La distinction des règles de droit, de morale et de religion

Extraits

[...] La société est régie par différentes règles qui cohabitent souvent de façon harmonieuse. De ce fait, la règle de droit légitime certaines règles morales et religieuses et, de plus, ces différentes règles renforcent les règles de droit légitiman A. La règle de droit légitimant les autres règles. Les règles de droit, de morale et de religion ont en commun leur formulation de façon abstraite, impersonnelle et générale. Dans ce cas, il nous est fort difficile de les distinguer. Par exemple, ne tueras point” est-elle une règle morale, religieuse ou bien de droit. [...]

[...] On a donc ici un renfort de la règle de droit par des règles morales. A ceci se rajoute la notion de bonne foi qui apparait en droit, notamment contractuel, et qui permet au juge de moduler son jugement selon le respect de la bonne foi ou non. Nous retrouvons aussi la notion de bonnes mœurs dans le droit. Tout ceci renvoie encore une fois à la règle morale et aux règles religieuses alors qu'il s'agit de la règle de droit. [...]

[...] D'autres exemples de légitimation d'une règle morale existent. Cette implication de la morale et de la religion dans le droit pourrait peut-être s'envisager comme un renforcement de la règle de droit. B. Quand les règles morales et religieuses renforcent les règles de droit. Autrefois, la religion et la morale influençaient largement le droit pour ne pas dire qu'ils la dominaient. Aujourd'hui, la donne est différente, mais nous ne pouvons cependant pas négliger la part de la morale et de la religion dans le respect de la règle de droit. [...]

[...] L'Eglise catholique en réprouve la pratique tandis que la règle de droit l'accepte et vient même depuis peu d'en assouplir les règles. Et que dire de l'avortement qui est encore plus condamnable par les règles religieuses alors que la règle de droit l'autorise. Le problème en découlant était déjà énoncé dans l'Antiquité. En effet, Antigone oppose les règles divines aux règles royales pour finalement finir par respecter les règles divines et donc contredire les lois royales malgré la sanction. Car, en effet, la règle de droit est supérieure aux autres règles, notamment grâce à son caractère obligatoire et étatique, et de ce fait prime sur toutes les autres règles de conduite. [...]

[...] Selon cette école, la sanction de la règle de droit est une obligation et cette sanction doit provenir de l'Etat. Nous avons ici le caractère décisif de la règle de droit : la règle de droit est une règle à la fois rendue obligatoire et sanctionnée par l'Etat. En effet, lorsque les règles religieuses sont sanctionnées par l'Etat et rendues obligatoires, elles ne sont plus religieuses mais règle de droit. C'est par exemple le cas de l'interdiction de tuer. Il en est de même pour les règles morales et autres. [...]