Force et droit semblent tout d'abord contradictoires. La force est quelque chose de relatif, elle n'a de sens que dans un rapport aux autres dans lequel elle s'exerce, elle repose sur la violence illégitime et instable. Le droit peut s'entendre sous différente forme : le droit positif qui est un fait objectif instauré par l'Etat et les droits naturels, inaliénables, qui dérivent de la nature de l'homme. Les droits naturels ne doivent pas être confondus avec le droit de nature, droit qui régit les hommes avant l'instauration de la société. Le droit positif semble être nécessairement lié a la moralité, il reconnaît et autorise, se rapporte à la justice et est conforme aux règles. Ainsi la force ne semble pas pouvoir fonder quoi que ce soit, et surtout pas le droit, auquel le peuple obéit et reconnaît la légitimité. Mais alors comment concevoir la force du droit et pourquoi les hommes ont-ils eu besoin d'instaurer un droit fort ? La force ne serait-elle que le moyen de faire respecter le droit ? Ou plus encore, le droit ne serait-il que le travestissement de la force ?
[...] Cette situation c'est celle de l'état de nature. C'est le monde où sont censés régner les droits naturels propres à l'homme et conformes à sa nature. Dépourvu de lois, ce monde n'est pas un état historique, il n'a jamais existé. Il correspond à l'état de l'humanité avant la constitution de l'Etat de droit. Mais dans sa nature profonde, l'homme n'est ni entièrement bon ni entièrement moral, comme pouvaient l'espérer respectivement les anarchistes et libéraux. C'est-à- dire qu'il cherche à satisfaire son intérêt immédiat en ignorant l'intérêt des autres. [...]
[...] Nous cédons devant la force sous l'effet de peur, de crainte, mais ce n'est pas pour autant que nous reconnaissons une obligation devant la loi. La force du droit ne semble donc pas reposer seulement sur une force physique, mais aussi sur une force morale. Comment instaurer cette obligation morale chez les hommes ? Pour que le droit soit respecté, il faut évidemment qu'il soit reconnu comme juste par tous les hommes. Et pour cela la perception qu'ont les hommes de la justice et du droit doit être positive, pour que l'obéissance relève d'une volonté d'obéir et non de la contrainte. [...]
[...] Ainsi, cette force illégitime qui perdure à l'état de nature ne peut être à l'origine d'aucuns fondement de droit. Pour rendre possible l'expression des droits naturels, trop faibles pour s'exprimer d'eux-mêmes, l'homme va devoir mettre en place un droit positif fort. Ainsi, les hommes semblent incapables de s'organiser rationnellement sans institution transcendante. L'homme est naturellement régi par des passions et des désirs qui se rapportent à sa conservation et à la volonté d'étendre son pouvoir aussi loin qu'il le peut. [...]
[...] Quelle force alors accordée au droit ? N'a-t-il réellement aucune force morale ? Il semble qu'il faille réhabiliter le droit. L'état de nature n'étant pas un état historique, les sociétés ne pourraient exister sans ce droit. La force du droit ne tient pas tant à la manière dont le droit instaure une croyance masquant sa fonction de légitimation d'un ordre social injuste, mais plutôt dans sa capacité à produire des actions communes, à réunir les hommes sous une forme d'obéissance. [...]
[...] La force du droit résiderait donc dans sa capacité à réunir et organiser les hommes, mais encore faut-il qu'ils le respectent. Le droit positif et la société sont conçus comme des artifices instaurés par l'homme. On peut alors se demander pourquoi les hommes ont eu besoin d'instaurer ce type de droit. Pour analyser efficacement l'instauration du droit positif, il faut envisager une situation dans laquelle les droits naturels ne sont soutenus par rien d'autre que le peuple, une situation où il n'y a ni société politique, ni institutions. [...]
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