Progressivement la dignité est assimilée à ce qui est spécifique dans l'Homme et plus particulièrement à sa capacité de penser, à son intelligence propre. Dans les Pensées, Pascal écrit que toute la dignité de l'Homme consiste en la pensée. Enfin, Emmanuel Kant dans le fondement de la métaphysique des mœurs et prolongement vers la paix perpétuelle : La dignité c'est ce qui n'a pas de prix, ce qui n'est pas marchand. Ce qui a un prix peut être remplacé par quelque chose.
Il y a un équivalent, un prix. La dignité c'est ce qui n'a pas d'équivalent. Ce qui n'a pas de valeur relative, mais une valeur en soi. Donc pour Kant la dignité relève de l'universelle, de l'absolu, et de l'indisponible, on ne peut pas en disposer. C'est à la fois ce qui est propre à l'Homme, mais aussi ce qui dépasse l'Homme, ce qui s'impose à lui. Cette humanité indisponible protège l'individu contre lui-même, même contre sa propre volonté. Se dessine un certain paradoxe de l'Humanité. C'est un attribut de l'Homme et quelque chose qui s'impose à lui. Ce paradoxe dés sa définition va avoir une répercutions aussi sur le plan juridique.
En effet, sur un plan juridique, cette approche se traduit par une certaine tension qui fait que la protection de la dignité par le droit apparait d'un côté fortement légitime sur le plan des principes notamment( à savoir le fait qu'elle soit à un niveau au-dessus des autres droits), mais aussi elle reste particulièrement difficile au moment d'être mise en œuvre. Pourquoi ? Car la Dignité est un principe pluridisciplinaire : à la fois moral, psychologique, social, culturel. C'est pour cela que sa signification est très controversée.
Entre autres, est-ce que le principe de dignité subit sa consécration ou est-il véritablement un principe autonome à part entière s'élevant de par sa substance au dessus de tous les autres droits ?
[...] Le principe de dignité prime t-il sur tout les autres droits ? Si l'on reprend l'idée de moralité du principe de dignité qui limite les libertés individuelles évoquées un peu plus haut. Au nom de principes moraux, il y a une remise en cause de l'ensemble de la philosophie des libertés fondamentales. Car chacun est libre d'avoir sa propre conception de la morale, c'est pour cette raison que cela est dangereux de limiter l'autonomie personnelle, même si on sent instinctivement qu'il faut le faire. [...]
[...] De la personne humaine ? De la personne potentielle ? De l'être humain ? De l'Homme ? De l'individu ? Des individus vulnérables ? Femmes, enfants, détenus, malades ? Toute une série de titulaires potentiels est concevable, au point que l'on peut considérer que cette notion de dignité n'est pas conceptuelle, mais fonctionnelle, c'est-à-dire que c'est une notion qui vise avant tout une utilité. Permettre une protection là où il n'y en a pas. Elle serait là uniquement pour remplir une fonction. [...]
[...] C'est un peu gênant, car on dit que la dignité est le premier des droits. Si on ne sait pas quel est le titulaire de ce droit. Il semblerait que ce titulaire soit plus large que la personne humaine, car protègera avant la vie et après la mort. Mais force est de constater qu'on ne peut pas désigner de manière globale un titulaire, mais identifier au cas par cas différents titulaires : l'embryon, le cadavre, le nain, le malade. Il n'y a pas un titulaire précis. [...]
[...] En pratique on aurait très bien pu utiliser la dignité dans un sens contraire pour lui faire revêtir des atouts contraires, ce qui en soit est dangereux sur un plan d'arbitraire. Il s'agit souvent que d'un effet de style pour conforter la position que l'on veut adopter. C'est en ce sens que ce principe subit les consécrations du juge et sa volonté de le placer au dessus des autres, dès lors que le juge le craint, sa portée est elle-même relative. Il conviendrait d'abord de la définir pour que réellement les contradictions cessent. [...]
[...] Donc selon elle, il peut y avoir des conceptions différentes des droits fondamentaux. Cela pose des problèmes puisque ce qui est considéré comme une atteinte dans un État peut ne pas l'être dans un autre : il n'existe pas d'uniformisation précise. C'est une sérieuse entorse à l'arrêt COSTA/ENEL de 1964. Cette incertitude et variabilité, s'observe à deux niveaux : les titulaires et de sa portée. Quel est le sujet de droit titulaire de ce principe de dignité ? S'agit-il de la personne ? [...]
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