"Si la monarchie est possible, si vous pouvez montrer qu'elle est acceptable, proposez-la… Si au contraire, elle ne paraît pas possible, eh bien, je ne vous dis pas : proclamez la République. Mais je vous dis : constituez le gouvernement qui se trouve maintenant établi. Je ne vous demande pas de le déclarer définitif ; qu'est-ce qui est définitif ? Mais ne le déclarez pas non plus provisoire. Faites un gouvernement qui ait en lui les moyens de vivre. ». Ce discours prononcé par Henri Wallon en Janvier 1875 marque indubitablement la volonté consensuelle de l'époque de trouver un régime viable et stable. Il conviendrait à ce propos de relater brièvement ce qui conduisit à ce raisonnement. Suite à la défaite de Napoléon III à Sedan et sa capitulation, un gouvernement provisoire se dessine. En effet les élections du 8 février 1871 consacre un gouvernement intérimaire nommé "gouvernement de l'Assemblée nationale". Le 17 février M Thiers est nommé "chef du pouvoir exécutif de la République française", fonction qu'il exercera sous le contrôle de ladite l'Assemblée. Ce sont toutefois les lois constitutionnelles de Janvier 1875 qui feront naître un véritable régime républicain.
L'on ne peut, en parlant de la IIIè République oublier de mentionner qu'elle demeure, à l'heure actuelle la République qui réussit à se maintenir le plus longtemps. De 1870 à 1940 et l'arrivée du régime de Vichy, ce régime perdura 70 ans. Un paradoxe apparaît alors. Si la longévité de cette république est notoire, elle semble avoir accuée une profusion de crises et scandales qui scandèrent sa vie. Pour exemple l'on pourrait citer l'événement de la Commune en 1871, la crise sous présidence de Mac-Mahon du 16 mai 1877, l'affaire Dreyfus ou encore la scandale de Panama.
Ce questionnement mène de fait à une autre problématique : la IIIè République constitue-t-elle alors un régime équilibré, en a-t-elle les caractéristiques et éléments intrinsèques? Cette question nécessite en premier lieu de définir cette notion de régime équilibré. L'équilibre d'un régime se remarque principalement par sa séparation des pouvoirs. Montesquieu affirme alors : "Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de liberté". Cette séparation peut-être tant souple que rigide. L'équilibre s'obtient de plus par un bon agencement des organes, la non prééminence d'un par rapport à l'autre. Le contrôle réciproque des organes peut être de plus un gage de cet équilibre. Il convient d'étudier alors si la IIIè République remplie ces critères de classification.
C'est dans cette optique que nous verrons premièrement l'équilibre théorique du régime (I) pour s'intéresser pragmatiquement à la réalité du régime et voir ses dérives institutionnelles qui le conduise inéluctablement vers un régime d'assemblée, déséquilibré par nature. (II).
[...] Dérives institutionnelles, fondements d'un régime d'assemblée Des 1880 l'on peut assister à une rupture entre les lois constitutionnelles de 1875 qui instituaient un équilibre entre les différents pouvoirs et la réalité des pratiques institutionnelles. Il conviendrait de noter tout d'abord l'absence d'un véritable régime parlementaire. L'infériorité du chef de l'État, élu par la majorité parlementaire, ne permet pas au gouvernement de combattre le Parlement. Le Président de la République est incapable de le soutenir efficacement. L'abolition coutumière du droit de dissolution à partir de Grévy participe activement au déséquilibre des pouvoirs. [...]
[...] Le Parlement semble être alors tout puissant, intouchable. La multiplicité des partis politiques renforce l'incapacité d'action du gouvernement qui ne peut gouverner, ne disposant jamais d'une majorité stable et durable. Arrive alors un paradoxe, car le gouvernement ne pouvant gouverner correctement, le Parlement ne peut le faire tout seul. L'on remarque alors une sorte d'absence d'autorité à la tête de l'Etat. Le Parlement a donc du mal à légiférer efficacement. Cela peut être observé dans la profusion de textes vidés de leur importance dans les années qui précèdent la guerre de 1939. [...]
[...] Ce questionnement mène de fait à une autre problématique : la IIIe République constitue-t-elle alors un régime équilibré, en a-t-elle les caractéristiques et éléments intrinsèques? Cette question nécessite en premier lieu de définir cette notion de régime équilibré. L'équilibre d'un régime se remarque principalement par sa séparation des pouvoirs. Montesquieu affirme alors : "Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de liberté". [...]
[...] Mais je vous dis : constituez le gouvernement qui se trouve maintenant établi. Je ne vous demande pas de le déclarer définitif ; qu'est-ce qui est définitif ? Mais ne le déclarez pas non plus provisoire. Faites un gouvernement qui ait en lui les moyens de vivre. Ce discours prononcé par Henri Wallon en Janvier 1875 marque indubitablement la volonté consensuelle de l'époque de trouver un régime viable et stable. Il conviendrait à ce propos de relater brièvement ce qui conduisit à ce raisonnement. [...]
[...] Il apparaît donc indubitable qu'il existe deux IIIes républiques. Un des textes, des idées et des théories qui instaurent un régime équilibré, où les pouvoirs sont également répartis et séparés et ou la prévalence de l'un par rapport à l'autre n'existe pas. Puis il existe une seconde IIIe République, celle de la réalité des pratiques des institutions, des dérives institutionnelles, des coutumes politiques qui consacrent la domination du Parlement au détriment de l'exécutif. Pourtant, ce régime parlementaire équilibré commué en régime d'assemblée, bien qu'ayant perduré 70 ans, n'a pas réussi comme la Convention nationale à gouverner et a nourri de vives critiques envers le Parlement (voir les manifestations anti-parlementaires des années 1930) ce qui expliquera en partie l'arrivée d'un régime tel que Vichy, très autoritaire. [...]
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