La puissance et le respect du droit dépendent grandement des relations que celui-ci entretient avec la justice. De même, le raisonnement juridique ne se réduit pas à une simple déduction formelle et logique, mais est une constante confrontation entre la valeur d'une solution et sa cohérence avec le système juridique.
Ainsi, le droit a parfois été défini comme "la science du juste". Pourtant, l'étroitesse de cette relation peut poser certains problèmes. La justice peut en effet être entendue de différentes façons, la principale divergence concernant les notions de justice commutative (égalitaire, au sens d'une répartition mathématiquement égale des richesses) et de justice distributive (équitable, au sens d'une répartition des richesses en fonction des besoins de chacun). Or dans la mesure où la justice guide et inspire le droit, l'inclination vers tel ou tel type de justice n'est pas sans conséquence.
On peut à cet égard distinguer trois attitudes du droit face à la justice (...)
[...] Il apparaît à ce titre que le droit est souvent confronté à une alternative : servir un idéal de justice ou tendre vers une utilité maximale. Nous allons plus particulièrement dans cette fiche nous intéresser à ce troisième aspect, en approfondissant l'alternative Utilité/Justice. La vision utilitariste : le droit comme ensemble de règles visant l'utilité individuelle et collective L'utile comme fondement du juste ; les différentes définitions de l'utile Courant de pensée né au XVIIIe siècle au Royaume-Uni et en France, l'utilitarisme ne retient comme critère de moralité d'un acte ou d'une règle que ses conséquences. [...]
[...] Dans cette optique, des règles de justice sont nécessaires pour garantir l'intérêt général et atteindre la fin ultime qu'est le bonheur : ce sont elles qui constituent le droit. En effet, tous les hommes ne sont pas capables de connaître leurs propres intérêts, et d'autre part, la vie en société exige une certaine régularité des comportements. En conclusion, le courant de pensée initié par Bentham et Mill justifie la moralité du sentiment de justice et du droit, si ceux-ci sont fondés sur un critère d'utilité, et permettent donc de maximiser le bonheur de l'individu et de la société, soit de conduire au plus grand bonheur du plus grand nombre Le conséquentialisme comme étalon de la justice Une fois posées ces définitions, il convient de déterminer les applications en droit d'une vision utilitariste de la justice. [...]
[...] Cette règle exige donc le sacrifice de quelques uns au bénéfice de la majorité. Cependant, il est intéressant de noter qu'une vision utilitariste de la justice implique aussi une justice redistributive, pour contribuer à l'intérêt général : ainsi, J. Stuart Mill, bien qu'individualiste et libéral, prôna l'intervention de l'Etat en faveur de la classe déshéritée, une modification du droit de propriété, un plus grand rôle des coopératives ou encore la libération politique de la femme. L'utilitarisme valorise l'esprit d'entreprise, la compétition, la croissance, de même qu'il cherche des correctifs aux abus individuels ou collectifs. [...]
[...] II- Critiques de la vision utilitariste : la justice comme fin en soi. Une autre définition de la justice sociale : la juste prime sur l'intérêt La question centrale de la justice sociale est celle de la répartition des droits et devoirs, des avantages et handicaps. Cette répartition ne saurait être comprise simplement comme le résultat d'une autorégulation ordonné à l'utilité individuelle et, partant, collective. Pour penser la justice, il faut accorder la priorité au juste sur le bien et non l'inverse comme le veulent les utilitaristes qui comme le rappelle Villay dans l'utile et juste omettent de s'interroger sur la question de la finalité : produire un ordre social au mieux, alors que la fin du Droit, c'est le juste (saint Thomas). [...]
[...] Conclusion de la fiche: Comment dès lors se résoudre à une opposition inéluctable entre le juste et l'utile ? On a tendance à taxer d'utilitaristes ceux qui assimilent le juste à l'utile et d'idéalistes ceux qui astreignent l'utile au fait d'être juste. Il est vrai que l'utilité comme la justice sont des notions inévitablement relatives et subjectives, mais peuvent toutefois coïncider : le respect des droits de l'homme, la force obligatoire du contrat sont à la fois justes et utiles. [...]
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