L'ouvrage d'Alain Supiot est une réflexion sur la fonction du droit. Il définit le lien juridique comme une structure fondamentale de toute société. Le lien juridique unit chacun à chacun et constitue ainsi les fondements de la société puisque l'aspiration à la justice est une donnée anthropologique commune à tous. Le droit s'impose comme médiateur entre les hommes et la société et permet ainsi de la prémunir contre les conflits. La fonction du droit dans les sociétés occidentales est donc avant tout anthropologique. De plus, le droit est par nature dogmatique puisqu'il trouve sa justification dans une croyance : Dieu, ou dans les sociétés occidentales contemporaines, l'humanité.
Dans les démocraties occidentales, chaque homme est un « homo juridicus ». Bien loin de chercher un modèle équivalent à celui de l'homo œconomicus, qui aurait pu servir de base à des raisonnements scientifiques ayant pour objet de révéler les lois immuables de la justice, Alain Supiot cherche dans ce livre ce qui menace le lien juridique dans sa fonction sociale structurante.
[...] La règle de droit, elle, a une fonction de s'interposer entre les hommes. Elle empêche chacun de réaliser ses fantasmes de meurtre et de toute puissance qui menaceraient la société. Le droit est donc ciment de la société parce qu'il repose sur un dogmatisme partagé par tous. L'empire des lois : dura lex, sed lex Le droit est un système de règles alors que la loi, elle, peut désigner une de ces règles de droit ou bien une causalité supposée universelle, pour les sciences. [...]
[...] Du bon usage des droits de l'Homme Les droits de l'Homme sont une construction intellectuelle propre à l'occident. Cette croyance n'est pas plus légitime que la croyance en un Dieu, qui, elle aussi, fonde beaucoup de systèmes juridiques. Les doits de l'Homme pour les occidentaux une sorte de religion de l'humanité[5] un dogme. C'est la supériorité technique de la civilisation occidentale lui a permis de diffuser cette moralité en la prétendant universelle. Pour sortie de ce paradoxe, Alain Supiot propose d'utiliser les Droits de l'Homme comme instrument de médiation entre les cultures. Ainsi, l'anthropologie devrait devenir diplomatique. [...]
[...] Homo Juridicus, essai sur la fonction anthropologique du droit par Alain Supiot L'auteur Alain Supiot est spécialiste de droit social. Il enseigne à l'université de Nantes. Il obtient une licence en sociologie en 1972 et un doctorat d'Etat en droit à Bordeaux en 1979. Sa thèse portait sur Le juge et le droit du travail Il passe avec succès l'agrégation de Droit en 1980. Sa carrière est marquée par de nombreux séjours à l'étranger : à Berkeley (Californie) en 1981, à Florence de 1989 à 1990 et à Berlin de 1997 à 1998. [...]
[...] I Dogmatisme juridique : nos croyances fondatrices La première partie du livre montre que le droit est un paramètre fondamental de toute société. En cela, le droit acquiert une fonction anthropologique. La signification de l'être humain : Imago Dei L'homme, seul, a la faculté de donner un sens à son environnement. Ensuite, les hommes peuvent partager les sens entre eux et entre générations grâce à la transmission que permet le langage. Pourtant, sa subjectivité est bornée par son sexe, son corps et la mort. [...]
[...] Ce fonctionnalisme détruit peu à peu la souveraineté et avec elle, le centralisme juridique. Alain Supiot explore néanmoins la possibilité du droit de se passer d'Etat. Le droit de la concurrence est désormais transnational, ainsi que le règlement des différents, c'est-à-dire ce qui garanti ce droit. Seulement, le droit de la concurrence se cantonne aux biens et services. Pourtant, un ordre juridique doit de se pencher sur l'homme, ce qui ne peut être légitimé que par la volonté générale. La liberté de contracter est elle aussi mise à mal. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture