Les sociétés contemporaines se sont données pour mission de regarder en face leur passé. Le devoir de mémoire a atteint son apogée au travers de lois figeant à jamais le souvenir. Cependant, jusqu'où va la mémoire et y a-t-il aujourd'hui une place à l'oubli ?
[...] Pour s'investir dans l'avenir, pour approcher de nouveaux projets, l'Homme doit pouvoir se délester du poids du passé. Une conscience trop lourde de mémoire est incapable de saisir les nouvelles possibilités qu'offre le présent et renonce à se transformer. "Pour pouvoir vivre, il fallait retrouver le sommeil, alors je crois que la plupart d'entre nous, je ne pense pas que ce soit le cas de tous, mais la plupart d'entre nous a éloigné le cauchemar. Nous avons pris une distance avec cette période, simplement pour pouvoir survivre." (Anise Postel-Vinay, propos recueillis en 1992 lors d'une journée d'études sur la déportation.). [...]
[...] En retenant ce point, on se rend alors compte de la dimension principalement symbolique de la démarche d'élaboration des lois mémorielles. En effet, l'objectif premier n'est pas forcement la volonté de sanctionner juridiquement et concrètement les comportements passés de la Nation et de ses membres. Exemples de lois mémorielles dans les pays occidentaux Les Nations européennes ont connu ces dernières années une production importante de normes tendant à reconnaître des faits du passé afin de soulager les victimes. En voici quelques exemples. [...]
[...] Le 7 mai 1802, Louverture signe à Cap-Haïtien avec les Français un traité qui stipule notamment que l'esclavage ne sera pas rétabli sur l'île. Il se retire alors dans son domaine d'Ennery. Trois semaines plus tard, Leclerc arrête Toussaint Louverture, soupçonné de complot et de rébellion, ainsi que sa famille. Un navire de guerre les conduit alors en France. Le 25 août 1802, Toussaint est emprisonné au Fort de Joux, dans le Doubs, où il sera maintenu isolé et soumis à des interrogatoires répétés. Il y mourra d'une pneumonie le 7 avril 1803. [...]
[...] Les historiens s'étant émus de la loi de février 2005 avaient d'ailleurs tenté de définir la démarche de l'historien dans le fameux manifeste publié dans Libération. "Emus par les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l'appréciation des événements du passé et par les procédures judiciaires touchant des historiens et des penseurs, nous tenons à rappeler les principes suivants. L'histoire n'est pas une religion. L'historien n'accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant. L'histoire n'est pas la morale. [...]
[...] ) "L'histoire n'est pas la mémoire. L'historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes, les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et établit les faits. L'histoire tient compte de la mémoire, elle ne s'y réduit pas. L'histoire n'est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l'Etat, même animée des meilleures intentions, n'est pas la politique de l'histoire" ( . [...]
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