« Les pouvoirs nouveaux donnés par les développements biomédicaux ont laissé les gens […] interloqués, abasourdis. Comme l'apprenti sorcier de Goethe qui, dans un même souffle, prend conscience de ses pouvoirs et de la difficulté de les maitriser. » Guy Durand, dans son Introduction générale à la bioéthique, explique les raisons pour lesquelles les individus ont ressenti la nécessité de recentrer dans un cadre éthique, les avancées technologiques concernant le domaine du vivant. La bioéthique répond à ce besoin dès les années 1970. Même si la question de l'éthique est déjà ancienne dans le milieu scientifique, la bioéthique se distingue de la simple déontologie médicale parce qu'elle fait participer des acteurs et des disciplines multiples en plus de la médecine, comme le droit, la philosophie ou encore la sociologie. Elle inclut deux grands domaines, celui des interventions de l'homme sur la nature et celui des manipulations de l'homme sur l'homme. C'est de ce dernier domaine dont il est question ici, et plus particulièrement, de la bioéthique des avancées médicales concernant les nouvelles formes de procréation. Car ce champ de recherche scientifique, qui progresse à grands pas, suscite des interrogations éthiques nombreuses comme l'illustrent les principaux points débattus lors des États généraux de la bioéthique qui se sont déroulés au premier semestre 2009, tels la légalisation de la gestation pour autrui (GPA), l'indemnisation du don d'ovule, ou bien la levée de l'anonymat des donneurs de sperme.
Ces différents points relèvent chacun de problèmes éthiques particuliers et il n'est pas question de les analyser un par un. Cependant, on peut remarquer qu'ils sont englobés dans des problématiques communes comme la question de la liberté individuelle ou celle de la dignité humaine. Les défenseurs de la légalisation des mères porteuses en France mettent en avant la liberté que doit avoir une femme de proposer l'utilisation de son utérus pour y accueillir l'embryon d'un couple infertile. Les opposants à la législation quant à eux, font percevoir l'atteinte à la dignité de l'homme que représente la « location » d'une partie du corps humain. De cette dualité entre deux thèmes philosophiques, on constate l'évolution dont pourrait faire l'objet la conception que nous avons de l'Homme et la façon dont il est conçu. De plus, il faut aussi s'intéresser aux régulations légales qui devraient être applicables à ces nouvelles formes de procréation. Car si la bioéthique cherche à encadrer cette modernisation des techniques de procréation, elle n'a de sens que si elle se concrétise dans des mesures juridiques. La révision de la loi bioéthique prévue en 2010 est à cet égard, non sans importance.
[...] La nécessaire contribution du citoyen aux enjeux bioéthiques Malgré l'implication du domaine juridique dans la tentative d'encadrement des nouvelles techniques de procréation, certains acteurs luttent pour leur libéralisation. C'est en particulier le cas des praticiens et des médias. De plus, la régulation législative reste encore obscure, au même titre que les instances qui y participent. Une plus grande visibilité du débat lui profiterait très certainement. La bioéthique n'est pas confiée aux citoyens. C'est ce que remarque Jacques Testart, dans un article intitulé Démocratiser la bioéthique ? Mais alors à qui appartient-elle ? Plus exactement, quels sont les acteurs du débat ? [...]
[...] De plus, les techniques d'AMP sont réservées à des couples dont les deux membres sont vivants, hétérosexuels, en âge de procréer, qui doivent soit être mariés soit apporter la preuve d'une existence commune depuis au moins deux ans et consentir au transfert d'embryons ou à l'insémination. Des conditions médicales sont aussi imposées. L'infertilité doit être pathologique ou l'AMP peut être autorisée s'il existe le risque d'une transmission d'une maladie grave à l'enfant ou au conjoint. Les avancées biotechniques comme remède à la faillibilité de l'Homme L'essor de nouvelles techniques médicales en parallèle avec les avancées des recherches sur la génétique tend à faire de l'homme un être physiquement parfait. Les nouvelles formes de procréation, elles, ont pour but de mettre fin à la stérilité. [...]
[...] Mais les choses ne sont plus pareilles si l'objet de la transaction est le vendeur lui-même. Les statistiques du chômage en France nous éclairent sur la nécessité du chômeur à trouver du travail non pas librement, mais par contrainte, pour subvenir à ses besoins les plus immédiats. Les travailleurs clandestins sont prêts à accepter n'importe quel travail, quelle que soit sa pénibilité. Il est certain qu'ils n'agissent pas ainsi librement. Les femmes en Géorgie qui vendent leur corps à des couples occidentaux économiquement aisés ne sont, pour le moins, pas libres non plus. [...]
[...] De plus, il faut aussi s'intéresser aux régulations légales qui devraient être applicables à ces nouvelles formes de procréation. Car si la bioéthique cherche à encadrer cette modernisation des techniques de procréation, elle n'a de sens que si elle se concrétise dans des mesures juridiques. La révision de la loi bioéthique prévue en 2010 est à cet égard, non sans importance. Mon travail est axé autour de la problématique suivante : les progrès scientifiques en matière de procréation doivent-ils nous faire occulter le principe de dignité humaine ? [...]
[...] C'est avec cette loi que le terme bioéthique apparaît pour la première fois dans le droit positif français. Sa révision prévue en 2009 a été reportée en 2010. Le rapport sur lequel elle doit s'appuyer interdit toujours la GPA et le transfert d'embryon post mortem (sauf dans le cas où un projet parental est interrompu par la mort du conjoint). Les conditions à l'aide à la procréation y sont assouplies, et les personnes ayant un problème médical sont prioritaires. Il est aussi question de rechercher systématiquement la présence de la trisomie 21 lors du DPI. [...]
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