Les droits de l'Homme sont-ils critiquables ?

Extraits

[...] La Déclaration de 1789 indique quels sont les droits inhérents à la qualité d'Homme sans toutefois garantir juridiquement leur protection. La Constitution française de la Ve République, du 4 octobre 1958, renouvelle solennellement dans son préambule son attachement aux droits de l'Homme tels qu'ils sont définis par la Déclaration de 1789 et donne ainsi une portée constitutionnelle à ces droits. Aussi peut-être avons nous été éduqués dans un sens tel qu'ils sont devenus pour nous une évidence. Mais est-ce là un mal ? [...]

[...] I /Les droits de l'Homme : une conception essentielle. Les droits de l'Homme définissent la liberté comme aspiration naturelle et la légitimité du pouvoir comme garante de cette liberté A /Un combat pour les libertés. Les droits de l'Homme sont des prérogatives accordées à l'individu tenues pour tellement essentielles que toute autorité politique (et tout pouvoir en général) se devrait d'en garantir le respect ; les droits de l'homme constituent les protections minimales permettant à l'individu de vivre une vie digne de ce nom, à l'abri des empiètements de l'arbitraire étatique (ou autre). [...]

[...] Du XVIIIe au XIXe siècle, l'idéologie des droits de l'homme exprime les aspirations du libéralisme universaliste et individualiste dans le cadre d'une société juridique et 2 marchande d'inspiration occidentale et américaine. La bourgeoisie occidentale confond ainsi sa cause avec celle de l'humanité entière (J.Touchard). Il est vrai que les droits de l'Homme ont été formulés dans le contexte du développement du capitalisme. C'est pourquoi Marx soutient qu'ils se réduisent à un instrument utilisé par les classes bourgeoises pour asseoir leur pouvoir. Les droits de l'Homme constituent l'expression idéologique de la classe bourgeoise et de ses intérêts. [...]

[...] Les droits de l'Homme sont-ils critiquables ? La pensée libérale, exprimée par Locke dans Essay on Civil Government(1690) reconnaît à l'individu des aspirations naturelles antérieurement au pacte qui devra les garantir : essentiellement la liberté, et la protection de la propriété. Dans l'état de Nature, l'individu était indépendant et soumis au droit naturel ; le pacte, fondateur de la société civile, aura pour objet de conserver à l'individu ses droits inaliénables, antérieur à l'Etat s'inscrit dans le courant libéral. La Déclaration d'indépendance américaine proclame que tous les hommes sont doués par leur Créateur de droits inaliénables. [...]

[...] Cet universalisme des droits de l'homme va donc de pair avec l'individualisme bourgeois. L'idéologie des droits de l'homme exclut toute notion d'Histoire et de combat politique, puisqu'elle suppose des droits naturellement acquis, alors qu'un droit se conquiert et se défend dans un devenir grâce à des Politiques, fondateurs et garants de ces droits. Aussi il faudrait savoir ce que l'on entend par homme dans les droits de l'homme : l'humanité formerait-elle un tout homogène et indifférenciée, au nom de l'Homme naturel abstrait, universel, sans référence aux peuples, aux cultures, aux héritages historiques et politiques ? [...]