« Berlin, capitale du foot et des prostituées », titrait Le Monde le 26 février 2006, avant de publier le 7 juin une lettre ouverte de l'avocate féministe Gisèle Halami à la Chancelière Allemande Angela Merkel, tandis que Libération, le 17 juin, détournait le nom du mouvement Ni putes ni soumises pour titrer « Ni but ni soumise ». Comme on peut le voir à travers ces articles, le recrutement en masse de prostituées en Allemagne pour la Coupe du monde de football en juin 2006 a choqué dans la plupart des pays européens. La prostitution est pourtant une activité légale et réglementée en Allemagne depuis le 1er janvier 2002.
Le statut juridique allemand du système prostitutionnel est majoritairement critiqué en France, notamment par les féministes qui accusent la loi allemande de favoriser une atteinte à la dignité humaine et de normaliser la commercialisation du sexe. Cependant, on peut se demander si la reconnaissance juridique de la prostitution n'est pas favorable aux conditions de vie et de travails de ces « travailleuses du sexe ».
Deux types de pensée s'opposent alors : la prostitution est-elle une forme d'exploitation qui doit être supprimée ou bien une activité nécessaire qu'il faut réglementer? A partir de ces deux conceptions se sont développés différents régimes juridiques de la prostitution : les régimes prohibitionniste, abolitionniste et réglementariste. La France, ayant actuellement un régime de tendance abolitionniste, a connu une avancée vers le prohibitionnisme avec la Loi sur la Sécurité Intérieure de 2003, dont le bilan est mitigé. En même temps, l'Union Européenne semble se tourner de plus en plus vers le réglementarisme. Quel régime adopter aujourd'hui pour permettre une meilleure protection des prostituées, qu'elles soient « victimes » ou « consentantes » ?
[...] Cependant, les moyens de pression des réseaux de prostitutions demeurent très violents, décourageant les prostituées de les dénoncer. Par exemple, les proxénètes peuvent menacer les prostituées de faire subir des violences à leur famille. Les prostituées préfèrent ainsi mentir et se faire expulser, puis revenir plus tard, afin de rembourser les dettes qu'elles ont auprès de leur proxénète : souvent près de 45000 euros, représentant leur voyage, leurs papiers et leur hébergement. Selon Nicolas Sarkozy, durant les sept mois suivant la mise en application de cette loi, soixante- sept proxénètes ont été mis en prison et treize réseaux ont été démantelés. [...]
[...] Il est donc nécessaire d'offrir une protection policière aux prostituées. Or, si cette protection peut être en France partiellement réalisable dans le cadre du Code pénal, les prostituées étrangères en situation irrégulières, victimes de la traite des blanches, ne peuvent compter sur aucun soutien policier. Elles sont simplement reconduites à la frontière si elles sont contrôlées. Il est impératif de mettre en place un système protégeant les victimes étrangères des réseaux de prostitution. En Belgique, par exemple, la loi du 13 avril 1995 relative à la traite des êtres humains, prévoit la possibilité pour ces victimes d'être accueillies dans des centres spéciaux où on les aide aussi bien psychologiquement que juridiquement.[11] 3. [...]
[...] En des prostituées sont des étrangères. La principale évolution récente est due à l'arrivée en masse depuis l'effondrement du bloc soviétique de prostituées des pays d'Europe centrale et orientale, qui représentent la moitié des prostituées étrangères en France. Les filières africaines sont également importantes.[31] Le développement de la prostitution étrangère a favorisé un accroissement important des formes de proxénétisme et de prostitution forcée En effet, les proxénètes recrutent ces jeunes femmes à l'étranger, souvent en utilisant des petites annonces trompeuses et séduisantes pour des femmes rêvant d'une vie meilleure dans un pays plus riche. [...]
[...] Le régime réglementariste Le régime réglementariste adopte le postulat que la prostitution est un mal nécessaire qu'il faut contrôler. Au début, un régime réglementariste était adopté pour protéger la société saine Par exemple, au XIXème siècle, en France, puis dans d'autres pays européens, ce type de régime se manifesta par de nombreux contrôles médicaux pour garantir la santé publique. Les maisons closes avaient également pour but de placer les prostitués hors de la vue de la population honnête Aujourd'hui, on adopte un régime réglementariste avant tout pour protéger les prostitués. [...]
[...] Cependant, considérer la prostitution comme une liberté de chaque femme peut rapidement devenir dangereux et complaisant, car il existe en réalité le plus souvent des facteurs économiques et sociaux, comme la pauvreté, le chômage ou les inégalités des sexes, pouvant contraindre une femme à se prostituer, ou du moins ne lui laissant peu d'autres choix. En effet, comme l'affirme Marie-Victoire Louis, lorsqu'on parle d'un système de domination, comme l'est objectivement le système de la prostitution, il est impensable d'invoquer la liberté individuelle des personnes qui en sont les victimes pour en justifier le bien-fondé. Au terme du raisonnement, ce qui est en cause est la justification de toutes les barbaries. 2. [...]
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