Chacun s'est déjà penché sur son relevé de compte en banque et y a constaté que chaque opération enregistrée est assortie de deux dates, qui apparaissent de manière distincte sur les relevés de compte mensuels adressés par la banque.
La première - la date d'opération - est la date à laquelle le mouvement a été matériellement enregistré sur le compte : date de remise d'un chèque à l'encaissement, d'enregistrement d'un virement au crédit du compte, par exemple. C'est à partir de cette date que la banque apprécie si le compte est suffisamment approvisionné pour accepter ou refuser les paiements qui se présentent sur le compte.
La seconde - la date ou jour de valeur - est la date à laquelle ce mouvement est pris en compte pour le calcul des intérêts débiteurs éventuels : elle consiste à retarder artificiellement de quelques jours la date à laquelle une opération est créditée sur le compte et inversement à avancer de quelques jours la date à laquelle elle est débitée . Ce décalage revient donc à majorer la durée d'un découvert en compte, qui sert d'assiette pour le calcul des agios .
Les dates de valeur les plus couramment pratiquées par les banques sont selon l'AFEC les suivantes :
• Opérations au crédit
Versement d'espèces en agence…………………J traitement
Chèque remis…………………………………...J + 3 jrs ouvrés
Virement………………………………………..J + 1 jr calendaire
• Opérations au débit
Retrait d'espèces en agence…………………J traitement
Chèque remis…………………………………...J – 2 jrs calendaires
Virement………………………………………..J - 1 jr calendaire
Cette pratique n'a pas de fondement légal, mais résulte d'un usage ancien justifié par des délais techniques et administratifs de traitement. Selon la fédération bancaire française le 16 juillet 2001 : « il est d'usage constant que les établissements de crédit appliquent à leurs opérations avec la clientèle des dates de valeur, c'est-à-dire que la prise en compte de ces opérations pour le calcul des intérêts se fait avec un certain décalage par rapport au jour où elles sont effectuées. ».
Cet usage fut même réglementé par une autorité de tutelle, Le Comité Permanent des Banques en 1943, puis de 1951 à 1966 par Le Conseil National du Crédit. Depuis le 1 avril 1966, elles font l'objet d'une fixation contractuelle entre banquiers et clients (la concurrence fut rétablie par une décision du 18 mars 1966) .
Pendant longtemps, cette pratique a suscité peu de contentieux. Mais, ces dernières années, plusieurs décisions de justice l'ont mise à mal lorsqu'elle n'était pas justifiée par le traitement matériel des opérations. Inversement, en se fondant sur le même argument, la Cour de cassation a considéré que les dates de valeur appliquées aux chèques à l'encaissement étaient valables, compte tenu des délais de traitement et d'encaissement liés à la manipulation des chèques. Voyons plus précisément les détails de ce feuilleton jurisprudentiel.
En accueillant que partiellement la requête d'une association et de deux consommateurs, les jugements du 18 mai 2004 apportent enfin des précisions quant au champ d'application des dates de valeur (I) et quant aux fondements juridiques de la licéité de celles-ci (II).
[...] Ainsi le champ d'application national et européen du système des dates de valeur est encadré et réglementé. Intéressons nous alors à sa justification juridique : elle aussi a été très souvent controversée. I. Les justifications des dates de valeur Le principe des dates de valeur est réaffirmé par le Tribunal de Grande Instance de Paris. Le maintien des dates de valeur pour la remise des chèques repose sur une cause valide quand bien même elle ne serait pas exprimée dans le contrat, selon la jurisprudence. [...]
[...] /Oct p Actualité bancaire 1993, n°191, p : Le point sur les dates de valeur Site internet EUROPA : http://europa.eu.int/eur- lex/lex/LexUriServ/site/fr/com/2003/com2003_0718fr01.pdf Sur l'imputation des intérêts de retard dus par l'emprunteur et le jeu des dates de valeur : Cass. 1ère civ mars 1998, D. aff Les Petites Affiches n°102 du 10 sept.1993, p.9, Bilan provisoire d'une critique des dates de valeur (1ère partie), obs. Christian MOULY. AFEC : Association française d'étude de la concurrence. Les Petites Affiches n°111 du 15 sept.1993, p.9, Bilan provisoire d'une critique des dates de valeur (suite et fin), obs. Christian MOULY. Les Petites Affiches n°102 du 10 sept.1993, p.9, Bilan provisoire d'une critique des dates de valeur (1ère partie), obs. [...]
[...] p Rémanence de la controverse et constance de la jurisprudence en matière de dates de valeur, note d'Augustin BOUJEKA. 10 milliards de francs en 1993 : estimations du conseil national du crédit. Les Petites Affiches n°111 du 15 sept.1993, p5, Bilan provisoire d'une critique des dates de valeur (suite et fin), obs. Christian MOULY. Actualité bancaire 1993, n°191, p : Le point sur les dates de valeur. D.2004, jur. p Rémanence de la controverse et constance de la jurisprudence en matière de dates de valeur, note d'Augustin BOUJEKA. [...]
[...] Les banques ont donc pris acte et décidé de supprimer les dates de valeur pour tous les retraits et dépôts d'espèces au guichet. En revanche, pour les autres opérations, pour lesquelles la position de la Cour de cassation semblait incertaine, la plupart des banques continuaient leur pratique des dates de valeur. Cependant, selon l'association de défense des droits des consommateurs UFC-Que Choisir, cette pratique qui coûte globalement plusieurs millions d'euros aux consommateurs, ne se justifierait plus, dans la mesure où toutes les opérations bancaires se font désormais de manière quasi instantanée grâce au développement des outils informatiques. [...]
[...] Les clients devront être correctement informés à l'avance des frais qu'ils auront à payer en cas de virement transfrontalier et de tout changement de tarifs. Désormais, les frais des transactions en euro dans le marché intérieur seront les mêmes pour les paiements qui franchissent une frontière que pour ceux qui ont lieu à l'intérieur d'un État Membre. En effet, les frais bancaires pour les paiements en euro par carte, distributeur automatique, chèque ou virement restent chers et très supérieurs aux frais perçus pour les paiements nationaux. [...]
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