Le plus souvent un dommage est la résultante de plusieurs événements qui se sont conjugués. Tous ces événements doivent être qualifiés de cause, cela dépend de la théorie retenue.
Au XIXe siècle, la doctrine allemande a élaboré plusieurs systèmes qui exercent toujours leur influence.
Dans la théorie de l'équivalence des conditions, est considérée comme cause, tout événement sans lequel le dommage ne serait pas survenu, « toutes conditions sine qua non ». Tous ces événements sont considérés comme équivalents (mis sur le même plan) car en l'absence d'un seul d'entre eux, le dommage ne se serait pas produit. Si parmi ces conditions figure la faute du défendeur, ce dernier sera jugé cause du dommage même si plusieurs autres facteurs se sont conjugués à cette faute.
Dans la théorie de la causalité adéquate : on opère une sélection parmi les causes du dommage. On ne retient comme cause que l'événement ou les événements qui devaient normalement conduire au dommage d'après le cours ordinaire des choses.
Le critère est la prévisibilité du résultat : car il faut un rapport adéquat (étroit, approprié) entre l'événement et le dommage.
Le juge apprécie après coup si la faute rendait ou non le dommage prévisible, c'est ce que les doctrines allemandes appellent un « pronostic objectif rétrospectif ».
[...] Mazeaud dans sa note explique que la réparation ne semble s'expliquer que par l'existence d'une assurance. - 2e civ février 1993 : même type de raisonnement que dans l'arrêt précédent. Contamination par le virus du sida d'un individu blessé dans un accident après transfusion sanguine. - De même 2e civ janvier 2000 : juge que le responsable de l'accident ayant provoqué des blessures à la colonne vertébrale doit réparer également la cécité oculaire qui a été la conséquence malheureuse de l'intervention chirurgicale rendue nécessaire par l'accident de circulation. [...]
[...] La contamination a deux causes : le centre et l'automobiliste. C'est toujours l'équivalence des conditions, appliquée entre les coauteurs. Le centre ne va pas supporter l'intégralité de la réparation, il pourra réclamer une partie de l'indemnité contre celui considéré comme l'unique auteur du dommage (automobiliste). - 2e civ janvier 2000 : applique la même théorie aux dommages subis par un enfant qui a pris un tuyau en fer sur un terrain et a pénétré sur un chantier ouvert au public. [...]
[...] N.B : Sous ses apparences scientifiques, on peut se demander si cette théorie définit vraiment le lien de causalité ou bien la faute, car si le dommage était normalement prévisible (c'est ça le critère), l'auteur n'est il pas en faute de ne pas l'avoir prévu ? Le risque est alors de confondre la faute et le lien de causalité. La Jurisprudence varie entre les théories. Elle semble souvent juger en équité intuitivement. la jurisprudence applique également la théorie de la causalité efficiente en recherchant les événements ou les causes qui ont joué un rôle prépondérant = cause génératrice du dommage. [...]
[...] La perte de chance est un préjudice spécial affecté d'un certain aléa. En matière médicale, la théorie de la perte de chance a été employée pour assouplir, voire éluder l'exigence d'un lien de causalité entre faute du médecin et dommage subi par le patient. - civ. 1ère 25 mai 1971 : le médecin a par sa mauvaise surveillance d'une accouchée fait perdre à cette mère de 7 enfants une chance de survie tout en relevant que la cause du décès est demeurée inconnue alors que le mari réclame la réparation de son préjudice constitué par le décès de sa femme, le juge n'admet que la réparation d'un préjudice moindre qu'il appelle la chance de survie. [...]
[...] - Cependant, l'arrêt n'énonce aucun principe et réserve le cas de circonstances particulières où le lien de causalité apparaîtrait suffisamment direct. - Du point de vue des théories, c'est le rejet de l'équivalence des conditions, car sinon on aurait décidé que sans la faute initiale, il n'y aurait pas eu vol, ni accident. Mais la Cour ne fait aucune allusion à ce qu'un propriétaire de voiture peut raisonnablement prévoir ou pas. C'est peut-être plutôt l'application de la causalité efficiente, car on recherche la cause prépondérante, c'est à dire en l'espèce la conduite du voleur produisant cet accident. [...]
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