] L. 225- 68, al. ; attribuer un droit de vote double aux actions entièrement libérées pour lesquelles il est justifié d'une inscription nominative, depuis deux ans au moins, au nom du même actionnaire (C. com., art. L. 225-123) ; créer des actions de préférence (C. com., art. [...]
[...] Cette solution, déjà admise antérieurement à la réforme de 1966 (Cass. com avril 1961, cf annexe document 10, Sté des anc. Ets Picard et Durcy-Sohy et autres Paul Schumann et autres), réaffirmée depuis (Cass. com mai 1980, cf annexe document 11, Stoeckel et autres Sarl Consortium Rondeau ; Cass. com mai 1993, Consorts Lacaze Dallau et autres), est appliquée avec constance et ne fait plus aucun doute. Ainsi, les clauses relatives au droit de vote ne doivent pas mener à un abus de ce droit. [...]
[...] Conséquence : en vertu de l'article L228-23 du code de commerce, toute cession effectuée en violation d'une clause d'agrément figurant dans les statuts est nulle. Ainsi, l'actionnaire qui souhaite céder ses actions doit, au préalable, demander l'agrément de la société. Cette clause a pour objet de contrôler l'entrée de nouveaux actionnaires dans la société, et de rétablir ainsi un intuitu personae au sein des sociétés. Ici, lorsqu' un associé souhaite vendre ses titres, il doit établir un projet de cession et le notifier à la société. Si la société accepte le projet, l'agrément sera donné, et le cédant sera libre de céder ses actions. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture