Le service public est soumis à trois principes qui ont été dégagés par Rolland, il y a le principe de continuité, celui de mutabilité qui en découle et le principe d'égalité ou de neutralité. Le principe d'égalité a été consacré pour la première fois dans une décision du Conseil d'État du 9 mars 1951, tout usager doit être soumis à une égalité de traitement devant le service public. Malgré tout, il peut exister des dérogations du fait de la loi ou du fait de l'intérêt général.
Cette question de dérogation au principe d'égalité est au cœur du présent du Conseil d'État en date du 29 décembre 1997, la dérogation en l'occurrence provient de la prise en compte de l'intérêt général.
En l'espèce, le Conseil municipal de Gennevilliers a, par une délibération du 23 juin 1989, décidé de la fixation des droits d'inscription au Conservatoire municipal de musique, la tarification s'échelonnant différemment selon les ressources des familles et le nombre de personnes vivant au foyer.
Le préfet des Hauts-de-Seine a déféré cette délibération devant le Tribunal administratif de Paris pour qu'elle soit annulée. Le Tribunal a fait droit à cette demande en annulant la délibération sus évoquée le 17 décembre 1993. La commune de Gennevilliers, par l'intermédiaire de son maire, présente une requête au Conseil d'État afin d'une part, d'annuler le jugement du Tribunal administratif de Paris relatif à l'annulation de sa délibération, et d'autre part, de rejeter le déféré du préfet des Hauts-de-Seine.
La question se pose alors de savoir pour le Conseil d'État, si la fixation par une commune, de droits d'inscription différents selon les revenus des familles pour un service public administratif facultatif ne contrevient pas au principe d'égalité entre les usagers du service public.
Le Conseil d'État répond par la négative, il considère d'une part que le fonctionnement du Conservatoire « constitue un service municipal administratif à caractère facultatif ». D'autre part, il relève qu'il existe un intérêt général quant à la fréquentation du lieu par les élèves le souhaitant « sans distinction selon leurs possibilités financières ». Le Conseil a pu, à juste titre, et sans contrevenir au principe d'égalité des usagers devant le service public, instaurer des droits d'inscription différents selon les revenus de la famille. Cependant le Conseil d'État précise que les droits d'inscription les plus élevés devront rester inférieurs au coût réel d'un élève pris en charge pas le service public. Le Conseil d'État, par une décision du 29 décembre 1997, annule le jugement du Tribunal administratif de Paris, et rejette le déféré du préfet des Hauts-de-Seine.
Il convient de s'attacher dans un premier temps à l'un des principes du service public dégagé par Rolland, à savoir le principe d'égalité des usagers devant le service public (I). Puis, sera étudié dans une seconde partie, l'application pragmatique des dérogations au principe (II).
[...] Ce principe découle directement du principe d'égalité devant la loi qui est inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Le Conseil d'État a consacré ce principe dans un arrêt du 9 mars 1951, société des concerts du conservatoire, la radiodiffusion française ne voulait plus retransmettre l'orchestre pour des raisons personnelles non pertinentes. L'État est condamné pour ne pas avoir respecté le principe d'égal accès pour les usagers. On parle également d'égalité pour le personnel, entre les fournisseurs, ou encore égalité dans les charges publiques. [...]
[...] La décision du juge fait état d'une condition. B Le plafonnement de la tarification au coût réel de l'élève Le juge a établi que l'intérêt général pouvait justifier une différence tarifaire des droits d'inscriptions à un conservatoire entre les élèves selon les revenus de leur famille. Il porte atteinte au principe d'égalité en établissant une discrimination, mais ne le méconnaît pas. Il fixe cependant une condition relative à la dérogation à ce principe : en l'espèce, les droits les plus élevés doivent rester inférieurs au coût par élève du fonctionnement de l'école (CE du 29 décembre 1997). [...]
[...] Les familles les plus aisées ne doivent pas payer plus cher que ce que vaut réellement la charge imposée par leurs enfants au service public. Ce principe de plafonnement est une condition sine qua non de la dérogation au principe d'égalité des usagers devant le service public. Si elle n'avait pas été remplie, la décision du Conseil municipal aurait été annulée. La loi du 29 juillet 1998 reprend cette condition de validité : Les droits les plus élevés, ainsi fixés, ne peuvent êtres supérieurs aux coûts par usager de la prestation concernée. [...]
[...] Le Conseil d'État répond par la négative, il considère d'une part que le fonctionnement du Conservatoire constitue un service municipal administratif à caractère facultatif D'autre part, il relève qu'il existe un intérêt général quant à la fréquentation du lieu par les élèves le souhaitant sans distinction selon leurs possibilités financières Le Conseil a pu, à juste titre, et sans contrevenir au principe d'égalité des usagers devant le service public, instaurer des droits d'inscription différents selon les revenus de la famille. Cependant, le Conseil d'État précise que les droits d'inscription les plus élevés devront rester inférieurs au coût réel d'un élève pris en charge pas le service public. Le Conseil d'État, par une décision du 29 décembre 1997, annule le jugement du Tribunal administratif de Paris, et rejette le déféré du préfet des Hauts- de-Seine. [...]
[...] Le Conseil d'État considère le principe d'égalité du service public comme un principe général du droit. Le Conseil constitutionnel lui donnera valeur constitutionnelle par un arrêt du 27 décembre 1973, la Cour européenne des Droits de l'Homme fait également application de ce principe. Aujourd'hui, ce principe a pu être contourné pour différents motifs sans méconnaître le principe d'égalité (CE du 29 décembre 1997, arrêt commune de Gennevilliers). B Une application parfois contournée À tout principe, existe exception, le Conseil constitutionnel a admis que pour des situations différentes, il y ait des différences de traitement. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture