Considérée comme un « hippogriffe impossible à maîtriser » par le professeur Philippe Rémy, la cause est également évoquée de manière humoristique par le professeur Rouastet dans sa célèbre citation « si vous avez compris la cause, c'est qu'on vous l'a mal expliquée ». Ces juristes montrent par leur citation la difficulté et la complexité que présente la notion de cause dans le droit français.
La cause est retenue par certains comme une spécificité du droit français. Si l'on se réfère à nos pays voisins, on peut s'apercevoir que le Code civil allemand ne mentionne pas la notion de cause, mais la doctrine en a développé une théorie.
[...] Concernant cette théorie française, aux termes de l'article 1108 du Code civil, la cause du contrat est une des quatre conditions de validité de ce dernier, afin que l‘individu soit protégé juridiquement et ne s'engage pas s'il n'y trouve pas un intérêt quelconque. Néanmoins, ce même code ne donne pas de définition précise de cette même notion de cause. Pour apporter un éclairage sur sa définition, on peut se fier à l'avis de Pothier, selon lequel la cause serait la réponse à la question curdebetur que l'on peut traduire par pourquoi m'engager ? [...]
[...] En effet, si l'on prendpar exemple la cause objective du contrat de vente, qui est pour le vendeur l'argent reçu en échange d'un bien. Selon cette cause, aucune illicéité n'apparait alors que l'argent peut être destiné à financer une opération criminelle, opération que l'on ne peut déceler qu'en se penchant sur la cause de manière subjective, sur la cause du contrat. Nous pouvons observer ce raisonnement dans l'arrêt rendu par la première Chambre civile de la Cour de cassation le 12 juillet 1989, dans lequel le juge considère un contrat nul, car le motif déterminant de l'engagement de l'acheteur était d'exercer une activité illicite. [...]
[...] La plupart des Etats européens méconnaissent la notion de cause. Ainsi, même si cette notion a connu une véritable évolution pour subsister dans le droit positif, le fait qu'elle ne soit pas partagée par de nombreux Etats semble en faire un frein à l'unification du droit communautaire. À ce titre, des projets de droit des contrats apparaissent sur la scène internationale, les projets Gandolfi et celui de la commission Lando ou encore plus récemment le projet national dit Chancellerie Ces projets présentent un abandon de la cause au profit de la notion de lésion qualifiée qui induirait que le juge devrait, pour pouvoir procéder à la rescision du contrat, apprécier la disproportion manifeste entre les prestations, la valeur du consentement lésé, ou encore la faute de l'autre partie. [...]
[...] C'est par elle que l'individu contracte, car il y voit un intérêt. Concrètement, on s'aperçoit qu'en réalité, la cause peut avoir deux significations, on peut trouver deux buts différents à la conclusion du contrat, deux buts matérialisés par deux théories : la théorie objective de la cause et la théorie subjective. Selon Jean Domat et si l'on se réfère à la théorie classique, lorsque le juge opère une appréciation objective de la cause, il s'agit d'une appréciation abstraite du mobile de l'obligation, d'où le fait que l'on parle traditionnellement de cause de l'obligation. [...]
[...] Néanmoins, malgré ces efforts d'origine jurisprudentielle, la notion de cause est toujours une notion sujette aux critiques. Une adaptation ne suffisant pas à renforcer une notion déjà fragilisée La notion de cause est critiquée depuis le 19e siècle déjà, par les anticausalités, emmenées par PLANIOL notamment. Ces derniers dénoncent la cause inutile Malgré le poids des années, et les évolutions théoriques énoncées précédemment, les critiques envers la cause sont encore à l'ordre du jour, et sa suppression du Code civil est toujours souhaitée par certains. [...]
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