La distinction entre droit public et droit privé semble au premier abord obéir à une exigence de classification du droit en différentes « branches ». Selon le Lexique des termes juridiques, le droit public est « l'ensemble des règles organisant l'Etat et ses démembrements, et régissant les rapports entre la puissance publique et les particuliers ». Le droit privé, comme son nom l'indique, est l'ensemble des règles régissant les rapports entre particuliers. Cette distinction entre deux « branches » du droit est élevée dans le droit français au rang de summa divisio, littéralement la division la plus élevée. Pour preuve de cela, la juridiction française est sous-divisée en deux ordres juridictionnels. Les juridictions administratives, avec à leur tête le Conseil d'Etat, sont chargées de connaître de la plupart des litiges mettant en cause l'Etat ou les autres collectivités publiques ; on les rattachera donc au droit public. Les juridictions judiciaires, dont la juridiction suprême est la Cour de cassation, sont initialement compétentes pour juger des conflits entre particuliers ; on les affiliera donc au droit privé.
Cependant, la distinction entre droit public et droit privé relève d'une exceptionnalité française : elle ne joue qu'un rôle très restreint dans les pays de Common Law, comme en Angleterre par exemple. S'il est vrai que ce dualisme juridique est une exceptionnalité française du fait de l'histoire politique particulière de notre pays, nombre de juristes s'interrogent toutefois sur le bien-fondé de cette distinction supposée entre deux droits, et sur sa réalité concrète de nos jours. En effet, avec la complexification croissante de nos sociétés et la diversification du droit qui s'en suit, peut-on toujours considérer qu'il y a deux droits distincts ?
[...] La summa divisio entre droit public et droit privé est donc en définitive plus pratique qu'idéologique. Il n'y a donc pas lieu de favoriser une guerre de préséance entre ces deux branches du droit, mais il faut plutôt affirmer leur influence mutuelle et leur interpénétration croissante. La cohérence interne du droit est en effet nécessaire, par-delà ses divisions. [...]
[...] Ainsi, la distinction entre droit public et droit privé semble également être fondamentale du point de vue de leurs attributions. Les qualificatifs que l'on peut leur donner tournent même à l'antagonisme : le droit privé est constitué de règles régissant les rapports entre particuliers, tous égaux et poursuivant des intérêts privés ; alors que le droit public poursuit l'intérêt général et se caractérise par une certaine inégalité au profit de l'Etat. Le premier serait un droit de liberté à technique contractuelle alors que le second serait un droit d'imposition à technique autoritaire. [...]
[...] Cette conception de la distinction entre droit public et droit privé est héritée du droit romain qui distingue le jus publicum du jus privatum (cf. Digeste d'Ulpien). Au Moyen-âge, cette notion s'est plus ou moins perdue de vue du fait que la personne du roi n'est pas encore dissociée des prérogatives de son poste : le Roi est alors source de justice ; la fonction de juger est prérogative royale au même titre que la fonction législative ou exécutive. C'est au XVe siècle que la gestion du royaume commence à répondre à un droit public spécifique. [...]
[...] Il convient de surpasser la distinction entre droit public et droit privé, pour s'interroger sur l'unité nécessaire du droit. Cette distinction est un outil pratique évident, mais il ne faudrait pas lui donner, aujourd'hui en tout cas, une signification idéologique des plus importantes. Les deux branches du droit s'interpénètrent et s'influencent mutuellement, à tel point que certains supposent l'existence d'un droit mixte. Conclusion Héritage essentiellement révolutionnaire, le dualisme juridique est certes une distinction fondamentale du droit français car il assoit la séparation des pouvoirs. [...]
[...] La distinction entre droit public et droit privé a-t-elle encore un sens ? Introduction «Aimez-vous la chasse à l'autruche? Alors faites-vous «publiciste» et partez en campagne contre le droit privé Les naturalistes enseignent que l'autruche, quand elle se sent menacée, commence par dissimuler sa tête derrière un caillou. Bientôt elle entr'ouvre un œil. Elle prend alors le caillou pour une montagne, craint d'être écrasée, et s'enfuit vers les filets que les chasseurs ont tendus. Longtemps les «privatistes» sont demeurés sereins dans leur conception du droit privé et de sa primauté. [...]
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