L'édit de Fontainebleau, publié le 17 octobre 1685, révoque l'Édit de Nantes en prenant comme justification le fait que « la meilleure et la plus grande partie de nos sujets de la dite Religion Prétendue Réformée ont embrassé la Catholique ».
L'exercice du culte protestant devient interdit. Les pasteurs doivent se convertir ou quitter le royaume tandis que l'émigration des fidèles est strictement interdite sous peine de galères pour les hommes et d'emprisonnement pour les femmes. Les enfants doivent être baptisés par les curés des paroisses et éduqués dans la religion catholique. Le dernier article, qui sous-entend la possibilité d'une dévotion individuelle, rappelle l'interdiction très stricte de toute réunion privée à connotation religieuse.
Les rapports exagérément optimistes des intendants, la pression de la hiérarchie épiscopale qui négocie son appui au roi dans le grave conflit de la régale qui l'oppose à la papauté, la mort, en 1683, du contrôleur général Colbert, modérateur par intérêt économique, la toute puissance des Le Tellier très hostiles aux huguenots, la nécessité d'accomplir un grand geste pour contrer la gloire que l'empereur Habsbourg vient d'acquérir en écrasant l'armée ottomane devant Vienne en 1683, la logique absolutiste de l'absorption de la nation par le corps royal, expliquent qu'après presque un siècle de tolérance mal digérée, la monarchie française ait cru utile de revenir au vieil adage : une foi, une loi, un roi.
Comment l'Edit de Fontainebleau vérifie-t-il le vieil adage : une foi, une loi, un roi ?
[...] C'est donc la fin de la législation dérogatoire qui permettait aux protestants d'exercer leur culte depuis l'édit de Nantes. C'est la fin officielle du protestantisme dans le royaume de France, sauf en Alsace récemment annexée. B. Les raisons de la révocation : Des raisons idéologiques : Louis XIV, nouveau Constantin : Dans la conception de la monarchie absolue de droit divin développée par l'évêque de Meaux, Bossuet, l'unité de la foi et la conception absolutiste du pouvoir sont indissolublement liées pour mieux servir Dieu, son Eglise et le roi. [...]
[...] Très peu, comme Vauban et Saint-Simon la critiquèrent. Le pape, opposé à Louis XIV dans l'affaire de la régale, peut attendre du roi très chrétien l'éradication d'une religion qui met en cause son infaillibilité. Le clergé constitue un groupe de pression. Son assemblée demande, à partir de 1660, une application à la rigueur de l'édit de Nantes ce qui contribue à mettre en place progressivement la législation antiprotestante. Au total, l'édit de Fontainebleau vient couronner des mesures discriminatoires et des exactions qui ont entraîné des conversions massives. [...]
[...] Des raisons politiques : peur du désordre : Des intendants, comme Marillac et Bâville en Poitou, Foucault en Béarn, serviteurs de l'absolutisme, pensent que les protestants nuisent à l'unité du corps social. Peut-être influencés par les jésuites ou par la Compagnie du Saint Sacrement, ils prennent des initiatives contre les réformés. Ainsi, les intendants, agents de la centralisation, poussent à la réduction du protestantisme. L'influence personnelle de Madame de Maintenon, du Père La Chaize, son confesseur, de Louvois a joué un rôle dans la révocation. [...]
[...] suppression des chambres de l'édit de Nantes. suppression de tous les établissements d'enseignement au-delà de l'enseignement primaire, ce qui revient à confier l'éducation des enfants aux catholiques. création d'une caisse de conversion pour acheter les consciences. Puis, les grandes dragonnades du Midi, 1683-1685, entraînent des conversions en masse et des départs, tel celui de Pierre Baylé qui va terminer son dictionnaire philosophique aux Pays-Bas. L'utilisation du logement des soldats pour contraindre les protestants à se convertir a commencé en 1681, en Poitou, à l'initiative de l'intendant Marillac. [...]
[...] Le terme a une signification géographique - lieu retiré, difficile d'accès - et symbolique car c'est une épreuve pour les prédicants qui encourent la mort et les fidèles, les galères à vie. Le Désert a aussi une dimension biblique en rapport avec la traversée du désert du peuple juif. B. Conséquences sur les catholiques : Les catholiques, qui forment l'immense majorité des sujets de Louis XIV, ne se sont jamais résolus à accepter l'existence de deux religions en France. Pour eux la liberté de conscience est une faiblesse et une impiété; elle est intolérable. Ils ont d'ailleurs applaudi à la Révocation comme Bossuet, Fénelon, La Bruyère, La Fontaine, Madame de Sévigné. [...]
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