Le droit de la famille a un long passé. Du Décalogue à nos jours, en passant par le droit romain, le droit canon où il était au cœur des préoccupations, puis le droit napoléonien, qui a institué le divorce, il a traversé le temps mais il a aussi évolué avec les mœurs et les transformations sociales.
Il s'est aussi modifié car la notion de famille a changé. Les modes de vie, l'urbanisation, la mobilité professionnelle, géographique et sociale, les technologies, les approches de la sexualité, la parentalité, les interdits, les croyances, les progrès de l'individualisme, ont entraîné une mutation du concept de famille qui s'est adapté aux situations nouvelles : de la tribu au patriarcat, de l'égalité parentale à la monoparentalité, de la famille élargie à la famille nucléaire, de la famille éclatée à la famille recomposée… On passe ainsi d'un « modèle familial » fondé sur le mariage et les enfants du couple à une superposition de situations qui doivent toutes être régies par le droit.
Les évolutions récentes, rapides, sont allées jusqu'à faire douter de la pérennité d'un droit de la famille dans un monde moderne où l'individu est roi.
D'où l'intérêt de s'interroger sur l'avenir de ce droit familial, qui semble à la merci d'une alternative : épanouissement individuel ou considérations collectives ?
[...] Le caractère impératif du droit de la famille cède la place à l'Autonomie de la volonté C'est à des volontés individuelles que le champ abandonné par la loi a été laissé manifestant ainsi la contractualisation de la famille. Rémy évoque un étrange saut hasardeux de la stabilité à la mutabilité, de l'uniformité à la diversité et de la discipline collective à la liberté individuelle Malaurie y voit le signe du déclin de l'intérêt que la loi porte à la famille avec pour conséquence, son instabilité, sa perte de cohérence Le droit de la famille est marqué le passage d'un droit qui protège à un droit qui recherche la satisfaction des préoccupations individuelles. [...]
[...] Ainsi, même s'il n'y a plus de modèle unique, mais une diversité de modèles familiaux avec un droit de la famille à la carte, le droit de la famille demeure et demeurera, mais il sera toujours en perpétuel mouvement, s'adaptant continuellement à la nouvelle donne sociale. Ce droit de demain doit toujours rechercher une juste complémentarité entre épanouissement individuel et considérations collectives. Un droit de la famille exclusivement basé sur l'épanouissement individuel n'aurait pas d'existence propre. Un droit de la famille exclusivement basé sur des considérations collectives serait totalitaire et inconcevable dans une société de liberté. [...]
[...] C'était l'intérêt général qui commandait les règles du droit de la famille que la collectivité imposait aux individus. Les intérêts individuels étaient donc subordonnés à des finalités collectives qui leur étaient supérieures. Ces finalités collectives étaient de deux ordres : l'intérêt de l'État et l'intérêt de la famille. Cependant, même si le droit de la famille est fortement teinté aujourd'hui par l'autonomie de la volonté il demeure et restera sans doute à l'avenir un pilier de la société, car l'ordre des familles participe à la construction et à la sauvegarde de l'ordre social ou public. [...]
[...] Dans son essence même, le droit de la famille est le droit d'une collectivité. Et cette collectivité restera la cellule de base naturelle de l'organisation sociale, quelle que soit l'évolution de la cellule familiale. La cellule familiale n'est pas seulement une somme de deux ou plusieurs individus, mais une entité qui a une existence et des intérêts propres. Les finalités collectives du droit de la famille Il n'y a encore guère longtemps, on considérait que la presque totalité des règles du droit de la famille étaient d'ordre public. [...]
[...] Elle nous amènera dans un second temps à nous demander si le droit de la famille, vidé de considérations collectives, peut avoir un avenir. I Le droit de la famille insusceptible de prospérer sans se préoccuper de l'épanouissement individuel Dès à présent, il convient de rappeler, contrairement à ce qu'on pense parfois, que l'épanouissement individuel est un objectif ancien en droit de la famille : Ainsi, parmi les dix commandements qui, selon la Bible ont été gravés sur la pierre par Dieu et donnés à Moïse sur le Sinaï figure le Commandement suivant : Honore ton père et ta mère, comme l'Éternel ton Dieu te l'a ordonné, afin de jouir d'une longue vie et de vivre heureux dans le pays que l'Éternel ton Dieu te donne. [...]
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