En cette fin d'année 1689, la Grande-Bretagne vient d'ouvrir une nouvelle page de son Histoire. Le Bill of Rights proclame l'avènement de la première monarchie parlementaire. Ce régime, qui sera un modèle en Europe et aux Etats-Unis, est encore un régime présidentiel plus qu'un régime parlementaire. Le Roi détient alors deux moyens d'action à l'encontre du pouvoir législatif : d'une part le droit de veto, et d'autre part une prérogative de dissolution de la première Chambre. A contrario, le législatif n'a pas la possibilité d'agir à l'encontre du Roi. Il faut cependant noter que le régime issu de la Glorieuse Révolution était bien un régime parlementaire. Mais dans la pratique, la corruption s'était emparée des parlementaires dans le but d'éradiquer la procédure d'impeachment, unique moyen d'action à l'encontre du pouvoir exécutif.
[...] Il s'agit de normes juridiques constitutionnelles, parmi lesquelles la Magna Carta de 1215, la Petition of Right de 1628, le Bill of Rights de 1689 ou encore l'Act of Settlement de 1700 concernant les pouvoirs du souverain. Notons aussi les normes conventionnelles, dites Conventions de la Constitution non écrites, issues de la pratique politique. C'est l'évolution de ces normes au cours des siècles qui a amené le régime britannique à devenir moniste. En effet, le rôle politique du monarque a vu ses attributions s'estomper pour n'être aujourd'hui qu'un élément symbolique. Malgré ses nombreuses prérogatives royales, le souverain ne saurait les exercer sans le contreseing du Premier Ministre. [...]
[...] D'un point de vue parlementaire, le régime britannique est bicaméral. La chambre basse étant la Chambre des Communes, composée des représentants du peuple ; et la chambre haute étant la Chambre des Lords, composée de la noblesse du pays, lignées historiques considérées comme les Sages du Royaume. Ces deux chambres parlementaires constituent le pouvoir législatif. Le pouvoir exécutif, bien que bicéphale, est exercé par le Premier Ministre, au sein du Cabinet. On parle d'exécutif dyarchique. Ce sont des organes clés du pouvoir, destinés à déterminer et conduire la politique de la Nation Le Cabinet est composé d'une poignée de ministres, désignés par le Premier Ministre, qui composent la tête pensante et mettent en application le programme de la majorité parlementaire. [...]
[...] Ajouter à cela la surreprésentation du parti majoritaire des suffrages, mais 63% des sièges, il en résulte un véritable monopole de la majorité. Ainsi, le mode de scrutin génère des inégalités importantes au profit du Premier Ministre. Celui bénéficie alors d'une écrasante majorité, qui ne saurait s'opposer à son leader. Le Cabinet est donc devenu la véritable clé de voûte du régime, exerçant de surcroît un grand nombre de prérogatives autrefois décernées au souverain, et pouvant compter sur le soutien d'une majorité disciplinée. [...]
[...] On parle même aujourd'hui de gouvernement de Cabinet. Il convient aussi de préciser que depuis plusieurs décennies, le style de gouvernement du Prime Minister a évolué. Il s'agit d'un gouvernement plus personnel, au seing d'un Cabinet dont la composition se voit être déterminée selon le bon plaisir du Premier Ministre. Celui-ci, au moyen de nombreux remaniements s'entoure de collaborateurs dévoués, et non plus critiques. Cette autorité est aussi renforcée par le contrôle qu'exerce le Premier Ministre dans des domaines clés : économie, défense Ainsi, le Premier Ministre assure un véritable leadership politique, dont les décisions sont parfois l'initiative d'un seul homme (ou femme) : Mme Tatcher en 1982 décida seule, sans même en informer le Cabinet, de la Guerre des Malouines. [...]
[...] Un régime de type majoritaire, cadre du bipartisme Le régime parlementaire britannique repose sur sa caractéristique majoritaire. Boris Mirkine-Guétzévitche écrivait : Le sens politique du parlementarisme se définit par une seule formule : la majorité doit avoir son exécutif, son cabinet Les causes de ce parlementarisme majoritaire reposent essentiellement sur deux éléments : d'une part le mode de scrutin, d'autre part, le système de partis. Comme dans la plupart des pays anglo-saxons, le scrutin majoritaire à un tour a été adopté. [...]
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