La question de la garde alternée soulève, depuis la loi du 4 mars 2002, des polémiques diverses et des avis différents. En France, l'Association française de psychiatrie, qui regroupe 3 500 praticiens considère cette loi comme irréaliste et dangereuse, ne marquant pas les différences de besoins entre un jeune et un adolescent.
Dans un colloque récent, nous avons pu faire la synthèse des principaux travaux des spécialistes de l'enfance et proposons d'en rapporter ici les principales lignes.
[...] La rupture du cordon ombilical ne signifie pas, et de loin, la prise d'autonomie. Il existe chez le nourrisson une très grande immaturité physiologique. Il garde par exemple un certain nombre de réflexes archaïques (comme la succion qui peut perdurer). Pendant au moins les neuf mois qui vont suivre la naissance, le nourrisson vit dans une complète indifférenciation corporelle et psychique avec son propre entourage, avec sa mère en particulier (ou son substitut). Il n'existe pas de différence entre moi et non-moi. [...]
[...] La loi permet une certaine souplesse, elle ne dit pas que le partage doit être égal ; toutes les répartitions sont possibles. Certains parents optent pour une alternance une semaine/une semaine, d'autres un mois/un mois, voire six mois/ six mois . D'une manière générale, il reste évident que c'est plutôt aux adultes de s'adapter à l'état psychologique de l'enfant et non l'inverse. La pratique de la résidence alternée s'est développée dans les milieux les plus prédisposés aux séparations consensuelles. En conclusion, ce mode de garde est réussie et remplit ses objectifs s'il préserve un principe de base : l'intérêt de l'enfant. [...]
[...] Le passage de chez un parent à l'autre ne doit pas se faire de façon brutale, mais préparée. Pour les plus jeunes, il est bon de donner des repères visuels, qui lui permettront de se repérer concrètement ; par exemple, en dressant un calendrier avec des gommettes de couleurs différentes pour les jours chez papa et ceux chez maman . Une telle garde, lorsqu'elle est réalisée selon ces critères, est bénéfique. Elle peut développer l'autonomie, les prises de responsabilité chez l'enfant qui doit penser lui-même à son organisation matérielle. [...]
[...] Avec le père, il y a des échanges physiques mais pas de la même nature (contacts corps à corps plus brusques, plus discontinus). La mémorisation De 0 à 3 ans, la mémorisation est peu efficiente. Un jeune enfant ne peut conserver plus d'une journée un souvenir. S'il quitte au-delà le personnage maternel, il ressent un sentiment d'insécurité et d'abandon. A partir de 3 ans jusqu'à 5 ans, démarre une période d'opposition et d'affirmation de soi. L'enfant acquiert une plus grande autonomie, il se socialise, acquiert le langage. Les possibilités dites de triangulation permettent l'accès à l'oedipe. [...]
[...] Wallerstein et Blakelée (1989) Les transitions entre deux maisons renforcent l'angoisse vécue autour de la constance et de la fiabilité des personnes. Solomon et George (1999) montrent, sur 145 enfants âgés de 12 à 20 mois, puis revus de 24 à 30 mois que les enfants de parents divorcés qui passent régulièrement une ou des nuits avec leur père ont des comportements qui traduisent la constitution d'un mode d'attachement beaucoup plus insécurisé que les enfants de parents divorcés qui ne passent pas de nuits chez leur père, et que les enfants de couples non divorcés. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture