Relation entre les medias et la démocratie

Extraits

[...] Paradoxalement, fait-il remarquer, le champ politique tend à se refermer sur lui-même, le jeu politique étant de plus en plus une affaire de spécialistes qui, à travers notamment les sondages, prétendent faire parler le peuple, mais le font en réalité à la manière du ventriloque qui prête sa voix à ses marionnettes. Il en conclut que l'idéal démocratique est sans doute moins menacé aujourd'hui par le totalitarisme que par une sorte de démagogie médiatique savante d'autant plus dangereuse qu'elle a formellement toutes les apparences de la démocratie. Lui emboîtant le pas, Roland CAYROL met l'accent sur les dérives pour la démocratie que sont les nouvelles interrelations entre le monde politique et l'univers des media. [...]

[...] La troisième découlant de ces deux premières est que ces espaces instaure un rapport libre à la vérité. Jürgen HABERMAS dans L'espace public (1978) établit ainsi le lien entre les discussions et le débat politique susceptible de remettre en cause la loi en estimant que : revendication polémique de ce type de rationalité dirigé contre la pratique du secret propre à la domination du Prince s'est historiquement développée en liaison avec l'usage public que les personnes privées faisaient du raisonnement [ ] Une conscience politique se développe au sein de la sphère publique bourgeoise et elle formule, face au pouvoir absolu, l'exigence et la notion de lois abstraites et générales, en apprenant ainsi à s'affirmer enfin elle-même, en tant qu'opinion publique, comme l'unique source légitime de ces lois Aucun sujet n'échappe plus à la discussion dans l'espace public. [...]

[...] Conclusion Le rapport entre media et démocratie est fonction de la configuration dans lesquels ils évoluent. A la question de l'utilité lato sensu des media à la démocratie il peut être répondu que leur massification est une condition sine qua non à la réalisation de l'intersubjectivité tel que le montre très clairement les différentes analyses diachroniques. A celle de leur utilité stricto sensu, une analyse synchronique prouve davantage qu'il peut sembler critique de leur prêter indulgence dans la mesure où ils dépendent de considérations purement économiques et qu'ils poseront probablement à terme problème à l'indépendance d'une information non rémunératrice comme peuvent l'être les différents centres de recherches. [...]

[...] Grosso modo l'interprétation de la liberté de presse états-unienne est dite matérielle tandis que celle français est dite formelle. Il existe ainsi un profond enracinement de la liberté de la presse dans la société civile états-unienne. Elle est également le support d'autres libertés de mêmes origines. Tandis que dans la Constitution française la liberté de presse est analysé en terme de configuration constitutionnelle : son intensité normative, son effectivité hiérarchique dépend du contexte dans lequel le juge constitutionnel va opérer son jugement. La liberté de presse est garantie certes mais à l'égard d'une liste d'abus. [...]

[...] Celui-ci est accessible aux diverses classes sociales. Les discussions s'y déroulant finissent par faire naître le besoin d'un support. Ainsi fut lancé le Tatler en 1709. Suivirent de nombreux imitateurs. Cette fonction remplie par les cafés en Angleterre l'est en France par les salons (comme nous l'avons illustré) et en Allemagne par les sociétés dont la première fut fondé en 1727 par GOTTSHED. De cette évolution, il est possible de tirer trois conclusions. La première est que sans constituer un véritable public, ces cafés, sociétés et salons offrent un espace nouveau de discussion entre personnes privées capables de remettre en cause le pouvoir. [...]