Pensée juridique, rôle du juge, théorie du droit, États-Unis, Common Law, Jean Bodin, Thomas Hobbes, Jean-Jacques Rousseau, théorie classique, décision de justice, force créatrice, ingénierie sociale, utilitarisme, morale
La place du juge dans un système de common law, à l'instar de celui des États-Unis, est particulièrement centrale, dans la mesure où le précédent jurisprudentiel y constitue la source de droit la plus importante. Pour autant, la doctrine juridique y a longtemps déconsidéré le rôle du juge, de même que dans les pays de tradition civiliste.
[...] Dworkin, selon lequel l'interprétation du droit par le juge se fait toujours au nom des principes auxquels celui-ci se réfère implicitement au moment de dire le droit. Chaque juge se réfère en effet nécessairement à une certaine théorie du droit, celle-ci étant porteuse d'une normativité propre. Cette « attitude interprétative » donne son orientation au droit, qui se traduit dans la pratique en orientant les comportements sociaux. [...]
[...] Le syllogisme juridique rend parfaitement compte d'une telle conception du droit, la majeure (la règle de droit) intervenant en premier, la mineure (les faits) en second, et la conclusion étant supposée offrir la solution logique à cette confrontation entre règle et faits. Le juge, « bouche de la loi », y est ainsi considéré comme procédant à la manière d'un algorithme, selon une perception « mécanique » de son rôle que l'on retrouve aujourd'hui dans l'emploi de logiciels dans le cadre judiciaire. [...]
[...] Ainsi, la question à laquelle se veut répondre cet essai est la suivante : en quoi l'évolution du rôle du juge dans la pensée juridique américaine constitue-t-elle un renouvellement profond de la théorie du droit dans son ensemble ? Passant d'un rôle formaliste, mécaniste comme applicateur strict de l'essence de la règle de droit à celui de créateur de droit, le juge devient un acteur majeur de la théorie du droit La question de l'objectif même de la décision de justice se pose dès lors, (ré)introduisant les notions d'utilité sociale et de morale au sein de la science juridique (II). [...]
[...] Cette approche descriptive se redouble d'une approche normative tendant à guider cette fonction créatrice du juge en fonction de principes extra juridiques relevant de l'utilitarisme ou de la morale. Entre utilitarisme et morale : la question de l'objectif de la décision de justice Cette nouvelle fonction accordée au juge lui a conduit à légitimer sa responsabilité spécifique dans la conduite des affaires de société. Son activité judiciaire créatrice de droit lui offre un possible statut de réformateur, mais les principes qui les sous-tendent oscillent, selon les auteurs, entre l'utilitarisme enjoignant au juge d'entreprendre une « ingénierie sociale » scientifiquement fondée et la morale lisant son activité à la lumière de principes de justice transcendants Le juge et l'ingénierie sociale L'essor des sciences « dures », ou sciences de la nature, et le développement en conséquence du courant pragmatique se sont déroulés parallèlement à celui de la sociological jurisprudence et du réalisme. [...]
[...] L'expression la plus marquée de ce déplacement de la discipline revient à O.W. Holmes, juge fondateur du courant sociologique, déclarant : « la prédiction de ce que feront les tribunaux, et rien de plus extraordinaire, voilà ce que j'appelle droit ». D'autres auteurs, plus nuancés, laisseront à la loi et au précédent un rôle important, mais insisteront sur la nécessité de dépasser la « law in books » en accordant une importance au moins égale à la « law in action », selon le modèle de la « co-législation » entre juge et législateur (B. [...]
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