Dans son rapport remis le 1er décembre 1942 à Winston Churchill, Lord Beveridge exposait « la nécessité de libérer l'homme du besoin et du risque ». Cette nécessité résulte de la prise de conscience de ce que la société industrielle a engendré une précarité structurelle que, pour des raisons tant morales qu'économiques, il convient de combattre à travers le développement de la protection sociale.
Ainsi deux logiques systémiques ont été dégagées en Europe. L'une tournée vers l'assurance, que le dictionnaire Littré définit comme « l'acte par lequel un assureur s'engage à payer, à celui qui perd l'objet assuré, une somme fixée dans cet acte », qui trouve ses sources en Allemagne selon les préceptes bismarckiens. L'autre fondée sur la solidarité, que le même dictionnaire entend comme « une responsabilité mutuelle qui s'établit entre deux ou plusieurs personnes », s'est développée plus tardivement au Royaume-Uni à la suite des travaux de Lord Beveridge. Longtemps séparées, les évolutions contemporaines montrent que ces deux notions tendent à battre en brèche leur autonomie originelle, allant jusqu'à fonder des systèmes hybrides, notamment en France.
[...] En effet, l'aspect contributif permet la redistribution de prestations d'un niveau globalement plus élevé que dans les pays ayant mis en place un système reposant sur la solidarité. Par ailleurs, les prestations n'étant en principe servies qu'aux seules personnes ayant cotisé du fait de leur activité professionnelle, le principe assurantiel a un effet incitatif sur le travail. Il nécessite toutefois des mécanismes de solidarité pour ne pas être totalement générateur d'inégalités. Le principe de solidarité, s'il est subsidiaire, est ancien puisqu'inclus dans la notion de fraternité de la devise française. [...]
[...] Longtemps séparées, les évolutions contemporaines montrent que ces deux notions tendent à battre en brèche leur autonomie originelle, allant jusqu'à fonder des systèmes hybrides, notamment en France. Dès lors, la complémentarité entre assurance et solidarité est-elle le vecteur d'une meilleure efficacité de la protection sociale en France ? Si l'imbrication de l'assurance et de la solidarité doit être perçue comme un système efficace bien que perfectible, c'est au prix d'une complexité excessive qui pourrait justifier une reconstruction globale de la structure. [...]
[...] En effet, le renversement du ratio actuel renforcerait l'efficacité systémique globale en ce qu'il y aurait adéquation entre la finalité universaliste non assumée et la structure mise en place pour l'atteindre. Tous ces points se conjuguent donc pour montrer que si le système de protection social français actuel liant assurance et solidarité est efficace bien que perfectible, une profonde reconstruction semble s'imposer à lui tant du fait des nouveaux enjeux sociétaux que des objectifs avoués ou non que se donnent les décideurs publics. Cette nécessité se fait chaque jour plus grand à mesure que les questions de financement de la protection sociale se posent en des termes toujours plus pressants. [...]
[...] Une nécessaire reconstruction du système français de protection sociale dans le sens de la rationalisation afin de mettre ce dernier en concordance avec l'objectif d'universalité qui lui incombe La reconstruction du système français impliquerait de repenser le concept de solidarité. En effet, la solidarité lie les individus et est génératrice de cohésion sociale. Or la tendance actuelle est davantage tournée vers le ressentiment puisque la personne qui en bénéfice est considérée par les non-bénéficiaires comme privilégiées Ce constat hautement simpliste est fondé sur l'observation selon laquelle les personnes qui entrent dans la solidarité, donc dans l'assistance, n'en ressortent que rarement. [...]
[...] La conjugaison de ces deux notions est donc efficace et permet à la France d'assurer une protection sociale de niveau satisfaisant à sa population. Toutefois, ce constat ne doit pas occulter certaines marges de progression. Un système perfectible notamment au travers d'une meilleure prise en considération des nouvelles normes sociétales et de leurs enjeux Un système de protection social n'est efficace que dans la mesure où il répond aux enjeux de son temps. A cet égard le système français accuse certaines critiques dont les principales sont liées à son inadéquation face à la société contemporaine. [...]
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