La victime s'est vue dépossédée au fil des siècles des prérogatives dont elle disposait dans le cadre d'une justice privée. Longtemps le Code de procédure pénale ne lui témoignait «qu'indifférence et même hostilité » : à défaut d'être partie au procès, elle n'avait aucun droit particulier. Pourtant depuis une vingtaine d'années, la victimologie et l'aide aux victimes ont connu un essor considérable en France, sous l'influence de textes internationaux (Déclaration de l'ONU en 1985) ou régionaux (décision cadre du 15.03.2001 en droit communautaire), de législations étrangères (législation canadienne) et de pratiques associatives. Le législateur a donc revalorisé la place de la victime et l'autorité judiciaire doit « veiller à l'information et à la garantie des droits des victimes au cours de la procédure pénale », selon le nouvel article préliminaire du Code de procédure pénale.
[...] Il faut se garder d'enfermer la victime dans un statut juridique figé la maintenant trop longtemps dans le processus pénal : elle doit sortir rapidement de l'état de victime dans lequel le crime l'a projeté. Une vision réductrice des besoins des victimes C'est presque exclusivement à travers l'aspect indemnitaire que les besoins des victimes sont évalués. La victime doit avant tout être protégée de revictimisations, de représailles éventuelles. C'est son retour à la vie normale après le traumatisme de l'infraction qui doit être favorisé et accompagné. [...]
[...] Il existe un fond de garantie spéciale pour les victimes de terrorisme. Certaines pratiques judiciaires favorisent aussi la conciliation de la répression et les droits des victimes au cours de la phase préliminaire du procès pénal, comme les alternatives aux poursuites, le classement sous condition, la médiation, la composition pénale, ou le placement sous contrôle judiciaire avec cautionnement (art CPP). Les services d'aide aux victimes consacrés par la loi du 15 juin 2000 Des initiatives publiques et privées se sont développées pour améliorer le dispositif d'écoute, de soutien et de prise en charge des victimes. [...]
[...] La victimologie a donc fait de la victime un acteur à part entière du procès pénal, ce qui a déplacé le centre de gravité du procès pénal. Elle a conduit le système de justice pénale à reconsidérer les droits de la victime, son indemnisation et aussi son rôle à l'égard de la resocialisation du délinquant. Différents enjeux (humain, social, de santé publique) appellent une réponse publique d'aide aux victimes. Quels sont les apports de la victimologie sur la figure de la victime ? Comment le législateur et les pratiques judiciaires ont-ils tenu compte de ces revendications ? [...]
[...] La victime se voit rendre le rôle qu'elle n'aurait jamais du perdre, celui d'acteur au procès pénal. Néanmoins, la prise en charge psychologique et sociale des victimes est parfois insuffisante. Robert Cario propose trois mesures : la création impérative d'une cote victime[6] dans tout dossier pénal qui proposerait un argumentaire détaillé quant aux conséquences de l'infraction sur la situation de la victime, la communication obligatoire de cette cote victime au JAP, et la mise en place d'un partenariat effectif (exceptionnel pour l'instant) avec les services d'aide aux victimes. [...]
[...] La majorité des crimes de violence et de délits sexuels impliquant une interaction brève ou prolongée entre la victime et le victimiseur, cette analyse est indispensable à la compréhension des différents types de victimisation. Les facteurs pro-agressifs Une orientation actuelle de la victimologie identifie des facteurs de risque biologique (âge, sexe, état physique), les facteurs sociaux (métiers à risque, mode de vie, conditions socio-économiques), et les facteurs psychologiques, qui permettent de déterminer les risques pour un individu de devenir une victime. La plupart de ces facteurs ont été élaborés par des enquêtes de victimation aux Etats-Unis dans les années 1960[4]. [...]
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