Pendant longtemps la généalogie a été perçue comme une science auxiliaire de l'histoire et comme un instrument privilégié de connaissance du passé au travers de prestigieux ancêtres auxquels chacun souhaitait se rattacher.
La finalité de cette activité s'est heureusement quelque peu déplacée : généalogie successorale, généalogie familiale, à des fins historiques, médicales ou autres se côtoient désormais. Contrairement à ce que l'on croit communément, nous connaissons généralement fort peu ou fort mal nos familles.
La vague de chaleur caniculaire que notre pays a connue au mois d'août dernier nous l'a rappelé : chaque jour meurent des vieillards solitaires qui ont perdu leurs proches ou négligé depuis longtemps toute relation avec eux.
Il y a encore les secrets et brouilles de famille, les divorces et remariages qui sont à l'origine de nombreuses ruptures tant et si bien que la génération suivante ne soupçonne même pas l'existence de ceux qui sont pourtant du même sang et n'a qu'une connaissance limitée et fragmentaire de ses proches et lointains parents. Même ceux qui imaginent n'avoir plus aucune famille et qui possèdent quelques biens ne pensent pas toujours ou répugnent à rédiger un testament alors qu'ils ne manquent pourtant pas d'amis fidèles ou d'institutions caritatives pour tenter leur générosité. C'est que là encore la mort les surprend alors qu'ils croient disposer du temps nécessaire à des tels règlements. De toutes manières, et quelles qu'en soient les causes, les cas dont s'occupe le généalogiste successoral sont suffisamment nombreux pour justifier l'existence d'une profession dont l'utilité s'affirme chaque jour davantage.
[...] Celles-ci ne peuvent être recensées ici de façon exhaustive. Retenons seulement : - les tables décennales alphabétiques et chronologiques dans chacune des communes qui comptabilisent les naissances, mariages et décès ; - les déclarations de successions à l'enregistrement que le généalogiste successoral dûment mandaté peut, depuis une loi du 30 décembre 2002 consulter sans avoir à produire une ordonnance du juge d'instance ; - les titres de propriété au bureau des hypothèques ; - les actes notariés (les actes de vente par exemple) ; - les cadastres ; - les recensements de population versés aux archives départementales ; - les listes électorales conservées aux archives municipales ; - les registres d'impôt ; - les livrets militaires ; - les livrets de famille créés en 1887 ; - les faire-part de mariage et de décès ; - les papiers domestiques ; - les registres des anciens de grandes écoles ou collèges ; - les cartes d'alimentation ; -les registres de pensions ; - les fichiers des cimetières ; - les actes de baptême ; - les registres paroissiaux ; - les obituaires (registres d'offices funèbres en mémoire du donateur et célébrés au jour anniversaire de sa mort) ; - les bottins mondains, who's who et annuaire des châteaux ; - et les propres archives du généalogiste d'une richesse parfois insoupçonnée. [...]
[...] Une profession de sollicitude de plus en plus sollicitée A. Causes et intérêts de la sollicitation Le généalogiste successoral se reconnaît volontiers dans ces professions de sollicitude car il est bien souvent, à l'occasion de ses recherches, le dépositaire de vies inachevées, de destins à peine balbutiés, titubants, oubliés, qui de près ou de loin nous interpellent et qu'il nous faut reprendre à notre compte. Ce sont , en premier lieu, les notaires - et dans une moindre mesure les administrateurs judiciaires - qui font appel au généalogiste pour procéder à la recherche des héritiers appelés au règlement des successions qui sont ouvertes à leur profit mais à leur insu. [...]
[...] Et c'est ainsi qu'il pourra être amené à rechercher les ayants droit de détenteurs de parts sociales à l'occasion d'opérations de fusion ou d'acquisition, les propriétaires actuels d'un bien non réclamé, les bénéficiaires d'une indemnité etc. B. Moyens d'actions C'est en procédant à des retours en arrière successifs que le généalogiste va mettre à nue les strates d'une famille et s'enfoncer toujours plus profond dans le passé pour parvenir à dresser un tableau généalogique qui peu à peu va grandir et se déployer en une construction qui sera à la fois rempart et mémoire contre l'érosion du temps. [...]
[...] En effectuant ces recherches patientes et minutieuses, il ne s'agit pas seulement d'une évasion dans le passé, d'une fuite dans le présent ou de retrouvailles fondées sur une quelconque nostalgie de pittoresque. Tout au contraire, en une symbolique exemplaire, ces travaux se veulent fidélité à un héritage intellectuel et quête d'une continuité à laquelle nous ne pouvons qu'être indiciblement attachés. Si le généalogiste ne peut guère unir les rêves des vivants, il en rapproche du moins les morts. Chacune des civilisations qui nous ont précédés ne s'est adressée qu'à une partie de l'homme : - celle du Moyen-Age était d'abord une culture de l'âme, - celle du XVIIIe siècle, une culture de l'esprit, - celle du XXe siècle était sans nul doute une culture des sens. [...]
[...] d'en changer si nécessaire. A l'extrême, concubinage, séparation, mariage, divorce et PACS se succèdent - L'espérance de vie croît tous les ans : le nombre de grands-parents augmente tout autant que celui des arrière-grands-parents ; - La famille, autrefois solidaire et concentrée sur quelques cantons, se disperse désormais sur des aires géographiques de plus en plus éloignées du lieu d'origine ; - Les migrations de population accentuent l'internationalisation des familles et des patrimoines ; - La concentration urbaine se poursuit, renforçant l'anonymat et l'isolement tandis que les causes de ruptures avec la société et avec la famille se multiplient, offrant ainsi à certains l'opportunité de disparaître pour mieux reconstruire une nouvelle vie tandis que pour d'autres, il n'y a d'autre alternative que de glisser vers une marginalité sociale quasi définitive. [...]
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