Éthique animale, devoirs envers les animaux, statut moral, abattoirs, élevages industriels, spécisme, théorie de l'évolution, capacité à souffrir, intelligence animale, réglementation animale, droit des animaux, article 515-14 du Code civil, 528 du Code civil, Norbert Elias, Darwin
Le 28 janvier 2015, le statut de l'animal a été modifié dans notre Code civil passant de bien meuble à "être vivant doué de sensibilité". Cette modification traduit un changement notable dans la définition du rapport entre l'Homme et l'animal, en constante évolution. À cet égard, l'éthique animale, comme discipline étudiant le statut moral des animaux, nous invite à réfléchir sur notre responsabilité morale envers les animaux. L'Homme étant défini comme "un être appartenant à l'espèce animale la plus développée, sans considération de sexe" et l'animal comme un "être vivant, organisé, élémentaire ou complexe, doué de sensibilité et de mobilité", nous pourrions plutôt parler d'animal humain et non humain.
En effet, ces définitions montrent des similitudes, au coeur de la relation Homme/animal et du statut moral qui en découle. S'intéresser au statut moral des animaux apparaît particulièrement important aujourd'hui : par exemple, au regard des scandales récents révélant les pratiques dans les abattoirs ou dans les élevages industriels. Mais ces cas médiatisés ne sont qu'une partie du sujet et nous invitent plus largement à repenser notre rapport à l'animal. En effet, face à ces scandales, tout le monde s'accorde à dire qu'il faut agir et supprimer les abattoirs par exemple. Or, cette réponse immédiate ne remet que partiellement en cause le problème.
[...] À cet égard, au fil du temps, nos sociétés ont consacré de plus en plus de droits en élargissant sans cesse notre cercle moral. Ce processus analysé par N. Elias met en évidence plusieurs seuils de sensibilité[16] : les civilisations sont de plus en plus sensibles à la violence alors même qu'elle diminue. Selon lui, depuis le 18e, notre sensibilité envers les animaux ne cesse de s'accroitre. Par exemple, tout est fait aujourd'hui pour cacher l'exploitation animale : dans le cas des abattoirs par exemple, ceux-ci sont dissimulés et personne ne sait vraiment ce qui s'y passe. [...]
[...] Selon lui, l'animal ne souffre pas et n'a pas de conscience : l'Homme n'a donc aucun devoir envers l'animal. C'est aussi la thèse de Kant[6] qui exclut l'animal de la communauté morale considérant qu'il n'a pas de valeur intrinsèque. Aujourd'hui encore, cette vision de l'animal, soumis à l'Homme, perdure. En effet, l'animal est souvent un terme péjoratif : traiter un être humain d'animal c'est le réduire à des instincts primaires. L'animalité d'un Homme, pour vivre en société, est perçue comme dangereuse : on valorise alors le contrôle de soi ou la culture. [...]
[...] De ce fait, pour échapper à l'oppression humaine, il faudrait reconnaitre des droits à tous les animaux, comme ceux accordés aux Hommes. Dès lors que les animaux jouissent de droits, il faut en préciser la nature. À cet égard, M. Nussbaum[13] souhaite étendre la théorie de la justice aux animaux, en y appliquant sa théorie des capabilités. Ainsi, les animaux bénéficieraient aussi de dix capabilités fondamentales[14]. Les auteurs W. Lymlicka et S. Donaldson[15] appellent même à l'extension de la citoyenneté aux animaux pour permettre leur épanouissement réel et garantir l'effectivité des droits consacrés. [...]
[...] L'intérêt, défini comme la préférence fondamentale d'un Homme ou d'un animal, est celui de ne pas souffrir et est commun aux animaux et aux Hommes. Pour autant, sa portée diffère : seul l'Homme a un intérêt à vivre puisqu'il a des projets, alors que l'animal ne se projette pas dans le futur. Par conséquent, Singer reconnait l'égalité entre l'Homme et l'animal dans le but d'éviter la souffrance, mais pas pour le reste. C'est pourquoi tuer un animal n'est pas problématique tant qu'il ne souffre pas. [...]
[...] Pour autant, ce débat n'est pas qu'une réflexion théorique. En effet, en changeant le statut moral de l'animal, se pose la question de ses implications et notamment, dans le cas où les animaux seraient reconnus comme sujets, s'il faut leur accorder des droits. II. La nature des devoirs envers les animaux A. Les devoirs impliquent-ils forcément la codification de droit ? Dès lors que les auteurs tendent à reconnaitre l'animal comme sujet, ils avancent l'idée qu'il faut leur accorder des droits, que c'est notre devoir. [...]
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