Entrée en matière d'ordre général : A la question « Qui veut mourir » personne ne répondrait présent. A la question « qui veut mourir bien », je pense qu'il y aurait beaucoup plus de candidats. C'est un peu l'esprit de ces deux situations qu'on perçoit dans le sujet.
Définir le sujet : pour cela il convient de le scinder en deux parties :
Que voudrait dire le droit de choisir sa mort ? Cela peut être :
• Le droit de mourir pour son pays ou sa cause (exemple des attentats suicides ou du militaire qui s'est engagé pour des raisons de patriotisme).
• Le droit d'aspirer à une mort honorifique (le même exemple du soldat qui souhaite mourir sur un champ de bataille).
Dans la pratique, il serait effectivement possible de choisir sa mort : le moment, éventuellement le lieu et la manière mais à la seule condition que le processus de la mort n'ait pas été enclenché et reste maîtrisé par le sujet. Ainsi, une personne saine, non atteinte d'une maladie le menant irrémédiablement à la mort peut très bien décider de se tuer à tel endroit, à telle heure et de telle manière. Il peut aussi éviter ce suicide et contrôler d'une certaine manière sa mort en la retardant. Chose impossible à la personne qui fait l'objet d'un processus mortifère. Celle-ci peut théoriquement avancer sa mort (en se suicidant) mais pas la retarder. Ainsi le droit de choisir sa mort serait le droit de choisir le moment, la date et le lieu et la manière.
Un sketch de Coluche (« le cancer du bras droit ») a évoqué la possibilité même de choisir la maladie incurable (il convient de relativiser ce qualificatif car le sketch date des années 1970) qui mènerait l'intéressé à la mort. Il est plus noble de mourir d'un cancer (même du bras droit !) que d'une cirrhose ou de la grippe espagnole !
Il convient alors de recentrer ce droit de « choisir sa mort » sur une seule définition : le droit de mourir. Il va de soi que ce concept (s'il existe est s'il est reconnu) implique le droit de choisir le moment de sa mort, le lieu, la date et la manière.
Ce droit reste toutefois limité en pratique pour les personnes en fin de vie ou les malades incurables. Ils n'ont que la possibilité d'avancer le moment de leur mort. Et c'est à l'égard de ces personnes que se pose la question de l'éventuelle existence d'un droit de mourir au regard du principe de dignité.
L'agencement du principe de dignité humaine à côté du droit de la mort engendre la réflexion suivante :
Comment voir le droit de mourir par rapport à la dignité humaine ? La mort est-elle contraire à la dignité humaine ? Si c'est le cas dans quelle mesure la mort est-elle indigne ? Mais la philosophie de Forrest Gump, qui lui a été transmise par sa mère, nous indique que la mort fait partie de la vie. Comment pourrait-elle alors être contraire à la dignité … humaine !
A côté de cela, le sujet soulève la question de savoir si le principe de la dignité humaine peut fonder un éventuel droit de mourir. Comment ? En invoquant l'argument selon lequel laisser survivre une personne (ou se laisser vivre) dans des souffrances physiques ou psychiques insupportables, inhumaines serait contraire au principe de la dignité humaine.
A la vérité, il s ‘agirait d'abord de s'interroger sur l'existence d'un droit de mourir et de se demander si ce droit existe sous quelques formes que ce soient dans les dispositions normatives actuelles avant d'apprécier sa relation avec la notion de dignité humaine et de mesurer la portée de ce principe au regard de la question de la mort.
[...] La reconnaissance de nouveaux droits et libertés concernant l'accueil de la vie a permis au principe du droit à la vie de s'affiner. C'est le droit de vivre mais aussi celui de donner la vie naturellement ou par procréation médicalement assistée. Ainsi la liberté d'aller et venir, c'est aussi la liberté de ne pas aller et venir, le droit de se marier, c'est aussi le droit de ne pas se marier. Est-ce que le droit à la vie, de vivre implique aussi comme dans ce schéma le droit de ne pas vivre, le droit de mourir ? [...]
[...] C'est ce qui nous fait dire que le droit actuel (du moins en France) est un droit à l'autodétermination : pouvoir faire ce que l'on souhaite de sa personne sans mêler les autres à son projet de mort (car après tout on a le droit de se suicider mais on ne peut demander de se faire tuer par quelqu'un au prétexte d'un éventuel droit de mourir). Ce droit a encore beaucoup moins d'écho ou de portée lorsqu'on tente de le fonder sur le principe de la dignité humaine. Ainsi au niveau supranational, la faculté de mourir n'est pas considérée comme un droit : le 26/06/1999, le Conseil de l'Europe a voté une recommandation sur la protection des droits de l'homme et de la dignité des malades incurables et condamne en même temps l'euthanasie active. [...]
[...] Du 27/07/1994) Dans certains autres pays, le principe est d'une certaine manière constitutionnalisé (constitution allemande du 23/05/1949). Toutefois, ce principe peut difficilement être perçu comme pouvant fonder un quelconque droit de mourir même pour un malade se trouvant dans une situation psychologique et physique éprouvante. C'est pourquoi, nous parlons du principe de la dignité humaine comme un droit fondamental du vivant, du survivant ou du subsistant. Il ne peut fonder un acte mortifère parce qu'il tend au confort ou au réconfort d'une personne vivante ou à sa mémoire. [...]
[...] La notion de dignité impose deux hypothèses : ou bien cette notion permettrait à la personne de continuer de vivre dignement sans souffrance psychique ou physique jusqu'au moment de son décès ou bien le corps médical ou l'entourage (ainsi que l'intéressé) savent que celui-ci ne pourra continuer de vivre dignement et dans ce cas, on l'aide à mourir ou on met fin à ses jours. Il s'agit alors de la question de l'euthanasie ; soit le corps médical ou les proches donnent délibérément la mort au malade avec ou sans son accord (euthanasie active), soit le corps médical stoppe tout acharnement thérapeutique (euthanasie passive) auquel on substitue un traitement palliatif pour éviter les souffrances physiques ou morales. Aucune de ces deux issues n'est légalisée en France. [...]
[...] A vrai dire, cela varie selon le système de valeurs de chaque Etat. Selon Raymond MARTIN Personne, corps et volonté Dalloz 2000, chronique p 505), on peut trouver quatre essences à l'être humain : Dieu, la nature, l'espèce et la société. Une société qui admet que l'être a pour essence Dieu ou l'espèce humaine interdirait toute agression physique au corps mais aussi à l'âme priori tout acte mortifère) car chaque être étant soit une création de Dieu, soit porteur d'une partie de l'espèce humaine. [...]
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