« Il y a deux manières de combattre, l'une par les lois, l'autre par la force : la première sorte est propre aux hommes, la seconde est propre aux bêtes ; mais comme la première bien souvent ne suffit pas, il faut recourir à la seconde. Ce pourquoi est nécessaire au Prince de savoir bien pratiquer la bête et l'homme. » Machiavel (Le Prince) est toujours d'actualité au XXI° siècle ; le débat sur la deuxième guerre d'Irak opposait bien deux conceptions de l'action, l'une par le droit, l'autre par la force. L'objectif poursuivi était en apparence le même, à savoir garantir la paix et la sécurité internationales, mais les moyens envisagés divergeaient : application des règles définies par la communauté internationale d'un côté, usage d'un avantage militaire de l'autre.
La force et le droit peuvent être sommairement définis comme suit : la force est l'emploi de moyens violents pour contraindre une ou plusieurs personnes ; le droit est l'ensemble des principes qui régissent les rapports des hommes entre eux. De prime abord, force et droit semblent antinomiques : les relations de force sont des relations de domination, les relations de droit sont des relations égalitaires, chacun étant soumis aux mêmes principes. Les rapports entre la force et le droit sont en réalité plus complexes. D'abord parce que ces deux notions peuvent revêtir des sens différents. Le droit positif, ensemble des règles existant effectivement dans une société, n'est pas le droit idéal, ensemble des règles qui peuvent ne pas exister mais qui sont légitimes parce que conformes à une morale, une religion, à une idée de la justice sociale.
Dans les sociétés contemporaines, la notion de droit renvoie à celle d'Etat, cadre principal dans lequel se développe le droit selon Kelsen. Quant à la force, elle n'est pas uniquement violence ; la notion de force renvoie à celle d'autorité, qui n'est pas synonyme de contrainte. La diversité des acceptions permet de dépasser le rapport premier d'antinomie entre force et droit, qui sont en réalité consubstantiels.
[...] Le respect du droit ne nécessite toutefois pas l'usage systématique de la force en tant que violence ; la force du droit passe par des canaux plus pacifistes. Le droit puise sa force dans d'autres sources que la violence Si le droit est respecté, ce n'est pas uniquement en raison de la menace de coercition physique. En effet, le droit fait, comme les autres normes, l'objet d'une intériorisation par le processus de socialisation, qui lui confère une autorité. Norbert Elias observe ainsi la mise en place progressive d'un mécanisme d'autocontrainte dans le comportement et le psychisme des individus. [...]
[...] Dès lors, est conforme au droit ce qui est. D'un point de vue strictement positiviste, ce constat apparaît valable. En effet, lorsqu'un Etat détient le monopole de la coercition et qu'il édicte le droit, la force et le droit coïncident. La conception actuelle de la souveraineté, héritée de Jean Bodin qui la définit comme le pouvoir de commander et de contraindre sans pouvoir être commandé ni contraint par qui que ce soit sur la terre (La République), rejoint la conception de Hobbes : le droit d'un Etat existe si cet Etat revendique avec succès le monopole de la contrainte, quel que soit le jugement de valeur porté sur son droit. [...]
[...] A la différence de Domat (Les lois civiles dans leur ordre ordinaire), Pascal pense que les lois naturelles ne peuvent être connues ; seule la coutume le peut, elle sera donc perçue comme la loi naturelle. En conséquence, la force, incarnation de la coutume, sera perçue comme juste, comme conforme aux lois naturelles. La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. [ ] Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. [...]
[...] D'autre part, et surtout, l'Etat revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime (Weber, Economie et société). Le droit légitime le recours à la force par l'Etat, mais par lui seul. C'est par la violence que l'Etat empêche ou sanctionne l'utilisation de la violence par les individus. Ce qui fait dire à Kelsen que le droit est un ordre social basé sur la contrainte dont la fonction essentielle est de régler l'usage de la force dans la relation entre les hommes (Théorie pure du droit). Le respect du droit passe donc par la force. B. [...]
[...] La force et le droit peuvent être sommairement définis comme suit : la force est l'emploi de moyens violents pour contraindre une ou plusieurs personnes ; le droit est l'ensemble des principes qui régissent les rapports des hommes entre eux. De prime abord, force et droit semblent antinomiques : les relations de force sont des relations de domination, les relations de droit sont des relations égalitaires, chacun étant soumis aux mêmes principes. Les rapports entre la force et le droit sont en réalité plus complexes. D'abord parce que ces deux notions peuvent revêtir des sens différents. [...]
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