Le droit peut être considéré comme une oeuvre de la société qui cherche nécessairement à établir une certaine stabilité, ou plus exactement qui aspire à construire et à s'appuyer sur des certitudes. Et dans cette optique le droit joue comme un mode de régulation de la vie sociale qui assure une lisibilité en conférant une sanction ou non à tel comportement. C'est ici une conception, sommairement exprimée, qui met en évidence la nature anthropologique du droit, et donc ses rapports avec la nature de l'homme en tant qu'être pour-soi et en tant qu'« animal social ». Cette représentation est très répandue au sein du corps social et même parmi les juristes. D'ailleurs, une telle représentation préfigure l'analyse du droit à travers la notion de système juridique omniprésente dans la culture juridique occidentale, que ce soit dans la tradition de droit romain comme dans celle de Common Law.
Cette notion de système juridique présente en effet un lien très étroit avec l'idée d'ordre ou de structuration dans la mesure où la caractéristique essentielle de tout système consiste en un ensemble d'éléments dont on peut dire qu'il répond à une organisation bien déterminée.
[...] Il n'est pas question ici d'identifier les fondements de cette norme, on peut simplement avancer qu'elle trouve une transcription dans l'ordre positif du droit dans la mesure où la norme fondamentale, qu'elle soit ou non de nature constitutionnelle, remplit ce rôle. Dans ce cadre, la norme fondamentale assure une certaine unité logique puisque la cohérence entre les normes découle de la référence à ce standard commun. Si l'on prend le cas de figure de la France, on observe que la Constitution de 1958, ou plutôt le "bloc de constitutionnalité" se trouve au sommet de la hiérarchie des normes juridiques, et toute norme juridique valide du système français est supposée conforme aux dispositions de ce modèle référent. [...]
[...] Leurs relations ne jouent pas exclusivement selon un lien hiérarchique de supériorité et d'infériorité. Il convient donc de relativiser la portée de l'uniformité, telle que présentée précédemment, car l'ordre hiérarchique n'est qu'un élément de tout un ensemble bien plus complexe faisant des normes juridiques des règles dont les relations réciproques peuvent être différentes et plus compliquées que le simple rapport de subordination. Et la complexité qui peut ressortir de la représentation du système juridique peut être mise en lumière avec l'idée selon laquelle le système juridique se caractérise comme un système "ouvert" en interaction avec d'autres paramètres. [...]
[...] En effet, le droit tel que conçu par Kelsen suppose l'unicité formelle des normes dès lors que leur validité découle exclusivement de leur origine constitutive. Toute norme juridique d'un système considéré n'a de caractère juridique que parce qu'elle provient d'une autre norme juridique qui lui est supérieure, ceci jusqu'à aboutir au postulat de la norme fondamentale, ce que Kelsen désigne comme la Grundnorm. Pour autant, peut-on affirmer que la notion de système juridique est de nature à renvoyer une représentation uniforme du phénomène juridique ? Et dans quelle mesure le corpus juridique peut-il se concevoir comme un ensemble homogène ? [...]
[...] Or, l'État rend bien compte de l'uniformité du droit dans la mesure où il met en oeuvre des catégories de rattachement qui constituent les critères d'appartenance des objets régis par le système juridique. Deux situations peuvent ainsi se présenter, soit la personne, la situation ou l'objet se révèle conforme aux critères d'appartenance fixés et donc peut se voir appliqué une norme issue du système juridique considéré, soit l'objet en cause n'entre pas dans la catégorie posée et auquel cas il ne peut être affecté par la norme du système attachée à cette catégorie. [...]
[...] La logique modale est susceptible d'apporter des éléments de précision importants, car le système juridique est basé sur une structure éminemment normative. On peut considérer que le système juridique repose sur une construction normative autour de certains principes, à savoir l'obligation positive, la non-obligation ou faculté, l'obligation négative et la non-interdiction ou permission.[12] Indépendamment de la question de la pertinence de ce modèle, il s'avère que la représentation du droit qu'il exprime présente une certaine uniformité, car il tend à nier de possibles lacunes du système juridique. [...]
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