Avant même d'aborder la conception de la Nation selon Renan, il importe de mieux définir les termes employés.
Le terme de Nation recouvre plusieurs réalités et plusieurs acceptions, il a évolué au cours de l'Histoire.
Selon le « Lexique de politique » Dalloz, la nation est « une communauté humaine dont les membres sont unis par des liens de solidarité matériels et spirituels et ont pris conscience de former une entité distincte des autres communautés humaines » Cette définition contemporaine est la synthèse de deux conceptions qui se sont affrontées notamment au 19ème siècle:
- la conception objective qui fonde l'existence de la nation sur les liens matériels et ethniques tels que la race, la langue et la religion. (c'est le cas Arthur de Gaubineau, Chamberlain et de l'école historique allemande).
- La conception subjective qui fonde la nation sur un ensemble d'éléments sprituels rattachés au passé d'un peuple (comme les traditions, us et coutumes, l'histoire) ou bien tournés vers son avenir (la volonté de former une communauté, de vivre ensemble) qui est notamment la conception de Renan et de Fustel de Coulanges
[...] C'est selon lui la source d'une doctrine arbitraire et violente. Il faut davantage y voir un facteur de réunion comme les fleuves qui permettent le commerce plutôt qu'un facteur d'individualisation des Nations. Après avoir entrepris de critiquer les définitions traditionnelles, Renan reconstruit la notion de Nation autour d'un critère subjectif: la volonté Une définition positive et subjective de la Nation au service d'un nationalisme conservateur Une conception volontariste et spiritualiste de la Nation Comme pour Michelet, la Nation selon Renan ne repose pas sur des critères matériels, mais sur une ame , une volonté de vivre ensemble et un plébiscite de tous les jours qui est à la fois le fondement et la garantie de légitimité de toute Nation. [...]
[...] Et il faut compenser les lacunes de la chambre populaire élue directement par une chambre des talents et capacités, une élite nationale. La démocratie en tant que telle est décrite comme une brute stupide dans ses drames philosophiques de 1888. Antilibéral, il considère que le désintéressement et la science sont les seules valeurs qui permettent à la conaissance humaine de s'approfondir, les libertés individuelles n'ont fait qu'accentuer l'eégoisme et les errances individuelles. De même, le principe de l'égalité est dangereux. [...]
[...] Renan tranche ainsi avec la conception humanitaire et ouverte du nationalisme qui avait prévalu jusqu'alors.Différence avec Michelet qui exalte le patriotisme, mais dans un sens mystique, pour Renan c'est un nationalisme réaliste, antiparlementaire, protectionniste et conservateur qui se fonde sur le constat de la déchéance de la France et la volonté de revanche contre l'Allemagne. Renan est favorable à la décentralisation, c'est un nationalisme empreint de régionalisme (comme pour Maurras et Barrès) alors qu'au contraire, Michelet préconisait une centralisation du pouvoir. D'autre part, le patriotisme de Renan est essentiellement élitiste là où celui de Michelet était populaire (d'inspiration socialiste). Il sera repris par Bonal, Taine . [...]
[...] Cependant, il émet une réserve. L'usage abusif de cette théorie de la liberté linguistique risque de conduire à un repli identitaire et mettre un frein au progrès des civilisations d'où la nécessité d'un retour à la raison et à la morale. Renan reprend même une certaine forme d'universalisme lorsqu'il dit avant la culture française, allemande et italienne, il y a la culture humaine La Nation n'est pas davantage une simple communauté d'intérêts. Bien que positiviste et employant un vocabulaire juridique qui assimile la Nation à une société, Renan ne la réduit pas à la satisfaction commune d'intérêts économiques et matériels. [...]
[...] La nation apparaît donc comme la combinaison d'une histoire multiséculaire et d'une déclaration de volonté. D'ailleurs, ce consentement et ce plébiscite de tous les jours s'appuie sur ce passé. Au critère de race traditionnellement privilégié pour déterminer la Nation, Renan oppose la raison, la justice, le vrai, le beau qui sont les mêmes pour tous Au critère de langue, il répond par le fait qu'il y a dans l'homme quelque chose de supérieur à la langue: la volonté celle d'être unis malgré les particularismes nationaux. [...]
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