Lorsque l'on a recours à la justice, c'est, le plus souvent, pour porter plainte contre une personne physique ou morale qui nous a porté préjudice. On défend donc ses propres intérêts devant le tribunal dans l'objectif de remporter le procès et donc de se voir dédommagé. Ainsi généralement, comme le laisse entendre l'intitulé du sujet, l'exigence de justice est intéressée. Par exigence de justice, on comprend le besoin de la justice, le recours à la justice mais aussi le désir de justice. Il serait en effet intéressant, non seulement de comprendre pourquoi les hommes ont recours à la justice, mais aussi de savoir s'ils le font uniquement dans leur propre intérêt ou si l'exigence de justice peut être totalement désintéressée, c'est-à-dire que l'Homme souhaiterait la justice, non pas pour ce qu'elle peut lui apporter, mais pour une fin en soi.
En d'autres termes, on peut se demander si l'exigence de justice est un besoin quasi inné chez l'être humain ou s'il a crée cette notion dans un premier intérêt qui serait la vie en société puis dans l'objectif de défendre ses intérêts constamment menacés.
Même si on peut penser que l'exigence de justice a trouvé sa source dans l'individualisme et l'égoïsme primaire de l'homme pour ensuite être déviée au profit de l'intérêt général, il ne faut pas oublier le désintéressement qui fonde notamment la justice sociale.
[...] Cette conception implique que l'idée de justice soit en quelque sorte transcendante à l'homme. Dans le cas contraire, cela voudrait dire que l'homme a construit cette notion de justice, et que donc il l'a fait avec un but précis. Dire que l'exigence de justice est désintéressée, c'est sous-entendre que la justice est extérieure à l'homme. Comme nous l'avons plus haut avec la réaction primaire des jeunes enfants, les termes d'injustice et de justice sont précédés de prénotions. Cela confirme donc que l'on peut concevoir l'idée de justice comme transcendante à l'être humain et donc présente de manière inné chez l'homme. [...]
[...] En effet, un jeune enfant n'a pas pleinement conscience de la présence d'autrui et ne peut donc pas se penser par rapport aux autres mais par rapport à lui-même et à ses désirs. Ainsi la première approche de l'exigence de justice qu'on pourrait avoir serait liée à l'individu et à ses intérêts. Le recours à la notion de justice apparaît alors comme une arme contre une quelconque forme de vol. L'exigence de justice est donc tout d'abord le fait même de la défense des intérêts personnels. Pour mieux comprendre cette approche on peut imaginer un état de nature à l'image de ceux pensés par Rousseau où Hobbes dans lequel aucune loi n'existerait. [...]
[...] Dans le domaine de la justice pénale, l'exigence de justice se rapproche de la confrontation des intérêts. Dans son Traité des délits et des peines, Beccaria plaide pour que la peine soit la plus efficace possible. Par efficace, il entend qu'elle soit d'une part spectaculaire et d'autre part non cruelle. Le but étant de minimiser le mal et de maximiser le profit que la société va tirer de chaque condamnation. Ainsi, il dresse un portrait de la justice pénale comme la confrontation des intérêts de la société et des intérêts des criminels. [...]
[...] L'exigence de justice apparaît donc toujours comme intéressée puisqu'elle tend à organiser la vie en société et à défendre les intérêts de cette dernière. Dans la République, Platon prend l'exemple de la cité pour expliquer l'idée de justice dans l'âme humaine. Il explique que la justice est la cause de l'harmonie de la cité, si chacun est à sa place, travaille à sa tâche et accompli sa fonction propre alors la justice régnera. Dès lors, la justice est la condition nécessaire de l'harmonie et de l'ordre dans la cité et que donc par conséquent, c'est elle qui permet et qui régule la vie en société. [...]
[...] C'est donc ce compromis permettant d'instituer la justice qui permet de concrétiser une exigence de justice tournée vers l'intérêt privé vers une justice censé satisfaire l'intérêt général. La première question qui se pose est celle de savoir si l'intérêt général peut, en quelque sorte, être synonyme de désintéressement ou si exiger une justice au nom de l'intérêt général, c'est encore l'exiger de manière intéressé. En effet, en un sens défendre l'intérêt général, c'est défendre aucun intérêt en particulier et donc agir pour le bien de tous. [...]
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