Syncrétisme, méthodologique, objectivité, science, droit, ontologie, normes, Kelsen, positivisme
Le syncrétisme des méthodes constitue-t-il un obstacle ou une condition à l'objectivité de la science du droit ? Autrement dit, doit-on suivre avec entre autres Kelsen, que l'objectivité de la science du droit ne passe que par une purification (et donc par un refus de syncrétisme méthodologique) de cette science ou doit-on, au contraire, ne devrions-nous pas penser que seule la position externe du sociologue (et donc naturellement syncrétiste) sera plus à même de garantir cette objectivité ?
Afin de répondre à notre question de la meilleure manière possible, nous diviserons notre réponse en deux axes bien distincts, dont le seul point commun sera le positivisme. Ainsi, dans un premier temps, nous appréhenderons le syncrétisme des méthodes comme un obstacle épistémologique à l'objectivité de la science du droit. Pour cela, nous nous rangerons du côté des tenants d'une ontologie hylétique du droit (nous reviendrons évidemment plus en profondeur sur ce terme). Dans un second moment, nous appréhenderons le syncrétisme des méthodes comme une condition sine qua non de l'objectivité de la science du droit. Pour cela, nous partirons du postulat que si l'on veut avoir une image aussi complète que possible de cette objectivité, il faudra accepter d'inclure des phénomènes subjectifs dans le champ de l'observation. Nous aurons tout le loisir de définir et présenter ces phénomènes subjectifs, ainsi que leur place dans la recherche d'objectivité. Pour cela, nous nous rangerons du côté des tenants d'une ontologie expressive du droit (nous reviendrons évidemment plus en profondeur sur ce terme). L'ontologie aura cela d'important qu'elle jouera le rôle de principe axiologique au sein de la science et en influencera les méthodes. Dans un cas comme dans l'autre, nous prendrons bien sûr soin de préciser la conception de l'objectivité qui se dégage du rapport de la science du droit au syncrétisme des méthodes. Nous prendrons également soin de la faire coïncider en permanence avec celle proposée en introduction (...)
[...] On retrouve des théories prônant la loi comme source du droit chez plusieurs auteurs. Par exemple, dans sa Théorie pure du droit, Hans Kelsen souligne le caractère législatif de l'ordre juridique lorsqu'il écrit : L'ordre juridique n'est pas un système de normes juridiques placées toutes au même rang, mais un édifice à plusieurs étages superposés ( Dans les droits étatiques modernes, la création de normes juridiques que règle la Constitution au sens matériel a un caractère de législation. La règlementation de cette législation par la Constitution contient la détermination de l'organe ou des organes investis du pouvoir de créer des normes juridiques générales les lois et les règlements. [...]
[...] KELSEN, Hans. Qu'est-ce que la théorie pure du droit in Droit et Société n°22/1992. Trad. De Philippe Coppens. KELSEN, Hans. Théorie pure du droit, seconde édition, trad. Fr. de Ch. Eisenmann (1962), LGDJ Paris. [...]
[...] Elle a une double constitution que l'on retrouve dans la doctrine Gény, à savoir une constitution d'ordre matériel et une d'ordre psychologique. L'élément matériel consiste en un comportement résultant d'un usage répandu dans le temps d'une part et dans l'espace d'autre part. Autrement dit, la coutume doit naître d'un usage local dont la répétition s'étend dans la durée. L'élément psychologique intervient quant à lui à partir du moment où l'usage devient coutume (dans la mesure où cela se produit à partir du moment où on le croit obligatoire). [...]
[...] Mais plutôt que de le voir comme quelque chose de néfaste pour la science du droit, ne devrions-nous pas en prendre acte et de l'envisager comme le prix à payer pour une science du droit crédible d'une part et utile d'autre part ? C'est dans cette position que nous nous plaçons pour penser, avec les héritiers de Saleilles et Gény, mais également avec la Sociological Jurisprudence et les réalistes américains, qu'il semble nécessaire, pour décrire le droit (comme c'est l'objet de la science du droit), de ne pas se cantonner au purement logico-juridique et s'ouvrir aux autres disciplines cognitives. Autrement dit, nous pouvons affirmer que le syncrétisme méthodologique constitue une condition sine qua non à l'objectivité de la science du droit. [...]
[...] Ainsi que nous pouvons le résumer, Kelsen a construit une science du droit opposée à la sociologie. Paradoxalement, il est positiviste et très hostile à la sociologie juridique qui, pour lui, n'est pas une science. Par conséquent, la science de Kelsen se veut absolument autonome et productrice de connaissances nullement trouvables ailleurs ; c'est d'ailleurs dans la mesure où elle s'attache à décrire le droit comme système de normes que nous pouvons parler de la conception kelsénienne comme d'une conception normativiste du droit. [...]
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