En Egypte, le droit de la famille (statut personnel) est la seule branche du droit qui soit encore organisée selon le principe de la personnalité religieuse de la loi. Cela signifie que chaque communauté religieuse a sa propre loi sur le statut personnel et que la loi n'est applicable qu'à la communauté pour laquelle elle a été mise en place . Deux communautés cohabitent actuellement en Egypte, la communauté musulmane et la communauté chrétienne. La première communauté étant la plus importante quantitativement (environ 90% de la population), l'Etat égyptien a choisi de devenir dépositaire d'une seule religion, l'islam . En effet, avant 1955 ce sont les tribunaux confessionnels (mahâqim charciyya) qui organisaient le statut personnel des musulmans et les conseils communautaires, (majâlis milla) celui des non-musulmans, ces tribunaux statuaient selon les lois de chaque communauté religieuse. Mais malgré l'unification des juridictions en une juridiction nationale en 1955 les citoyens égyptiens n'ont pas encore bénéficié d'un code unique et unifié. Même si certains domaines sont organisés par une loi unique applicable à tous les nationaux, chaque citoyen a ses propres lois religieuses et chaque communauté religieuse a gardé ses propres prérogatives sur le statut personnel .
[...] En contrepartie, l'épouse doit abandonner tous ses droits financiers tatanâzal jamîci huqûqiha al mâliyya Concrètement elle doit se désister du dédommagement et de la pension alimentaire, nafaqa pendant la période de retraite et rendre le montant de la dot reçu le jour du mariage et renoncer à l'arriéré non versé mu'akhkhar as- sadâq[68]. Mais encore faut-il que les deux partenaires se mettent d'accord sur le montant à restituer, autrement cette forme de divorce risque de retomber dans la lourdeur procédurale[69]. Toutefois, les autres droits de la femme ne sont pas atteints. [...]
[...] Ce retour à la législation antérieure ne sera pas sans conséquence sur les droits des femmes. La femme égyptienne se retrouvera ainsi, prise en otage dans la nouvelle turbulence entre le régime politique et les nouveaux promoteurs religieux ; les islamistes. Elle verra brusquement ses acquis disparaître sous l'influence d'une réislamisation rampante. En effet, sous la présidence de Sadate, les islamistes ont été libérés pour contrecarrer les projets communistes[56], la question des droits des femmes n'était plus à l'ordre du jour. [...]
[...] Le statut personnel des chrétiens dépend des lois religieuses. Il faut qu'il soit régi par les normes de leur religion. Et comme il est interdit qu'un juge non musulman se prononce sur le statut personnel des musulmans, il faut que des juges chrétiens se prononcent sur le statut personnel des chrétiens –d'après le principe de l'égalité. Les chefs religieux des Eglises chrétiennes ont reçu une promesse dans ce sens lors de la promulgation de la loi 462/1955, et ils attendent que cette promesse soit tenue ( Les méthodes frauduleuses auxquelles recourent certains, en changeant leurs confessions pour des buts personnels, ne sont pas conformes à la religion chrétienne en plus du fait qu'elles causent des dommages à l'autre conjoint Ces tensions entre différents ordres législatifs d'un même pays, n'ont pas facilité la tâche du juge. [...]
[...] 34-60; NASIR The Islamic law of personal statuts, Pays- Bas, Arab and Islamic law series, London: Graham and Trotman Al Ahram Hebdo, Cairo Times, Al-Ahram janvier 2000. BERNARD MAUGIRON Normes et pratiques en matière de statut personnel : la loi sur le khulc en Egypte in Maghreb-Machrek, 182, Hiver 2004-2005, p et s. Le journal al-Wafd estimait même que cette loi était contraire aux droits de l'homme car elle s'immisçait de façon abusive dans les affaires intérieures des familles, Al-Wafd janvier 2000. [...]
[...] Outre que cela faciliterait la tâche du juge et du justiciable, cette codification permettrait d'organiser, de sélectionner et d'encadrer les lois actuelles. Car nul ne peut contester le fait que ces lois soient encore mal adaptées à la réalité sociale égyptienne, qu'elles ne répondent pas aux droits des femmes et qu'elles sont difficilement modifiables. Il faut cependant ne pas négliger le fait que les dernières dispositions juridiques de la loi 100 /2000 vont dans le sens d'une ouverture juridique positive. [...]
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