L'expert, dans le sens commun, est perçu comme celui qui détient une compétence. Il est celui qui maîtrise un savoir, doublé d'un savoir-faire, dans un secteur particulier, de manière habituelle ou occasionnelle. L'expert mandaté, se voit accorder une autorité de jugement fondée sur la reconnaissance d'une compétence à le faire. C'est l'ordonnance de Blois de 1579 qui statue pour la première fois sur la finalité des expertises « dorénavant, en toutes matières ou il sera question d'informer et de faire preuve par témoins de la valeur de quelques choses, seront tenues les parties d'une part et d'autre, convenir de gens experts connaissant ; et, à faute d'en convenir, seront nommés d'office par le juge à des individus disposant de qualités particulières, autorité et légitimité pour accompagner la production de preuves sur lesquelles fonder un jugement à caractère officiel. »
L'expertise scientifique exerce une pression considérable non seulement sur le législateur mais aussi sur l'opinion publique d'où l'importance d'un questionnement critique sur le travail de l'expert.
Le savoir scientifique est le garant d'une compétence à évaluer. A ce crédit donné par la science s'ajoute l'autorité de décision qu'accorde le législateur au scientifique.
Mais l'expertise en tant qu'enjeu de pouvoir peut être contrée par la contre-expertise. Ce croisement des analyses pose non seulement le problème de la crédibilité des expertises mais nous conduit à nous interroger sur la juste utilisation d'un savoir expert.
[...] L'expert prend la place du politique là où il n'a pas les connaissances requises pour évaluer une situation. L'expertise guide le politique dans sa prise de décision. C'est en ce sens que l'expert acquiert une double légitimité : l'une due à ses connaissances, et l'autre due à la fonction que le pouvoir en place lui accorde. C'est suite au travail de l'expert que le politique pourra formuler un jugement officiel. L'exercice du pouvoir est donc soumis aux conclusions des expertises. [...]
[...] La place du commanditaire est de plus en plus prise en compte dans le jugement que peut se faire la population sur les résultats des expertises. La place de l'expert en tant que conseiller du Prince l'implique dans des processus étatiques qui ne sont pas de son fait, il perd ainsi de son autonomie. Cependant, la science ne doit pas pour autant devenir objet de tous les maux. Les résultats des expertises doivent au contraire se confronter afin de mieux appréhender les différents paramètres d'une même situation. [...]
[...] Par exemple, Aucune contre-expertise des ONG environnementalistes n'a été trouvée dans les archives de la commission auxquelles le groupe de travail de Sabine SAURUGGER a eu accès. La crise de l'expertise Expertises et contre-expertise Comme nous venons de le voir, L'expertise est surtout sortie de l'ombre avec les contestations des grands choix technologiques, en particulier dans le domaine énergétique et les accidents qui ont suivi. L'accident de Tchernobyl en 1986 est l'exemple le plus éloquent. L'association entre progrès et sciences a été mise à mal d'où l'émergence de craintes chez les citoyens et de contre-expertises critiques. La science est déchue de son statut noble et omniscient. [...]
[...] Mais c'est là que se jouent bon nombre de paradoxes. C'est vers la science que l'on se tourne pour résoudre les problèmes qu'elle engendre. L'expertise citoyenne Les mouvements contestataires de citoyens regroupés sous formes associatives ne sont pas une expérience nouvelle, mais suite aux grands bouleversements technologiques et scientifiques et à l'omniprésence de plus en plus palpable du Droit dans nos sociétés contemporaines, les militants ont dépassé le stade d'un militantisme traditionnel pour acquérir celui d'expert. Claudia DUBUIS synthétise ce phénomène à travers l'expression de militantisme de dossier Les associations se dotent de professionnels afin d'être en mesure de produire des contre-expertises capables de remettre en question la parole étatique. [...]
[...] La crédibilité due au savoir scientifique La crédibilité de l'expert se fonde sur un savoir savant, scientifique. Il peut s'agir de disciplines très diverses comme les sciences sociales ou économiques mais aussi et surtout : les sciences de la vie et de la terre. L'évaluation des politiques publiques nécessite bon nombre d'expertises liées aux sciences sociales mais c'est surtout l'évaluation des risques techniques et scientifiques qui a propulsé l'expert sur le devant de la scène publique. La culture scientifique de notre pays accorde un crédit immédiat à l'investigation scientifique, la confiance que l'on accorde aux sciences dites exactes (ce qui d'emblée pose problème car la biologie et la médecine ne se sont jamais, à juste titre, positionnées ainsi) place l'expert dans une position surplombante qui garantit une adhésion sans faille à ses conclusions. [...]
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