Associé majoritaire, associé minoritaire, présomption d'équité, présomption contestable, intérêts sociaux, décision unanime, doctrine, tiers repreneur, dirigeant, abus de majorité, consensus collectif, risque de préjudice, équilibre des intérêts, arrêt Château d'Yquem, contrôle judiciaire, intérêt social
L'associé majoritaire et gérant de la société Mécanique de précision de [Localité 2] (MPM) a consenti, avec l'associé minoritaire, une promesse de cession de la totalité des parts sociales de la société en faveur d'un tiers repreneur pour un montant de 8 000 euros le 21 juillet 2014. L'assemblée générale de la société a décidé d'allouer au gérant une prime exceptionnelle de 83 000 euros le 29 octobre 2014, suivie d'une prime additionnelle de 3 049,94 euros pour rappel de salaire le 24 novembre 2014. Le 4 décembre 2014, les parties ont réitéré la promesse de cession, avec mention de la prime exceptionnelle octroyée lors de l'assemblée du 29 octobre. Suite à la cession, le nouveau dirigeant, le tiers repreneur, a refusé de verser les primes allouées par les assemblées générales.
[...] La question de l'intérêt social derrière une décision unanime La Cour de cassation, en affirmant que l'unanimité des associés exclut automatiquement la qualification d'abus de majorité, opère un choix juridique qui pose question quant à la protection de l'intérêt social et des minoritaires. En effet, la Cour semble présumer qu'une décision unanime incarne une volonté collective, garantissant ainsi que l'intérêt social est respecté, même lorsqu'elle favorise l'associé majoritaire. Cette interprétation repose sur la célèbre jurisprudence Motte (Cass. com avril 1961), qui définit l'abus de majorité comme une décision contraire à l'intérêt social et visant exclusivement à avantager les majoritaires. [...]
[...] com mai 2003) impose une obligation implicite de préserver l'objectif collectif de la société, même lorsque toutes les voix s'accordent. Cet arrêt révèle que, dans certains cas, l'intérêt social peut être mis en péril sous un faux consensus. Ainsi, si l'unanimité est une présomption de protection de l'intérêt social, elle ne devrait pas exclure un contrôle judiciaire attentif, surtout lorsque des indices de conflits d'intérêts existent. Un examen de l'opportunité et des effets des décisions sociales permettrait d'assurer un équilibre plus juste entre les associés, renforçant ainsi la protection des minoritaires sans renoncer au principe d'unanimité. II. [...]
[...] Bien que l'unanimité puisse sembler protectrice, elle n'écarte pas toujours les risques d'injustice envers l'associé minoritaire. Plusieurs décisions, comme l'arrêt du 4 février 2014 (Cass. com., n° 12-29.589), nuancent l'idée d'une immunité de l'unanimité contre l'abus de majorité. Elles reconnaissent que des situations de déséquilibre d'information ou de pressions peuvent survenir, affectant le consentement libre et éclairé des minoritaires. Dès lors, une protection juridique serait nécessaire, même en cas d'unanimité, pour éviter que l'intérêt social ne soit sacrifié au profit d'intérêts individuels. L'arrêt du 21 janvier 1997(Cass. [...]
[...] En effet, cette solution, si elle venait à s'imposer comme un principe, pourrait entraîner une interprétation rigide de l'unanimité, qui risquerait de dissimuler des situations de vulnérabilité chez les minoritaires, même en cas de consentement unanime. L'arrêt de la Cour de cassation du 20 septembre 2011 (Cass. com., n° 10-24.888) suggère une perspective alternative en soulignant la possibilité d'annuler des décisions pourtant soutenues majoritairement, si elles portent atteinte à l'intérêt social. Cette jurisprudence montre que l'unanimité, en tant que présomption d'équité, ne protège pas systématiquement contre les abus, notamment lorsque des déséquilibres d'information ou de pression sont présents. [...]
[...] Enfin, la doctrine souligne depuis longtemps l'importance de préserver un contrôle judiciaire sur les décisions unanimes, afin d'assurer que le principe d'unanimité ne devienne pas un outil de manipulation pour favoriser les intérêts majoritaires. La décision de la Cour, si elle est reprise comme un principe jurisprudentiel, pourrait altérer cet équilibre et amoindrir la protection des minoritaires en excluant le contrôle de l'opportunité et de la légitimité des décisions unanimes. En intégrant ce type de contrôle, le droit positif pourrait évoluer pour offrir des garanties équilibrées entre associés, en particulier pour les décisions importantes et financièrement sensibles. [...]
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