La dignité de la personne humaine et la liberté individuelle

Extraits

[...] Une notion en réaction aux abus de l'autre En droit, la dignité n'existe que parce qu'il y a un excès de liberté. La dignité humaine peut exister en soi, mais elle réagit surtout face à l'excès de liberté. Finalement, le concept de dignité humaine est un rappel aux abus de liberté. Prenons le cas du clonage : un scientifique est libre dans ses fonctions de travailler sur des cellules humaines, qui plus est dans l'intérêt général. L'enjeu est la finalité de son travail, jusqu'où le scientifique est-il libre d'agir sur le corps humain ? [...]

[...] En revanche, au-delà de la décision des juges de punir des crimes contre l'humanité, et de fait, au nom du respect de la dignité de la personne humaine, l'idée d'une dictature de la dignité humaine serait hostile à toute idée de liberté individuelle. La dictature d'un principe fondamental ou la négation de l'Homme Le respect de la dignité de la personne humaine peut aller à l'encontre du consentement de l'individu et de sa volonté elle-même et s'ériger en véritable dictature. [...]

[...] En effet, la liberté individuelle peut se décliner en libertés invoquées dès la naissance, ou libertés civiques à partir de la majorité, et plus largement en liberté civile, économique et d'opinion. A l'inverse, la dignité humaine n'est pas quantifiable et divisible : dès lors celle-ci ne peut-être qu'absolue et prééminente. Une personne emprisonnée à la même dignité de la personne humaine qu'un citoyen exerçant ses pleins droits civils. La liberté se perd donc plus facilement que la dignité. Une atteinte à la dignité humaine fait perdre une de ses libertés individuelles. [...]

[...] Une liberté qui doit tout de même se suffire à elle-même Au regard de ce qui a été énoncé en amont, pouvons-nous affirmer que la dignité humaine suffit a consacrer la liberté et à la protéger? Nous serions tenter de répondre par la positive à l'aide de l'exemple précédent, or le fait d'être digne d'être libre pose un problème de crédibilité de la liberté. Supposer que la liberté individuelle a besoin de la dignité de la personne humaine pour exister serait affirmer que la liberté est une valeur moindre par rapport à la dignité de la personne humaine. [...]

[...] La limite est la notion de dignité de la personne humaine. On ne peut considérer le corps humain comme un objet, mais penser qu'il s'agit d'un être vivant dont il faut prendre en compte les souffrances lors des traitements. Dans un tout autre domaine, l'arrêt Morsang sur Orge du 27 octobre 1995 a interdit le lancer de nains au motif qu'il était une atteinte à la dignité de la personne humaine. Or, les nains ont jouit de leur liberté contractuelle, leur consentement était total, de plus le lancer était perçu pour eux comme une source de revenu. [...]