La notion de droit naturel est très ancienne: on la trouve déjà chez Sophocle, lorsqu'Antigone s'oppose à Créon en déclarant:
"Je ne croyais pas tes édits, qui ne viennent que d'un mortel, assez forts pour enfreindre les lois sûres, les lois non écrites des dieux: ce n'est pas d'aujourd'hui ni d'hier, mais de toujours qu'elles vivent et nul n'en connaît l'origine". En même temps, il est peu de concepts qui paraissent aussi confus que celui de droit naturel: selon le professeur de droit Michel VILLEY, on a pu attribuer à cette notion une cinquantaine de sens différents. La confusion qui règne autour de la notion de droit naturel tient surtout à la diversité des approches qui en ont été proposées depuis l'Antiquité: aristotélisme, conception chrétienne, philosophies du contrat, ...etc.
Il n'est pas question, dans le cadre de cet exposé, d'entrer dans le détail des théories du droit naturel. On ne peut cependant en faire abstraction si on veut mettre à jour la multiplicité des héritages philosophiques - souvent contradictoires - dont est imprégnée cette notion et qui déterminent largement les termes des débats contemporains faisant intervenir l'idée de droit naturel. Bien que s'articulant autour d'une problématique identique, à savoir la recherche du fondement de la coercition étatique qui caractérise la règle de droit, les théories du droit naturel doivent donc être étudiées en tenant compte de leur diversité.
Pour ce faire, un plan en deux parties a été adopté: après avoir évoqué les doctrines et le contenu du droit naturel (I), on exposera les critiques que la notion de droit naturel a pu susciter, ainsi que la place que peut légitimement revendiquer le droit naturel dans les débats juridiques contemporains (II).
[...] C'est le droit naturel qui fonde la règle juridique, le droit positif n'en étant que la traduction. Il faut néanmoins distinguer deux grandes conceptions classiques du droit naturel: -La conception antique du droit naturel dont Aristote est le principal représentant. Aristote définit le droit naturel comme un principe supérieur de justice inscrit dans la nature des choses et qu'on peut mettre en évidence par l'analyse des situations concrètes. Mais, en tenant compte précisément de cette nature des choses, il est amené à distinguer, d'une part la "loi naturelle", partout et toujours la même et critère des bonnes lois et, d'autre part, le "droit légal", qui est variable parce qu'il prend en considération les particularités des hommes et de la société, mais qui doit tendre au bien commun en s'inspirant de la "loi naturelle". [...]
[...] Critique de l'idéalisme du droit naturel A l'époque contemporaine, contrairement aux prédictions des philosophes des Lumières, les juristes n'ont aucunement le sentiment que les droits positifs évolueraient vers un droit "idéal" universellement valable. La suppression d'éléments juridiques vieillis, devenus des complications inutiles, comme ce fut le cas sous la Révolution française, ne signifie pas une marche vers une rationalité pure et simple, mais bien plutôt l'adaptation du système aux conditions sociales nouvelles. Critique des conséquences pratiques du droit naturel -L'interdiction, pour le législateur d'enfreindre le droit naturel . on peut se demander comment on pourrait bien l'en empêcher? [...]
[...] En revanche, s'il y a aujourd'hui une place pour cette notion, c'est parce qu'on y trouve, conformément à la doctrine classique du droit naturel, l'intuition fondamentale que les règles d'action peuvent prendre appui sur l'observation des réalités, mais moyennant un travail de l'intelligence qui en dégage les structures: le droit naturel s'oppose alors à ceux qui ne voient dans le droit que la constatation des faits et justifient la défense contre l'arbitraire au nom de principes supérieurs tels que les droits de l'homme. Bibliographie -Alain Sériaux: Le Droit naturel, Que sais-je? [...]
[...] Les grandes doctrines du droit naturel Les théories du droit naturel peuvent être schématiquement réparties en deux grandes approches: l'approche classique (d'Aristote à saint Thomas d'Aquin) et l'approche moderne (aux XVIIe et XVIIIe siècles), dont les perspectives sont très différentes. La conception classique La conception classique du droit naturel part du postulat qu'il existe un ordonnancement et un équilibre idéal de la nature. Dans cette perspective, le droit naturel n'est rien d'autre que la projection de cet équilibre sur la vie sociale. Le droit naturel est donc considéré comme un principe supérieur de justice qui s'impose à l'homme et à la société. [...]
[...] -Divers ouvrages d'introduction au droit, dont celui de Jean-Luc Aubert. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture