[...]
Comme nous l'avons vu précédemment, nous n'avons que peu de certitudes concernant le crime dans la mesure où les versions données par les frères Jourdain concernant la nuit du drame divergent sensiblement. Nous pouvons seulement avoir des certitudes concernant les éléments sur lesquels les deux frères s'accordent ou les éléments découverts par la police scientifique et le médecin légiste.
Nous savons grâce à des témoins que, cette nuit-là, les frères Jourdain patrouillaient depuis plusieurs heures avec leur camionnette sur la route séparant les deux villages accueillant les festivités. Nous savons également, grâce à leurs propres aveux, qu'ils ont fini par croiser la route de quatre jeunes filles : Isabelle, Audrey, Peggy et Amélie. Ils leurs ont alors proposé de les emmener jusqu'au village voisin, lieu de nouvelles festivités qu'elles cherchaient à rallier. Les quatre jeunes filles sont montées à l'arrière de la camionnette des deux frères mais n'ont pas tardé à s'inquiéter avec raison. En effet, au lieu de les conduire au village voisin, les deux frères prennent la direction de la plage Sainte Cécile. C'est à ce moment que les certitudes s'arrêtent et que les versions des deux frères commencent à diverger.
En effet, Jean Louis dit avoir creusé un trou dans une dune sur ordre de son frère et s'être ensuite contenté de garder les jeunes filles dans le blockhaus abandonné. Son frère serait régulièrement venu chercher une de leurs prisonnières afin de la violer et de la tuer avant de la jeter dans le trou prévu à cet effet. Jean Louis avouera simplement avoir glissé son doigt dans le sexe de la dernière victime, la seule qui, selon les légistes, n'aurait pas été violée (notons cependant que l'introduction d'un objet dans le sexe d'une femme sans son consentement, même s'il ne s'agit que d'un doigt, relève de la qualification pénale de viol). Jean Michel, quant à lui, reconnait simplement avoir pris les jeunes filles en stop et les avoir emmenées à la plage de Sainte Cécile. Il raconte ensuite qu'il se serait contenté de regarder la mer pendant une heure avant de retrouver son frère auprès des corps sans vie des quatre jeunes filles.
Aux vues des éléments trouvés par la police technique et scientifique, la version serait encore différente puisque les jeunes filles auraient, au moins pour une partie d'entre elles, été violées à l'arrière de la camionnette des deux frères (...)
[...] Jeanne est une mère perverse qui inculque à ses garçons les choses du sexe Louis, quant à lui, est un père violent qui bat ses enfants. A l'adolescence, sexe et violence se mélangent donc dans l'esprit des deux frères jusqu'à devenir indissociables. Les deux frères ont toujours fait et obtenu ce qu'ils voulaient. En grandissant, ils pensent donc qu'il en sera de même avec les femmes. Mais les gens des alentours craignent cette famille malsaine qui n'a que peu de respect pour la loi. Rares sont donc les femmes qui se risquent à fréquenter les deux frères. Cela met la famille Jourdain hors d'elle. [...]
[...] Un renseignement anonyme identifiera les frères Jourdain comme étant les occupants de ce véhicule. Ces informations seront transmises à la police qui placera les deux frères en garde à vue et réussira à faire avouer le crime à Jean Louis Jourdain. Ce dernier conduira les policiers aux corps, prouvant ainsi sans l'ombre d'un doute sa culpabilité. Il mettra également en cause son frère. Il est important de constater que la solution de cette affaire repose exclusivement sur les aveux faits par Jean Louis Jourdain lors de sa garde à vue. [...]
[...] Comme cela n'est pas le cas, nous pouvons en déduire que c'est à tort que les frères Jourdain sont qualifiés de tueurs en série. En réalité, concernant ce crime, les frères Jourdain pourraient plus aisément être qualifiés de tueurs de masse que de tueurs en série. En effet, un tueur de masse peut être considéré comme étant l'auteur de quatre homicides ou plus pour un même facteur espace-temps (même lieu et même évènement). Or, en l'espèce, les frères Jourdain ont bien violé puis assassiné quatre jeunes femmes durant la même nuit sur la plage de Sainte Cécile. [...]
[...] La synthèse des éléments recueillis. Le mode opératoire et la signature. Le mode opératoire des frères Jourdain dans cette affaire est assez simple : en roulant en camionnette, il repère quatre jeunes filles qui tentent de rallier le second village où se déroule le bal du carnaval d'Equihen. Ils s'arrêtent pour leur proposer de les déposer, comme le veut la tradition. Mais une fois les jeunes filles montées à l'arrière de la camionnette, ils décident de laisser libre cours à leur fantasme et se dirigent vers la plage de Sainte Cécile. [...]
[...] C'est ainsi que, de manière assez logique, les frères Jourdain commencent à perpétrer des viols. Jean Michel et Jean Louis ont les mêmes fantasmes violents à satisfaire sur des femmes non consentantes. Ils en sont mutuellement conscients et c'est donc tout à fait naturellement que, lorsqu'ils voient des proies si faciles se promener de nuit au bord de la route, ils décident de mettre à exécution leur fantasme commun. E. L'arrestation. La particularité de cette affaire est que l'arrestation des frères Jourdain n'est pas due à la police. [...]
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