L'Union européenne et le service public à la française

Extraits

[...] British Airways a acheté TAT et Air-Liberté, deux compagnies privées françaises. Cela dit, dans l'immédiat. les ouvertures de lignes se feront au compte-gouttes, car il faut posséder des créneaux horaires et en vertu du "droit du grand-père", les créneaux sont chaque année accordés à la compagnie qui en disposait l'année précédente. Pour avoir un créneau, il faut donc acheter une compagnie nationale existante, ou associer avec elle (ce que fait Air-France en Allemagne). Les plus libéraux réclament la mise en vente aux enchères des créneaux horaires. [...]

[...] Les syndicats et la gauche (même si le PS est sur ce point un peu gêné, en raison de son expérience gouvernementale) tirent argument des succès du secteur public pour réclamer son maintien. La droite, globalement très libérale sur. ce point ("Moins d'État" est un slogan de la campagne électorale qui débute), tire argument des échecs patents de certaines entreprises publiques (Le Crédit Lyonnais, les déficits de la SNCF). Le gouvernement français n'en est pas moins tenu de défendre, à Bruxelles, une tradition nationale qu'il est impossible de faire voler brutalement en éclats. Mais la pression de Bruxelles est forte. [...]

[...] Bruxelles laisse le choix aux pays entre 2 systèmes: la libéralisation intégrale (on achète à qui l'on veut, et chaque vendeur a accès au réseau de transport électrique); et le système de l'acheteur unique EDF, qui est responsable de la gestion de tout le réseau et de l'évaluation des besoins), qui permet seulement aux gros acheteurs de négocier directement des contrats avec d'autres producteurs. La France, équipée en nucléaire, dispose ainsi d'un outil puissant, mais peu flexible, viable seulement sur le long terme. Or la libéralisation, Frank Borotra en convient lui-même, "conduit à privilégier les investissements les moins coûteux et les plus rapidement rentables, cad la construction de centrales à gaz". La lutte sera dure en 2002-2006. [...]

[...] (''Libération" mai 1996) Certes, ces services ont déjà évolué, ont été réformés, divisés, dynamisés. Ils affrontent, pour certains d'entre eux, depuis longtemps, la concurrence. La gauche a réformé la Poste et France Télécom, et la droite favorise la mise en concurrence, tout en préparant des privatisations. Les services publics n'en demeurent pas moins des ensembles impressionnants: * France Télécom agents milliards de CA, un bénéfice de 9 milliards de francs (chiffres de 1995). * EDF agents milliards de francs de CA, un bénéfice de 2,7 milliards. [...]

[...] Le radiotéléphone, la communication pour entreprises et la radio messagerie sont déjà ouvertes à la concurrence. Les deux rivaux de France Télécom sont la Cegetel (la Générale des Eaux alliée à British Telecom) et Bouygues (allié à l'Italien STET). La Cegetel a ouvert le 19 novembre 1996 un réseau de téléphone local à Nice, mais n'envisage pas d'être présent sur plus de trente sites, qui sont bien sûr à forte densité. France Télécom est devenue le 31 décembre 1996 une société anonyme, dont 20% du capital sera placé dans le public, mais où l'Etat gardera Après 1998, France Télécom restera propriétaire de son réseau, et continuera d'être opérateur du service public, rebaptisé service universel. [...]